Entourée de ses livres sur la Sagesse elle dort
Elle est dans les bras du vieil homme
Un brouillard : elle se réveille en sursaut
Assise sur une chaise la dame est d’humeur paisible. Les bras croisés sur la table, entourée des livres sur la Sagesse, laisse aller sa tête, dort. Elle rêve qu’elle est dans les bras du vieil homme puis un brouillard épais la réveille en sursaut. Elle tâte ses livres pour se rassurer, se passe de l’eau sur son visage, se réveille, puis remet ses livres sur la Sagesse à leur place.
Dans sa twingo elle retrouve la joie de vivre. La clef de contacte, un petit air fredonné, elle appuie avec insistance sur l’accélérateur : C’est ainsi, chaque fois qu’elle va à la maison et son locataire.
Elle est amoureuse du vieil homme alias le vieil homme assis sur sa tondeuse à gazon. Elle doit le voir encore et encore !
L’homme aux mille histoires supporte difficilement les agissements de cette drôle de personne.
Elle lui plait.
Il ne sait pas en définir quelle en est la raison ! C’est sans équivalence avec son vécu ! Il tape par deux fois sa poitrine, puis se dirige vers la fenêtre, s’assoit, attend la dame de la twingo.
Bien qu’il ait autour de lui quelques trophées lui rappelant ses épopées, bien qu’il soit entouré d’appareils de navigation : longues-vues, lunettes, cordes de toutes tailles de toutes grosseurs,, canons, lui rappelant les gaillards intrépides durs, ses matelots aux muscles saillants, obéissant aux ordres, se démenant ! S’échinant ! S’éreintant ! Isolé, abandonné, oublié, il tâte la poignée de la porte, l’ouvre la ferme plusieurs fois, soupire puis reprend sa position devant la fenêtre. Devant la dame il perd contenance, se trouve bête, ridicule, maladroit.
Les mots…! Les mots qu’il voudrait dire…! Il ne sait pas !
On l’a enseigné à combattre ! A agir ! Lorsqu’il était capitaine au long cours, il démêlait les situations les plus compliquées ! Pourtant là, devant la dame de la twingo il est un petit enfant.
Assis sur sa chaise il regarde ses mains, se tord les mains, si solides, et si caressantes lorsque c’était… ! Il regarde ses mains qu’il glisse sur ses cuisses, et, dans un juron qui fait trembler les murs il tape ses cuisses, lance un autre juron : c’est l’heure de la dame de la twingo.
Entrez madame !
Une autre fois !
Votre twingo est belle
Oui.
Vous la nettoyez toujours ?
Vous voyez ?
Excusez.
La dame presse la main du vieil homme, la presse encore, la glisse sur son bras
A la prochaine !
Liliane Boyrie 2009-12-14