05/05/2011
Ils s’engouffrent dans le taxi.
- Etoile.
Autour le mouvement continue des voitures.
- Comment vous sentez vous ?
- Effarouchée, j’ai perdu la notion de la vraie vie mon enfermement, consentie, m’a enlevé l’envie de me battre, voyez Eloi tout ce monde pressé agité pourrais-je prendre une vie normale un jour, je crains d’être une pauvre fille qui ne sait que se prostituer .
- Ne dites pas ce mot il me blesse, il n’est pas normal dans votre bouche j’ai une peine infinie de l’imaginer de l’entendre. Jamais il aurait cru vivre cette souffrance avec Délice : il lui caresse doucement la main donne un ordre au chauffeur : Bastille.
Moins de lumières moins d’éclat pour ne pas blesser la sensibilité de Délice. Nous allons visiter le Marais, vous verrez des boutiques je vous suivrai dans vos désirs.
Une, deux rues ils s’arrêtent devant une vitrine.
- Regardez cette vitrine tout est fait pour vous séduire n’est-ce pas ? Tenez cette robe je suis sûr qu’elle vous irait bien, elle vous plait ?
- Monsieur, je vois toute cette vie qui éclate autour, vous êtes si présent que j’en ai les larmes aux yeux c’est un miracle.
- Tenez ce restaurant là entre…
- Oui je le vois
- Il vous plait ?
- Oui.
Ils s’installent accueillis comme il se doit avec courtoisie : le patron un magrébin sans précipitation s’approche un teint basané un accent de la bas…Un restaurant ordinaire ce qu’il faut pour manger pour boire un café, propre, pas de perte de place tout est organisé pour mettre le plus de tables Eloi a pisté une table éclairée pour voir et admirer Délice. La clientèle n’est pas encore là.
Ils se voient différemment la belle allure de Délice prend un autre relief il entrevoit l’amante il est troublé il est fou de désirs pour ce beau corps.
- Excusez moi Délice je sors fumer un instant.
Dans ce cadre modeste Délice prend un autre éclat, plus simple, la petite robe, les superbes cheveux encadrent le beau visage Délice a un aspect irréel sa beauté est transcendée, ailleurs... Eloi est émerveillé il la désire une peur atroce de se perdre dans ses bras le torture et ce grand intellectuel qui gagnait dans ses amours est en train de tomber amoureux ; il voudrait gérer cet amour qu’il ne comprend pas, ses mouvements malheureux, ce gagnant trouve un barrage avec Délice. Il s’appuie contre la paroi ; en fumant sa cigarette sourcils froncés il l’observe, l’aime, il l’aime comme il n’a jamais aimé, il l’aime sans comprendre sans analyser il l’aime prêt à tout sacrifier à s’éloigner d’elle s’il le faut cette idée lui est insupportable il reprend sa place précipitamment prend les mains de Délice, il va dire le mot le mot fatal une force lointaine l’en empêche il baisse la tête.
- Monsieur Eloi vous vous ennuyez avec moi je suis navrée de ne rien vous apporter seulement cette pauvre fille que vous voyez ; j’ai mis ma jolie robe, j’ai pris mes plus beaux souliers je me suis appliquée à bien me coiffer pour vous, je suis profondément triste de ne pas vous distraire de vos soucis.
- Délice ce n’est pas mon désir nous sommes ensemble ça ne vous satisfait pas ?
- Vous paraissez si triste si préoccupé, j’ai la ferme conviction d’un problème que vous gardez pour vous, je serai toute attentionnée Eloi j’ai l’habitude avec mes clients. Si je vous disais qu’ils sont tous de bonne société et pourtant dans leurs confidences ils se ressemblent au point que je les devine avant qu’il aient parlé.
Eloi pris de compassion frissonne serre convulsivement ses mains.
- Monsieur mes mains !
- Pardon Délice. .