Marie posait et je la transformais,j'étais partie dans une autre Marie elle m'avait inspiré, j'étais si loin d'elle que Marie s'en étonnait. Elle était à l'opposé de ce que je faisais, la couleur jaune, rouge , même les mouvements je les transformais, Marie d'une docilité merveilleuse se prétait de bonnes grâces à mes extravagances, seulement timidement elle me faisait remarquer. J'ai eu beaucoup de difficulté à peindre les nus qu'elle a bien voulu poser. Je n'arrivais pas à la saisir, son corps parfait, mince, son manque de professionnalisme, mon manque d'expérience, pour moi, rien n'allait, je me lamentais auprès des miens. Elle manquait de sensualité. Lorsque j'allais dans un magasin avec ma nièce, tourmentée par mon incapacité à peindre Marie, je regardais autour et je ne manquais pas d'expliquer à ma nièce la belle sensualité d'un corps de jeune fille qui était devant nous ,voilà ce qui manque à Marie ! De sa froideur Marie était consciente, Comme avec les fusains j'étais creuse et désespérée, j'eu l'idée de prendre les couleurs. Je fis mes essais avec le pastel, là, je captais mieux Marie;Je réussis enfin à lui trouver des poses, à faire parler son corps. J'ai travaillé avec Marie, j'ai fait des nus, des portraits, des gouaches, des pastels, de la peinture à l'huile. Elle a beaucoup compté dans mon travail de peintre, c'est avec le recul que je le vois. Nous travaillions ensemble avec la même énergie, le même courage, le même désir d'arriver, la même envie de réussite, cette coopération a été extraordinaire, ce désir d'aller le plus loin possible, nous l'avons vécu ensemble.
Liliane Boyrie 23 08 2010