Après une courte hésitation elle se dirige vers la grille
La porte s’entrebâille, s’ouvre
La haute silhouette apparaît
Elle est en avance. Appuyée contre sa voiture, après une courte hésitation elle se dirige vers la porte de la grille. A peine a-elle mis le barreau dans sa main la porte s’entrebâille la haute silhouette apparaît. D’une allure chaloupée, dégingandée d’un signe de main il lui montre qu’il vient.
Bien que l’évènement a une petite dimension, banale en définitive, courante ! Le vieil homme est obsédé par la dame de la twingo. Il tape machinalement par deux fois sa poitrine, s’assoit désespéré. La dame lui est étrangère. Face aux cyclones femelles qu’il a connu dans tous les ports au delà des mers lointaines ! Elle lui est étrangère. L’homme est aspiré par une vague géante, la dame de la twingo. Ses sommeils sont perturbés : c’est un mélange de filles sulfureuses, de twingos, de pinasses et de dame de twingo. Dans son sommeil il vit tous les délices imaginables avec la dame de la twingo : je n’ose pas les nommer, je n’en dirai pas plus : seulement un peu d’imagination …
La dame de la twingo est une énigme !
Un barreau dans la main face à face ils n’ont rien à apprendre, ils savent tout ! Différemment ! De banals mots s’échangent, toujours les mêmes ! : Des mots qui ne veulent rien dire, sans valeur, sans originalité, un lien qui les unit, vieux comme le monde !
La dame de la twingo tente de comprendre cet homme. Riche de tout son savoir, car, afin d’acquérir la sagesse suprême elle a tout appris : de hautes études philosophiques ! Entre autres la méditation transcendantale ! Des études sur le conscient ! L’inconscient ! Le subconscient ! Etude sur la psychologie ! Sur l’intériorité ! La profondeur des âmes…! Magré tout son savoir.
L’homme est un grand inconnu.
Cet athlète farouche au visage ridé, aux yeux enfoncés, au nez busqué, aux lèvres fines cruelles est une nouveauté impressionnante pour la dame. .
Votre pelouse est belle
Votre tondeuse
Surprise par ses propres mots elle bégaie quelques mots inintelligibles accompagnés d’un geste vague !
Elle recule s’appuie contre sa voiture pour le voir dans son entier :
Dans une entente tacite, naturellement ils s’installent tous les mercredis devant la grille pour échanger quelques mots. L’homme lui plait. Il lui plait car il lui donne accès à ce qu’elle aime avant tout, imaginer, créer, bâtir, inventer un monde nouveau, imaginer sa propre histoire, il lui plait car il lui permet de rêver, il lui plait infiniment, passionnément.
Elle va de la grille à sa twingo, puis reprend sa pose. .
Prise d’un fou rire : vous étiez si comique sur votre tondeuse à gazon
Elle s’approche de lui, met sa main sur la sienne, lève la tête…
Liliane Boyrie 2009-12-05.