Le vieil homme et la tondeuse à gazon
Le vrombissement du moteur, le vieil homme assis sur sa tondeuse tondait son gazon
Ce jour était un jour ordinaire. Des gestes précis faits avec plus ou moins de conviction libèrent d’autres contraintes. Dans ma voiture la distance s’amenuisait et m’amenait à mon point de chute. Je guettai rapidement la place libre en bordure du trottoir
Je me trouvais en face de la maison mystérieuse qui me fascinait m’attirait. Autour des maisons avec enclos et garages. Mélangeant le trottoir et l’enclos je me repris à trois fois pour réussir ma manœuvre.
Un inhabituel décor bruyant se profilait devant moi. Inquiète, d’un geste brusque j’ouvris la portière. Je n’en crus mes yeux. Soupçonneuse, une contraction au fond de la gorge, j’allongeai le cou pour mieux voir « je le fais souvent devant l’ordinateur » si je suis impliquée dans une situation, naturellement mon cou s’allonge.
Dans un laps de temps court je vécus une catastrophe. De nouveaux habitants ! Du bruit ! Du mouvement ! La maison aurait-elle été vendue ? Je ferme doucement la portière voulant passer inaperçue. Appuyée contre la voiture, sidérée, j’allonge mon cou. La maison était habitée par un vieil homme, c’était évident. J’écarquille les yeux pour mieux voir. La tondeuse avait la forme d’un cube massif, bruyant.
J’aime le silence qui habite cette maison.
Le vieil homme sur sa tondeuse discordait avec les lieux. Je regardai l’émouvant tableau, fascinée. L’homme était noueux, coriace, obstiné, entêté, hargneux, je vis en lui tant de dureté, tant d’opiniâtreté à vouloir conduire sa machine, alors, je regardai la maison en m’interrogeant sur ses ancêtres ! Etaient- ils farouches comme lui ?
Avec précision il joignait les bords. Nul doute que sa préoccupation première était de tondre car il ne me voyait pas, j’eus toute liberté de le voir. La machine et lui étaient imbriqués a un tel degré que la ferraille se confondait en lui.
Remettant mon cou en place, je fis quelques pas sur le trottoir. Je regardai la maison, songeuse et, je me demandai pourquoi tant de dureté, tant de hargne ! Je vis les rideaux à l’ancienne, des rideaux plaqués contre la vitre terminés en pointe laissant un espace pour voir et je l’imaginai derrière, soupçonneux, malheureux. .
Le gazon tendre et frais : le vieil homme sur sa tondeuse tondait son gazon. .
Liliane Boyrie 2009-10-24.