13/06/2012
A l’intérieur le bruit de ferraille impressionne Délice, les regards sur elle, elle cherche du secours vers Fraise.
Dans les rues bordées de beaux immeubles une circulation calme, avec rapidité elles avancent, Fraise ralentit, regarde son plan.
- Nous y sommes, plus loin à droite tu vas reconnaitre ; chaque fois Fraise veille sur les premiers pas de Délice hors de la maison de madame Irène, attentive la regarde. C’est là, Fraise attends, j’ai besoin d’un temps, je suis épuisée.
- Tu sonnes.
Délice s’appuie contre le mur reprend son souffle, arrange ses cheveux.
Henri le maître d’hôtel ouvre la porte, un discret salue respectueux.
- Monsieur le comte est là ?
- Monsieur est absent, il vous fait dire qu’il rentrera vers six heures, vous prie de l’excuser.
Dans l’entrée, riche d’histoire Fraise curieuse, émue, s’arrête devant chaque portrait, elle prend Délice par la main, se recueille dans chaque pièce qu’elle traverse, devant chaque meuble, chaque tableau.
- Tu n’entends rien Délice ?
- Non.
- Ils sont autour pleins d’affection, de tendresse, je les entends ils passent, parlent calmement, posément une histoire qui revient : les aïeux que nous avons vus dans l’entrée sont avec nous Délice, écoute.
- Je n’entends pas Fraise les aïeux du comte sont dans des cadres ils ont des regards sévères qui m’impressionnent. Regarde ce ne serait pas si mal d’ajouter un meuble ici, une banquette sur laquelle on mettrait des sculptures modernes : imagine ?
- Oui les aïeux aimeront l’art Délice.
- Fraise je me fiche des aïeux. Viens dans la grande salle, la salle d’apparat, là, nous fêterons nos fiançailles Fraise tu seras ma seule amie ce jour- là. Fraise approuve gentiment des yeux. Rien n’échappe à Fraise.
- Tu me passeras ton livre sur les styles, les époques, ce sont de très beaux meubles.
Délice impatiente l’entraine vers le salon. Transportée par une joie immense elle lui montre la harpe.
Fraise émue claque plusieurs bises sur les joues de Délice
- Tu me fais le plus grand plaisir que tu pouvais faire elle s’installe prend la harpe dans ses bras pince quelques cordes un son s’échappe qui transforme le cœur triste de Délice.
- Tu joueras Fraise je ne te dérangerai pas je me mettrai dans un coin de la pièce, je t’écouterai sans te gêner, le comte sera heureux nous serons discrets Fraise, quelle joie tu mettras dans ces tristes pièces. Nous avons invité Eloi de Risquetout imagine chérie le changement de nos vies ! Tu vois j’aimais bien chez Irène, j’aimais recevoir Eloi dans les petits salons, nous avions une bonne entente ensemble là-bas ! Il manque comment te dire ! Une chaleur humaine, ici je disparais avec les aieux, là-bas ! J’explorais la maison,
- Tu explorais !
- Sois-pas maligne, je m’occupais, je remplaçais Irène quand elle s’absentait !
- Ici ma chérie tu seras la patronne de la maison, tu commanderas, tout le monde sera à tes ordres, tu régneras, tu auras des amis qui te recevront, et puis, je viendrai. Wladimir ne cesse de répéter : ta merveilleuse, jolie, délicieuse, comment dit-on plus fort ! Ça m’est inconnu de la langue française.
- Sublime Wladimir.
- Oui sublime Fraise, sublime Délice. Voilà comment il parle de toi.
- Viens dans mon appartement : Henri s’il vous plait appelez-moi lorsque le comte rentrera.
- Bien madame.
- Viens. Quelques couloirs, quelques escaliers elles sont dans l’appartement.
- J’ai un souci.
- Un souci Délice tu me surprends.
- Je m’inquiète au sujet d’Eloi, mon attachement est sincère, il est sommes –toutes le compagnon de ma vie, c’est un inquiet, voilà presque un an que je le vois chez tante qui l’accueille à bras ouverts, tu connais tante elle est toujours chaleureuse avec les clients en tout bien tout honneur, tu penses-bien elle ne va pas se mêler des trafics de sa maison, elle et Cyprien s’adorent, elle est régulière Eloi aussi : ce n’est pas leur genre, Eloi est timide, maladroit, je crains qu’il ne soit plus le même avec moi.
- C’est sûr il te verra différemment, tu verras sa femme ses enfants, bien sûr il sera autre. Dans la maison de passe il n’est pas impliqué, il passe, rien, il est rien, rien tu comprends ! Les visites chez le comte et toi Délice auront un autre impact, tu seras une dame, chez Irène tu étais une fille parmi les filles malgrè la surveillance du comte sur toi, un penion qu'il payait Eh oui ! Excuse-moi de te parler ainsi.
- Tu me prends pour une cruche ou quoi ?
- Comprends ;
- Qu’est-ce je vais être ?
- L’amie d’Eloi, voilà. Tu comprends nous agissons d’instinct suivant les situations, même les plus hasardeuses « je parle de tout le monde » Je te connais, tu es habile, maline, tu mènes, tu vas à petits pas mais sûrement, je ne me fais pas de soucis. Dans ce milieu mondain .tu auras ta place, pourquoi tous ces complexes ! Regarde-toi devant la glace ; Est-ce que tu te vois ! Est-ce que tu comprends l’atout majeur, le plus riche, le plus inattaquable, le plus dominant, la beauté ! Regarde-toi souvent et tu comprendras, sois courageuse, tu te poseras des questions qui seront différentes des miennes c’est sûr, tu devras faire face aux mesquineries, aux basses flatteries, aux hypocrisies, tu parais si touchante, si fragile qu’ils en abuseront ! Il y a une force en toi que tu ne soupçonnes pas, moi je te connais, je sais. Quel besoin tu as à te complexer ! Tu réagis épatement bien, regarde avec le comte, avec Eloi, avec Irène, ils sont à tes pieds pourquoi tu te tracasses tant petite chérie, allez, nous en reparlerons.
Délice attrape une larme avec son kleenex prend le téléphone.
- Oui, merci Henri.
- Nous descendons.
En traversant les couloirs Délice, s’arrête.
- Fraise attend, je dois accepter toutes les étrangetés qui me tombent dessus. Celle-ci Fraise je dois la vivre fièrement, bravement. Ça va, viens.
Quelques pas plus loin.
- Arrête Fraise, je sais maintenant, je pars dans ma nouvelle vie, malgré toutes les difficultés qui m’attendent j’ai la certitude, l’assurance d’accomplir d’assumer dans la totalité de mon être profond ma nouvelle vie. Viens Fraise je suis prête.
Confiantes, joyeuses elles se présentent devant le comte qui les attend queques petits airs de malice quelques petits coups avec sa canne il clignote d’un œil plusieurs des deux un raclement de gorge, les invite à s’asseoir.
- Je suis ravi de vous voir Fraise ! Avez-vous passé un bon moment ensemble ?
Fraise se penche vers Délice plus ravissante que jamais lui laisse la parole. Ses joues colorées par l’émotion, ses yeux plus grands où l’iris scintille de mille feux, la naturelle élégance, le port de tête altier Fraise ne la reconnait pas, Délice est une déesse.
- Excellente, nous sommes allées voir les meubles qu’il faudrait remplacer (tu ne m’as pas donné ton avis Fraise) Fraise trouve tout beau.
- Monsieur le comte on pourrait moderniser l’appartement je remarque, quelques transformations ont été faites : la tapisserie, la moquette, quelques tableaux accrochés, moi personnellement je mettrais quelques meubles modernes chez-vous La harpe est un hommage à la musique, aux chants, à l’art monsieur ! Je vous suis infiniment reconnaissante, vous remercie de votre si belle attention. Je serai avec vous, vous et ma harpe, avec ma harpe mon cœur sera avec vous monsieur, avec toi Délice.
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