Elle écrit à sa mère connaissant le bonheur qu’elle a de lire une lettre de sa fille.
- Tu comprends Marie, une lettre je peux la lire, la relire…
Marie aime écrire, mais pudique elle ne se laisse pas aller : le stylo en suspend elle regarde Théo.
- J’écris à maman. Puis retrouvant sa lettre elle gratouille quelques mots lui envoie mille bisous, ne t’inquiète pas nous allons bien, ne t’en fais surtout pas pour nous c’est bon. Elle insiste : surtout sois rassurée tout va bien Maman à bientôt.
Aujourd’hui jeudi. : Marie tracassée par cette jeune femme qu’elle rencontre chaque vendredi dans la grande surface voudrait trouver un moyen de s’en libérer.
- Théo si nous allions faire nos courses ?
- Mais c’est jeudi !
- Eh, alors !
- Mais pourquoi ?
- J’ai envie.
- D’accord, puisque tu y tiens.
Elle a choisi ce jour spontanément elle éprouve un soulagement, un sentiment de liberté. Soulagée de ne pas voir cette personne, cette audacieuse qui la trouble et qu’elle voit régulièrement tous les vendredis dans la grande surface, amusée de lui jouer un tour, une farce, elle se prépare gaiement. Elle va essayer de l’oublier, de se libérer. Théo est là, solide, aimant. Ne pas être demain vendredi à ce rendez-vous est d’une audace qu’elle ne soupçonnait pas. Leur départ est précipité, nerveux, leurs mains si précises d’habitude sont maladroites. Les objets tombent, il faut chercher les clefs, le foulard. Ils ne se font pas de reproches, seulement surpris par cette situation inhabituelle, nerveux ils tournent, s’agitent.. Si timides au point d’éviter le regard des autres ce changement inhabituel de leur vie les perturbent. Aller aujourd’hui jeudi faire les achats dans la grande surface ! Marie est émue, crispée. Ce contacte avec cette personne la tourmente elle voudrait ne plus la voir
Marie et Théo vont faire leurs courses dans la grande surface aujourd’hui jeudi.
Visages tendus ils achètent, se faufilent discrètement autour des rayons se jettent des regards malheureux. Ils paraissent si préoccupés que l’on ne sait pas lequel suit l’autre tant ils se ressemblent. Préoccupés ils marchent mécaniquement. Cette décision hardie ne leur ressemble guère elle leur montre comme ils sont fragiles, comme ils sont atteints par cette rencontre avec cette personne. Maintenant il doivent en convenir elle est entrée dans leur vie, comme… une amie... plus peut-être… elle est leur vie leur goût de vivre. Devant cette situation nouvelle ils sont comme deux orphelins, tout leur paraît terne, triste, sans intérêt. Avec de profonds soupirs qui démontrent bien leur profonde tristesse, chacun est isolé dans ses propres pensées.
La pluie continue martèle la voiture, l’essuie-glace fonctionne à fond, les formes s’estompent sous les rafales de pluie mêlées au vent. Marie assise à coté de Théo prend son mouchoir fait semblant de se moucher pour cacher une larme. Dans leur appartement sans un mot ils rangent les denrées. Décontenencé Théo les bras ballants fait la constatation navrante qu’il manque la moitié des choses. Marie est désemparée en mettant les denrées dans le frigidaire. La mauvaise humeur s’installe. Comment peut on être si peu attentif ! C’est presque insoutenable, une vraie tragédie pour Théo. Les larmes aux yeux, assise par terre Marie est inerte. C’est un drame dont Théo est acteur et témoin à la fois. Enfin il décide de l’aider.
- Eh bien, nous irons demain dit Théo, ce n’est pas gênant ! Tu fais un drame de tout, écris ce qui manque ! J’irai. L’espace d’un éclair elle a vu ses yeux rire.
- Je veux y aller aussi, je veux t’accompagner. J’ai tant de plaisir d’être avec toi Théo. Je suis si bien avec toi dans ces endroits là, si tu savais comme dans la grande surface je me sens tendrement aimée par toi. Théo est ému : c’est un tendre : il aime Marie et ne veut pas la contrarier.
- D’accord.
Il y a dans la vie des moments riches en émotions ; en cet instant Théo et Marie le perçoivent confusément. Marie à la cuisine chauffe sa pizza, Théo navigue dans internet. Le martèlement de la pluie sur la rambarde de la vitre, régulier, monotone, brise le silence.
Sale temps fait remarquer Théo tout en soupirant se dirige vers la fenêtre. Je suis fatigué, pas toi ?
- Un peu.
- Tu as des nouvelles de tes parents ?
- Je les appelle.
Les pas nerveux de Marie heurtent le sol de petits coups secs, le temps passe : amollis par le bruit de la pluie, nonchalants ils doivent faire des efforts pour reprendre pied. Marie s’installe devant la télévision avec sa pizza. Théo devant son ordinateur grogne quelques mots incompréhensibles. Il arrive que les soirées sont lourdes, les murs se rapprochent, les oppriment, la respiration est plus difficile, alors, il faut ouvrir la fenêtre pour respirer à fond.
- Et, si nous allions chez Maman, demain ?
Théo installé devant son ordinateur, les mains en suspends n’arrive pas à réaliser. Il fait pivoter son siège regarde Marie, abasourdi. Bonne pâte il se plie à ses désirs : chaque fois l’effet de surprise le laisse pantois. Il ne comprend plus Marie, elle, si paisible, si tranquille n’arrête pas de lui créer des surprises en ce moment, pire, des situations qu’il doit assumer tant bien que mal.
- Tu rêves ! Nous en venons il y a à peine quinze jours, et puis demain c’est demain ! Théo s’approche d’elle perplexe en se grattant la poitrine, s’installe dans le fauteuil en face d’elle, attend.
- J’aimerais partir demain, Théo.
Théo rassemble ses pensées avec peine. Depuis quelque temps devant les idées incongrues de Marie il est dépassé. Il ne reconnaît plus Marie, sa Marie si paisible.
- Et pourquoi demain ?
- Je languis de mes parents.
- C’est loin… tu imagines toute cette route, encore !
- J’ai tellement envie de partir, si tu savais.
- O.K. C’est entendu nous partons demain.
- Théo ? Je téléphone à maman : je peux lui annoncer notre arrivée pour demain ? En ce moment ce sont les vacances de ma petite cousine.
- Tu fais comme tu veux.
Madame Etienne, Monsieur Etienne et leurs enfants, Marie et Thomas mènent la vie de tout un chacun. Monsieur : chauffeur routier est absent les trois quart du temps. Madame dut laisser son travail pour élever ses enfants. En cette chaude journée de juin où le soir les cigales font entendre leur chant strident, Madame Etienne profite de cette calme après midi pour se reposer, lire son hebdomadaire : car les enfants de retour de l’école vont la réclamer, l’occuper.
Les années ont passé, les enfants sont devenus des adolescents. Madame Etienne a repris son métier qu’elle affectionne : fleuriste. Elle travaille dans une jardinerie non loin de chez elle. Monsieur Etienne dans ses moments libres s’occupe de remettre de l’ordre dans l’esprit d’indépendance des enfants. Puis Marie et Thomas sont devenus de beaux jeunes gens.
Assises à la terrasse d’un café devant le port de Marseille en dégustant leur jus fruit, Marie et son amie Nicole profitent de cette belle après midi. Elles jettent des coups d’œil vers les garçons, pouffent de rire en se cachant derrière leurs mains.
- Puis je m’asseoir à votre table s’il vous plait ? S’informe poliment un jeune homme à peine sorti de l’adolescence. Arcades sourcilières levées, Nicole après l’avoir observé un moment opine de la tête, d’un signe de main elle lui montre la chaise. Gênées, et curieuses à la fois elles le regardent interrogatives. Après les échanges de politesse Marie enhardie par son amie se hasarde à lui poser une question.
- Tu es seul à Marseille ?
- Non, je suis avec un groupe d’étudiants.
Nicole plus hardie le jauge : elle aimerait bien sortir avec lui. Elle tente le coup.
- Si tu veux nous pourrons te servir de guide, nous connaissons bien Marseille et ses environs.
- Vous êtes extrêmement aimables, mais je suis avec un groupe. Si vous voulez mon numéro de téléphone…
- Oui, nous vous promettons de t’appeler.
Tenez. Après s’être échangés leurs numéros de portable ils se sont quittés en se jurant de s’appeler bientôt.
Cette rencontre fortuite fut le déclencheur qui a réuni Marie et Théo.
Adeline est une belle adolescente, joyeuse, folâtre, elle les attend toujours avec impatience, c’est un vrai petit diable, un boute-en-train, un tourbillon de vie, son exubérance est génératrice d’énergie. Pétulante, remuante, elle préfère s’amuser plutôt qu’étudier, ce qui lui vaut un carnet de notes déplorables. Elle plaît énormément avec son sourire hardi dont elle sait profiter. Sa maman lui choisit toujours des robes aux couleurs vives qui lui vont à ravir. Quelques taches de rousseurs par ci par là sur son visage, un petit nez retroussé juste au bout lui donnent un air mutin. Théo et Marie aiment aller à Marseille. D’habitude lorsqu’ils décident ce voyage ils en parlent à l’avance, c’est un sujet de discutions qu’ils aiment : une aventure !
Aujourd’hui, sans préambule Marie annonce qu’elle veut aller à Marseille voir ses parents !
- Je meurs d’envie d’être à demain Théo. Nos courses sont faites ! C’est bon. Théo regarde si tu à bien mis ce qu’il faut dans ton sac, remue toi un peu.
- C’est bien loin pour si peu de temps…
- Nous partons vendredi, et nous revenons dimanche : c’est ce que nous faisons d’habitude !
- Je te l’accorde, mais il n’y a pas longtemps que nous y sommes allés, tu n’es pas fatiguée ?
- Ca va. .
- Théo, arrête la conduite principale du gaz, jette un coup d’œil aux fenêtres, les clefs ! Bon. Allez dépêche toi, grouille un peu. Comme des machines bien huilées Théo et Marie ont tout préparé en un clin d’œil.
J’ai hâte d’y être. J’ai téléphoné à maman que nous arrivons ce soir : elle est restée muette de surprise et d’inquiétude aussi : elle avait peur que nous ayons des problèmes : elle jubile évidemment Après avoir bien éteints le gaz, bien fermés la porte, un sac dans chaque main, Théo et Marie, partent pour Marseille.
Les petits villages avec leurs clochers, les prairies, les coteaux, les vastes étendues qui s’étirent jusqu’à l’horizon défilent devant leurs yeux Dans la voiture, Marie le regard perdu est prise d’une douce léthargie De temps en temps elle jette un coup d’œil sur le paysage qui défile à une allure régulière. Théo conduit bien, il est respectueux du règlement, Marie peut lui faire confiance. Ses yeux cillent, le bruit régulier du moteur l’endort : elle se laisse aller. Le relais se fait plusieurs fois dans le voyage : lorsque Théo est fatigué, il cède le volant à Marie : ils se font confiance.
- ça va Théo ? Je peux dormir ? Elle s’installe commodément sans attendre la réponse : elle n’a pas pu résister au ronronnement du moteur.
C’est une coquette maison entourée de fleurs, d’arbustes, d’un gazon bien entretenu : on aime s’y retrouver en famille. Elle a un aspect agréable, ses boiseries bleu pastel donnent envie de connaître les hôtes tant elles sont soignées, délicates. La maison juchée en haut d’une colline est pour le passant la maison où l’on aimerait vivre. Un magnolia étire son ombre bienfaisante, joue avec les couleurs, tantôt bleues, mauves, claires, foncées. Des parterres avec des fleurs aux couleurs variées, au parfum délicat entourent la maison, Marie et Théo accélèrent le pas : encore quelques marches à monter... Maman et Adeline les ont aperçus, elles accourent vers eux avec des exclamations de joie et des gestes de tendresse. Marie ne peut détacher de ses yeux sa chère Adeline. Seulement un an a suffi : dans un souffle elle lui dit:
- Tu es belle !
Théo n’ose pas la prendre dans ses bras ;
Elle l’attrape.
- Tendre idiot ! Lui flanque quatre grosses bises.
- Maman ? : Thomas n’est pas là ?
- Ton frère passe le week-end chez son ami. Il viendra faire un saut à la maison. Aujourd’hui il y a Amélie la copine d’Adeline, tu la connais ?
- Oui.
Dans la maison règne un silence inhabituel. Par la fenêtre entrouverte une odeur entêtante de magnolia engourdit les cerveaux ; l’air lourd, chaud et pesant annihile les forces. Ne voulant pas troubler l’atmosphère d’un commun accord ils baissent le ton, leurs voix sont plus feutrées. Un charme envoûtant paralyse les cerveaux. Maman silencieuse regarde, elle si volubile d’habitude se met à l’unisson. Le temps tourne au ralenti. « Qui est donc ! Qu’est-ce donc ? troublent à ce point... Les mots sont dépassés…les respirations sont ralenties, les regards soutenus devant Adeline »
- Qu’avez-vous à me regarder ainsi ? Allez on part. Comme un cheval fougueux ils retrouvent leurs voix qui raisonnent gaiement autour de la table. Tous sont rayonnants de santé : encore quelques petites histoires… puis ensemble ils se lèvent avec l’envie folle de bouger :
Marie est pleine d’enthousiasme.
- Allez, on y va ?
- Où ?
- Eh bien ! Aux calanques, tous ! .
. Elle ne tient pas en place, accroche Théo par le bras, attrape Adeline au passage. Maman viens ! J’ai tellement hâte d’y être. Allez…Allez… Ah ! Le bon air des calanques, je le respire déjà : Théo… Maman… Adeline… Dépêchez vous ! Maman viens nous allons chercher des coquillages. Tout le monde est prêt ? (Maman fait de très bonnes omelettes aux coquillages, aux rascasses) J’ai une envie folle de voir la mer. : » Marie rêve de voir la mer le soir au coucher du soleil ». Vite… vite… dépêchez- vous, elle se remue se trémousse dans tous les sens pour activer les autres, Marie retrouve sa bonne humeur. Théo, fatigué par la route se rassoit, voûté, inquiet de voir Marie si énervée : elle d’habitude si calme, si paisible : ce départ précipité… Beaucoup de choses…il ne comprend pas.
- Théo enfin, qu’est-ce que tu fais, là, assis : si tu te secouais un peu.
- Maman laisse la cuisine allez, viens… viens… !
- Après tout, tu as raison. Je viens.
- Conquis par l’enthousiasme de Marie ils s’équipent en vitesse, chaussent leurs pieds dans de bonnes chaussures : seul Théo montre une lassitude. Assis sur le banc accoté contre la maison, soucieux il observe Marie.
Au pas de course ils vont vers les voitures.
Maman est au paradis : son mari chauffeur routier est souvent absent. Elle vit sa liberté comme une gamine avec ses enfants : son souhait serait de voir Marie et Théo plus souvent, mais c’est aller au delà de ses espérances, aussi lorsqu’ils viennent les fenêtres s’ouvrent en grand. Les jours ne sont pas assez longs pour tout ce qu’ils veulent faire. Aujourd’hui Maman mijote ses meilleurs petits plats aidée par Marie. Théo fait son jogging, Adeline se trémousse par ci, par là, avec son amie Amélie. Elles apparaissent de temps en temps, juste le temps de voir leur jolies petites robes multicolores. On entend seulement le crissement du tissu, le bruit léger de leurs petits pieds : elles tourbillonnent dans tous les sens. Leurs voix juvéniles résonnent dans la maison.
Adeline entraîne sa copine avec elle
- Viens écouter mon dernier C.D, elle l’entraîne dans sa chambre grimpe les marches quatre à quatre ayant hâte de lui raconter ses histoires. Dans la maison le calme est enfin revenu. …
- Tu es amoureuse de Thomas ?
- Oui, mais il est si lointain…
. - Tu connais Paul ?
- Non.
- Si tu savais ce qu’il me plait ! Mes parents, ma tante, me surveillent comme le lait sur le feu.
- Tu lui plais ?
- Il me regarde à peine.
- Tu crois qu’il est libre ?
- Je pense qu’il est timide : je devrais peut-être faire les premiers pas... !
- Tu devrais t’intéresser à ce qu’il fait, l’inviter chez toi, essaie, tu verras bien…
- J’hésite, j’ai peur qu’il refuse.
- Essaie.
Dans sa balade dans le quartier Marie s’immobilise devant l’enclos de madame Freynel
- Hou ! Hou !
Marie ! Que je suis heureuse de te voir ! Attends s’il te plait je vais me laver les mains : sûr que tu es belle !
- Vous êtes gentille madame Freynel : c’est toujours magnifique chez vous.
- J’essaie de faire du mieux que je peux : à mon age c’est dur tu sais ; je vais devoir me faire aider. Toi tu es si jeune ! Tu as tant de choses à faire….
- Nous sommes là pour deux jours seulement, nous repartons demain.
- Ta maman doit être contente. Elle s’ennuie sans toi.
- Nous venons souvent. Eh bien ! Madame Freynel au revoir, à une autre fois.
Assis sur un banc Théo la tête dans les mains n’entend pas les pas feutrés de Marie, qui, immobile devant lui le contemple. Soudain prise d’une bouffée d’anxiété elle murmure : Dieu je l’aime, je l’aime éperdument!
Un éternuement malencontreux fait lever la tête de Théo.
- Je crois bien que je dormais : qu’est-ce que tu fais ?
- Je te regardais. Je viens de faire un tour dans le quartier, j’ai vu madame Freynel qui jardinait. J’ai croisé personne le quartier est désert. Puis je suis allée voir les oliviers et comme je passais devant la maison de Claudine j’ai sonné : elle n’était pas là.
- Viens ! Théo la prend par la main, l’entraîne. Ils sont fous tous les deux, ils courent dans le vent jusqu’à épuisement, s’enlacent, rient aux éclats.
Devant son bureau, la tête dans son bras replié Christie voit l’avenir sous de sombres auspices. Se sentant abandonnée par son couple elle est égarée. Mille soupçons l’envahissent. Ils se sont moqués d’elle tous les deux. Dotée d’une imagination féconde elle invente mille scénarios invraisemblables. Elle n’arrive pas à croire qu’elle ne les reverra plus. Son portable dans sa main elle cherche qui appeler pour trouver du réconfort, découragée le pose. Après avoir souffert le martyre, avec sa bonne nature elle se secoue pour enlever les frissons qui la paralysent, se réjouit à la pensée de retrouver son couple caisse 16 vendredi prochain. Avec une énergie neuve elle s’habille en toute hâte pour faire son jogging.
Une odeur d’épices, de petites galettes, les rires d’Adeline, d’Amélie accueillent Théo et Marie. Rayonnants de bonheur, épuisés s’affalent sur les sièges. Une fatigue bienfaisante les engourdit. Sur le pas de la porte en tenue de sport Thomas immobile, amusé de la surprise qu’il provoque s’avance vers sa sœur. Marie lui tend sa joue émue devant ce beau garçon.
- Ca va Thomas ? Que tu es grand : chaque fois il la surprend.
- Ca va.
- Maman, quand revient papa.
- Dans huit jours En ce moment il est en Roumanie : téléphone à son portable tu verras bien il sera content.
- Ca marche, si loin ?
- Tu verras bien ...
Maman a mis sa robe de fête aujourd’hui. Elle parait si jeune au milieux de ses enfants qu’on la prendrait pour leur grande sœur. Ils s’occupent tous avec passion afin de l’aider. Marie se charge de mettre la table, Théo cherche à se rendre utile, Adeline veut aider tout le monde, Amélie balai en main fait des yeux langoureux, roucoule devant Thomas qui lui jette des regards amoureux.
- Et, si on ajoutait un couvert.
- Pour qui Maman ?
- Pour Madame Freynel
- Vas la chercher, elle est seule ça lui fera plaisir.
- J’y vais
- Non, c’est moi.
- C’est moi.
- Ne vous disputez pas : tu y vas Adeline.
Adeline ne désire que ça, quelques pirouettes et d’un bond la voilà partie. Tout le monde participe à la fête : surexcités par cette invitation ils veulent que tout soit parfait. Gratifiés par le sourire de madame Freynel ils entonnent ensemble une chanson de bienvenue.
Ces réunions sont des moments merveilleux qui transportent maman au paradis. Le papotage avec madame Fresnel sur les dernières nouvelles du quartier engourdit Marie et Théo, fatigués leurs yeux papillotent. Amélie ne voit que Thomas, Adeline taquine un peu tout le monde : cet instant est précieux pour maman. Les heures passent vite, minuit sonne.
- Thomas tu devrais ramener madame Freynel chez elle.
- je ne sais comment vous remercier, vous êtes tellement gentils. Au revoir mes amis.
Marie muette regarde Théo conduire. Théo visage hermétique s’applique à bien conduire. Les kilomètres défilent régulièrement, Marie la tête appuyée contre l’appui tête n’a pas envie de parler elle jette de temps en temps des regards à Théo, maussade, mécontente elle pense aux jours qui vont lui paraître interminablement longs avant d’aller dans la grande surface, avant de revoir la jeune femme.. Elle avait cru pouvoir effacer de sa mémoire cette personne. Son retour sur Paris la tourmente, son esprit est encore plus préoccupé. L’attente de ce moment lui paraît en ce moment insoutenable.
- Théo, j’aimerais conduire.
- Attends, encore quelques kilomètres.
Rompant le silence : nous étions bien n’est-ce pas chez Maman.
- Quelle question Marie, tu en doutes ?
- Thomas est un beau jeune homme maintenant.
- C’est vrai : Théo attentif au virage qui arrive, répète : c’est vrai.
La route sinueuse requiert toute l’attention de Théo. Théo lève le pied de l’accélérateur pour éviter le coup de frein
- Tu t’arrêtes à la prochaine station.
- Oui.
Marie au volant ne pense plus, attentive elle conduit.
CHAPITRE 7