10/06/2011
Eloi endormi par les paroles caressantes d’Irène qui tente de l’apaiser, Irène inquiétée par la pâleur de son visage prend sa main pour tenter de le réchauffer, lui susurre des mots ambigus qu’Eloi éperdu, perdu dans sa souffrance reçoit comme un baume bienfaisant. Il tente de parler mais il ne reconnaît pas sa voix : une voix qui vient des tréfonds de son être une voix d’ailleurs d’une humanité de fin du monde, ses yeux perçoivent à peine Irène.
Madame Irène lui dévoile toutes les saveurs de son corps là, sur le divan, Eloi possédé par son double répond passionnément à son désir charnel, le monde bascule sur le divan de la maison de passe de la tenancière madame Irène.
Madame Irène a du talent dans l’art de l’amour, dans les mots dits et redits elle sait jusqu’où elle peut aller quand elle doit s’arrêter : surtout ne pas blesser la sensibilité de son hôte qui est très épris de Délice, elle ne s’y trompe pas Délice est l’unique celle qui passe dans les cœurs qui sombrent, elle est la reine. Elle sait qu’elle ne peut rivaliser avec elle, en a nulle intention.
Le malheureux Eloi est tragiquement tombé amoureux de Délice.
Madame Irène ménage ses clients aux belles particules toutes ses filles en raffolent, c’est un homme encore jeune de belle allure distingué la classe, l’élégance.
Irène la fine sait manoeuvrer ses clients selon leur personnalité c’est avec le talent et le tact qui la caractérise qu’elle dit les mots qu’elle distille comme un baume. Habilement, sournoisement elle a attiré Eloi d’abord dans le boudoir puis sur le divan sans intention de recommencer.
Madame Irène a des caprices mais en femme de tête elle maîtrise ses aventures, ne blesse jamais leurs fantasmes et familièrement tous reviennent dans la maison de passe de madame Irène le cœur léger accueillis par la très gracieuse, la très avenante, la très souriante, la très envoûtante madame Irène forte de sa souveraineté dans sa maison de passe. Et là dans ce boudoir aux mille histoires avec les mots qu’elle doit dire les bons mots le mot qui laisse toute sa chance à Eloi sachant que seule Délice fait battre son cœur.
Eloi le bon marcheur arpente les rues de Paris, s’intéresse aux vitrines encore éclairées, longe la Seine admire les reflets sur l’eau, n’hésite pas à s’allonger goûtant Paris la nuit : son charme, ses mystérieux coins, ses mystères. Il pense à Marguerite à ses garçons puis Délice reprend son cœur. Il sourit de la voir bientôt longe la Seine s’allonge, impuissant, impatient.
Délice, sa Délice ne peut lui échapper. Il va passer sur son amourette avec Georges Eberlué. Heureux, léger, bien dans sa peau il respire avidement l’air : un apaisement de tout son être un bienfait qu’il ne connaissait plus depuis longtemps, il se prit à sourire à la vie, à Délice, à sa mystérieuse beauté puis bien qu’il ait été dans une situation imprévisible à laquelle il ne s’attendait pas qu’il ne cherchait pas il n’en fut pas affecté aussi l’esprit apaisé il pensa à tous les bons moments qui l’attendaient. Il rentra chez lui se dévêtit puis remit à demain les soucis des messages.
La journée est passée à travailler plusieurs heures d’affilées ; Eloi aussi sérieux qu’un pape donne entière satisfaction à la boîte qui l’emploie Il envoie ses ordres par mails. Un ton arrogant vers ses subalternes, de la référence envers ses supérieurs, aimables avec ses amis. Quelques collègues font bonne figure devant sa froideur. La journée de Délice est transcendée, aussi aujourd’hui du soir au matin sous le charme de Délice tous avec Eloi trouvent la paix qui les pousse à un travail enrichissant.
Eloi s’est mis d’accord avec Marguerite d’abréger d’une semaine leurs vacances. Il arrivera samedi soir.
Le téléphone sonne, c’est son ami Jasmin.
- Bonsoir Eloi, tout va pour toi ? – Oui – dis donc si tu es libre ce soir – attends je t’arrête, je regrette ce soir je suis invité à l’anniversaire du second de monsieur Henri de Chantelair : ce sont des gens très charmants très susceptibles, je ne pouvais pas refuser. Allez on remet ça à une autre fois. A ! Tu voulais aller au café branché ! Je suis très tenté d’y retourner Oui ! La petite Virginie, adorable. Bien chao, à bientôt, oui, je n’oublierai pas. Mes salutations à Clémentine.