02/01/12
Chère madame auriez- vous un instant à me donner ?
Madame Irène contient avec difficulté ses émotions.
- Madame dans les maisons closes je fais des recherches sur l’évolution des mœurs de la race humaine depuis les temps lointains jusqu’aux temps modernes. Je lis votre inquiétude ! Hélas ! Pourtant ! Je constate (sous des aspects différents il n’y a pas beaucoup d’évolution) Pourtant, j’ose employer pour classer votre maison de passe parmi les histoires honorables que notre vaste société engendre chaque jour, d’honnête, il y a de l’honneur à bien tenir vos filles, une honorabilité dans la façon de vous en servir, c’est donc un honneur réciproque madame d’être ensemble pour causer entre personnes intelligentes ;
- Monsieur le comte je ne m’attendais pas à tant de compliments, je suis comblée, ma respectable maison que j’ai fondée est la mieux fréquentée de Paris, ma gouvernance est ma fierté, mes pensionnaires sont respectées par les honorables clients. Je suis contrôlée régulièrement, ces demoiselles sont suivies par la médecine, je n’ai rien à me reprocher ; J’ai été enseignée par de vertueux parents à parfaire le travail ; Ici vous êtes dans la maison de passe de la très honorable madame Irène bien connue pour sa rectitude, suivez-moi monsieur le comte de Tourne ainsi parle madame Irène tout en marchant afin d’éviter une perte de temps car elle est bien enseignée sur ces messieurs de passer inaperçus, de chercher la discrétion,
Ce richissime personnage la perturbe, il passe des heures sans bouger dans le harem, différent de la haute noblesse coutumière, il envoie ses raisonnements à l’échec,
Dans le salon particulier un ameublement de bon goût paisible afin de ne pas troubler, détourner les hôtes. Monsieur le comte observe madame Irène, tape quelques petits coups avec sa canne.
- Madame sans vouloir vous offenser votre commerce ne convient pas à mademoiselle Délice, j’ai cru comprendre qu’elle est dans une situation tragique, mon bonheur est immense d’avoir trouvé cette sublime jeune femme ici. A dater de ce jour elle est ma femme spirituelle pour le moment, nul doute elle portera le nom de madame la comtesse de Tourne de la Tournière ; je souhaite qu’elle devienne votre collaboratrice.
- Mais bien entendu monsieur le comte.
- Bien sûr elle doit changer sa tenue, elle pourra satisfaire ses désirs...
Mademoiselle Délice m’a donné son assentiment. Nous allons changer le contrat ; votre prix sera le mien, je demande qu’elle reste près de vous le temps de sa reconversion
- Monsieur le comte de Tourne vous êtes trop généreux, ce sont mes biches, elles m’appellent tante Irène, Délice attire la clientèle, sa beauté, son charme plaisent, c’est une perle un diamant.
- C’est exact je sais l’impact qu’elle a, aussi je suis prêt par de bons émoluments à payer ce nouveau contrat.
- je devrais en parler à mon mari ;
- Non madame vous gérez seule votre maison close d’après ce que je crois.
Elle saisit son carnet écrit le prix ;
- D’accord.
- Tu sais la nouvelle Cyprien, le comte de Tourne veut m’acheter Délice ; je suis d’accord, elle ne me rapporte pas tellement, en tout cas pas comme j’espérais, si ça continue je devrai la déclasser elle va être une charge.
- Tu lui demandes un bon prix, je te fais confiance, tu dois avoir des exigences lourdes, profites-en, ton commerce tournera sans elle ! Surtout garde de bonnes relations avec le comte il faut garder la haute société dans nos manches, du tact, du tact, un semblant de négociations, tu comprends, des négociations ! Tu connais ton affaire elle est dans le sac. Elle nous est indispensable ?
- Non.
- Alors ! Il tend un papier sur lequel il a écrit un chiffre (c’est la coutume leur politique d’écrire les chiffres, la peur d’un mauvais sort ! Ils écrivent le prix à payer, c’est une règle qu’ils appliquent superstitieusement)
- Tu crois ?
- Tu verras bien, je te répète ce n’est pas mon bisness.
Monsieur le comte demande de bien vouloir faire venir Délice
Madame Irène appelle Reinette.
- Vous appelez Délice s’il vous plait.
- Oui madame.
Délice approche majestueuse.
Asseyez-vous entre nous Délice, nous avons le comte et moi trouvé un accord afin de renouveler votre contrat dans de meilleures conditions. D’un commun accord nous avons pensé que maintenant vous serez la locataire de la maison. Avec moi, vous m’aiderez à la bonne tenue de la maison pendant quelque temps, les décisions de monsieur le comte sont approuvées totalement par moi, c’est à vous maintenant de donner votre accord.
Désorientée elle n’arrive pas à lire, le comte vient à son secours.
- Voulez-vous que nous lisions ensemble ?
- Excusez-moi j’ai perdu l’habitude de lire, je ne comprends pas le vrai sens des mots !
- Vous êtes libre de refuser. Vous avez entière liberté dans la maison close vous êtes sous ma protection. Etes-vous d’accord ?
- Oui monsieur ;
- Vous avez réfléchi ?
- Mais oui monsieur.
- Votre vie va changer chère Délice nos contacts seront ici pour l’instant, madame Irène sera notre intermédiaire elle vous fera part de mes instructions de même j’aurai les vôtres, nous en discuterons. Vous êtes discrète et fidèle.
Délice signe sans comprendre.
Monsieur le comte salue madame Irène tape quelques petits coups de canne, racle sa gorge, prend le bras de Délice, l’entraine vers le harem.
Eloi de Risquetou est ému en sonnant à la porte de la maison d’Irène, son voyage à Beaugency l’a éloigné de Paris, les cours instants où il a été plongé dans l’histoire de France l’ont éloigné de sa vie coutumière, c’est bouleversé qu’il attrape le marteau, timidement il tape et quel fut son étonnement de voir Délice lui ouvrir la porte.
- Entrez monsieur Eloi.
Délice dans une robe toute simple accompagne Eloi, ils se dirigent vers le salon réservé.
Eloi se tait, il suit docilement, ne comprend pas.
- Asseyez-vous monsieur
- Délice vous semblez si délicieusement heureuse, tellement lointaine dans votre sublime beauté, si touchante, vous m’en voyez ému
Délice lui prend la main.
- Mon cerveau a de nouvelles espérances, comment vous expliquer ! Je suis régénérée excusez mes maladresses à m’exprimer ;
Eloi sent un bien être qu’il avait oublié ! Il se tait.
- Monsieur c’est un vrai plaisir de vous revoir ; Ils avaient approprié ma personne tous, alors que je ne leur avais pas donnée ; J’ai retrouvé ma liberté monsieur.
- Ne trouvez-vous pas l’air plus léger, je sens une tranquillité dans mon âme que je ne connaissais plus depuis si longtemps ! C’est bon, vous avez un pouvoir aujourd’hui étonnant que je ne vous connaissais pas, Délice intimidé papillonne des yeux se penche vers lui puis baisse ses yeux pudiquement.
- j’ai tant de plaisir d’être en votre compagnie monsieur je ne sais comment l’exprimer, votre immense savoir me gêne parfois il est si curieux qu’il m’amuse aussi, je suis si loin de vous, un monde nous sépare, je suis si simple si attachée aux gens qui m’aiment que j’ai peur. Les seuls qui m’aiment mes chers parents pendant plus d’un an, mes parents si bons si attentifs, leur seule fille, c’est un drame ! Je les ai oubliés
Qu’allez-vous imaginer ils vous accueilleront à bras ouverts.
- Vous êtes si bon, si rassurant je retrouve un bonheur que je croyais perdu, votre présence dans ma vie est un bienfait de Dieu, restez avec moi monsieur !
- Mais qu’allez-vous imaginer ! Vous êtes étonnante, je suis sensible à votre beauté nouvelle, elle est si pathétique ! Là devant moi je vous compare à une déesse tragique si c’est faisable ! Est-ce normal chère Délice ?
- je ne veux pas vous perdre monsieur !
- Pourquoi cette pensée !
- Vous m’êtes précieux.
- je suis là, Délice, je souffre lorsque je suis loin de vous, qu’avez-vous ! Quel tourment vient voiler vos beaux yeux !
- Il y a une histoire nouvelle.
- Nouvelle ?
- Oui monsieur nouvelle.
- Elle a tant d’importance ?
- Elle va changer ma vie.
Monsieur Eloi de Risquetou va d’étonnement en étonnement.
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