18/08/2011
Le silence des garçons pousse Eloi à remercier Marguerite de donner une éducation stricte quasiment militaire à David et Candide, il attend l’ordre de remettre tout dans des sacs appropriés, se frotte les mains en direction du taillis qui longe le sentier où il espère trouver dans les herbes sauvages les fraises.
- Je pars avec les garçons par là…
- D’accord, fais attention aux enfants !
- Candide tu lâches mon pantalon !
- Papa ! Papa ! Viens par là !
Eloi souhaite faire plaisir à David, Candide prend la main de son père pour se rassurer.
- Ah ! Et bien en voilà de jolies trognes Candide !
Dans une clairière où seuls quelques arbres semblent abandonnés enflés par des mutilations diverses entourés de chênes, de saules.
- Approchons. David comment tu trouves cet arbre ?
- Il est laid.
- Encore ?
- Grotesque.
- C’est tout !
- Enflé, énorme.
- Ah ! Oui ! Très bien. Mais qu’est-ce que tu as Candide enfin !
Dans des braillements qui raisonnent dans le lointain.
- Je ne veux pas être un trogne ! Et il y va de plus belle. Je ne veux pas être un trogne ! Il manque s’étouffer, hoquette : le copain m’appelle trogne. ! Il est méchant !
Eloi le prend dans ses bras tente de l’apaiser.
- Tu m’écoutes bien Candide ?
- Oui papa il frotte ses yeux qui n’en peuvent plus de pleurer.
- Allez ! On s’assoit sur ce tronc d’arbre ; ne pleure pas il tire son mouchoir de sa poche essuie les pauvres yeux chagrins.
- Qu’est-ce que dit Mamie à son petit garçon quand elle le prend dans ses bras ?
- Elle dit : tu es le plus beau petit garçon du monde.
- Mamie a raison, là, nous sommes dans une clairière, tu vois des arbres Candide, tu connais les chênes ?
- Oui papa de grands arbres avec de grandes branches.
- Bon, ces arbres devant toi ont été étêtés, on leur a coupé la tête, les branches s’en vont dans tous les sens, ils sont courts et gros, tu comprends
- Oui papa, ma tête ne pousse plus !
- Regarde bien cet arbre.
- Oui papa ;
- Arrête de dire oui papa ;
- Oui papa.
Eloi est bien embarrassé, il gratte sa gorge, cherche une explication facile, cherche un secours autour, toussote pense à Délice, à la maison de passe de madame Irène : l’explication ne vient pas. Il retrouve Fraise des Bois, prend Candide près de lui ;
- Tu es le plus charmant petit trognon de la terre Candide. Ton copain t’appelle trogne parce qu’il t’aime bien, c’est un mot amical dans ce cas.
- Je vais me regarder dans la glace voir si je suis une trogne.
- Non Candide. Il faudra que tu demandes une explication plus poussée à ton institutrice. Il y a de jolis petits trognons comme toi et de très vilaines trognes, là, je parle de visages. C’est une comparaison avec l’arbre, tu suis Candide ? Bon il y a de jolis petits trognons comme toi et de très vilaines trognes, c’est suivant ce qu’on veut dire.
- Quand ils sont beaux ?
Le beau visage de Délice dans la maison de passe d’Irène prend l’espace autour de lui.
- Qui va trouver le plus de fraises ? Tu lâches ma main Candide. David ! Va dans ce coin je parie que tu vas en trouver fais attention à tes mains. Les ronces s’entremêlent dans tous les sens au milieu des herbes folles, attention aux mains Candide. Eloi écarte les herbes découvre toute une floraison de jolies petites fraises.
- Candide approche, là, voilà, tu attrapes délicatement la petite fraise tu la tires doucement pour la détacher, regarde où elles se sont nichées. Elles sont très belles, goûte.
- Je la garde pour Mamie.
Ils longent le fourré qui borde le sentier gonflé d’herbes de toutes sortes de ronces anarchiques qui plairaient à un botaniste tant leur variété est grande.
Candide, David, cherchent consciencieusement la petite fraise des bois qu’ils vont amener à Marguerite leur mère, triomphants, ils s’appliquent à trouver la fraise des bois dans les ronces, rouge, succulente. Ce n’est pas sans efforts qu’il la mette dans le petit sachet de Mamie.
Joseph et Marguerite connaissent les coins où elles se cachent.
- Je crois la saison un peu avancée. D’autres sont passés avant nous ! Elles sont rares.
Avec une grande obstination ils en trouvent quelques unes.
- Je suis déçue pour les enfants, j’aurais voulu en trouver plus ! C’est l’heure de se retrouver père.