23/08/12
Devant les reproches de Délices de se voir si peu Fraise le regard soucieux explique le trop de temps passé dans les métros, un changement à Chatelet, trop de stations. Fraise trouve rarement le temps d’aller voir Délice. Les ballades où l’on flâne où lentement les heures s’écoulent sont rares c’est un manque qu’elles aimeraient combler. C’est une évidence que l’accueil lorsqu’elles vont chez tante Irène les amusent chaque fois, la surprise des cadeaux qu’elle recherche sur internet et qu’elle cache aux regards indiscrets des filles pour ses sublimes petites filles : mes petites filles se plait-elle à dire : quand vous êtes là, je suis dans la béatitude, mes poumons gonflent, je suis… mes chéries, je suis… Elle hoquette, tente de sortir le mot, le mot qui l’étouffe, qu’elle ne connait pas, sanglote, sa poitrine tressaute, ses yeux passent de l’émerveillement à l’extase, émue elle les prend dans ses bras les embrasse chaleureusement. Vous me prenez sur le vif, juste quelques instants, mon temps est compté mes chéries ! Rapidement donne de ses nouvelles, les embrasse encore leur explique qu’il n’y a rien de plus beau que ses deux petites filles chéries sur la terre
Fraise sort de son sac un journal d’annonces devant le regard étonné de Délice le déplie, puis un plan de Paris qu’elle étale sur la table, montre la marque qui indique la rue du comte, puis une autre celle où habite Wladimir, appliquée, méthodique elle suit avec sa pointe Bic le parcours qu’elle doit faire pour aller voir Délice et le comte.
Tu vois Délice chez le comte je trouve la sève, l’enrichissement, je joue mieux, le comte est un artiste Délice. J’ai trouvé avec vous ce qui convient à un artiste, une écoute, une attention, le goût des belles choses. Je vais en parler à Wladimir vraiment nous sommes trop éloignées pour se voir souvent. Regardons les annonces : pendant un long moment elles cherchent l’appartement pas trop loin de l’hôtel du comte, tu vois ne serait-ce qu’un seul métro ce serait déjà pas si mal ! Je vais voir avec Wladimir. Irène est amusante elle tombe en pamoison chaque fois qu’elle nous voit, le comte lui, a de multiples richesses entre autre les farces qui te font tant rire. Wladimir est naturellement amusant, il y a tant de vérité dans sa manière d’être, lorsqu’il me déclare sa flamme je suis si émue que devant tant de simplicité je ne peux que lui dire Wladimir c’est magnifique, magnifique Wladimir. Ses mots sont des diamants que joue ma harpe avec ses mots, alors, je fais claquer quelques cordes, un son s’échappe énergique, bruyant, puis j’en accroche d’autres pleins de fougue, il est en extase, marmonne quelques mots en russe ses yeux levés au ciel, se signe et ça plusieurs fois, se signe de nouveau.
Sur le trottoir un mouvement continue, au loin un orchestre de batterie, des bruits de freins, bruit d’un haut- parleur, les gens savourent leur boisson un moment de détente, de repos pour le touriste fatigué de trop marcher, d’un pas fatigué sans jeter un regard autour un homme passe besace sur l’épaule, un autre, se faufile rapidement son porte documents sous le bras, le soleil de plomb, un vent léger fait voltiger la feuille sur la table, Fraise ouvre son sac met le plan qu’elle a plié avec soin dedans ensuite la carte du métro. Tout en observant une table à coté occupée par trois garçons elles vident leurs verres, se lèvent.
- Ne partez pas si vite, nous vous accompagnons, les garçons se lèvent, commencent les présentations.
- Non ! Nous partons, désolées, nos amis nous attendent.
- Hé ! Bien, allons ensemble !
- Baye ! Baye !
Elles s’éloignent dans un éclat de rire. Dans les couloirs du métro elles se séparent.
- Tu en parles au comte parmi ses connaissances il pourrait nous aider moi, de mon côté Wladimir a beaucoup d’appuis, cette situation doit changer, dès ce soir je m’en occupe.
Wladimir a été formé, éduqué par un père tout puissant qui dirige son entreprise d’une main de fer, une entreprise qu’une trentaine de personnes fait tourner, commençant à fatiguer il a fait de son fils son bras droit, secondé par son fils il est le deuxième œil, oblige Wladimir à prolonger sa journée avec le secrétaire avant de partir dossiers sous le bras ;
Ce soir en rentrant le dossier dans la main il prend Fraise contre lui l’embrasse.
- Regarde ma Fraise, il lui montre le dossier, là, il y a toutes les commandes de la journée, ça marche, j’ai une bonne équipe, je suis fier du travail de mon père.
- Fraise qu’y a-t-il ? Je te trouve tracassée.
Fraise explique sa difficulté à voir Délice, elle aimerait se rapprocher. Wladimir l’écoute gravement.
- Ton parcours te prend…
- Une heure trente environ.
- Oui, c’est beaucoup trop. Pourquoi tu ne prends pas un taxi !
- Paris est très encombrée, ce que j’aimerais c’est prendre un seul métro, en ce moment j’ai un changement très long.
- Montre l’arrondissement.
- Là.
- Je vais m’en occuper, ce n’est pas si évident, je vais chercher, charger Pétrouchkine de faire le nécessaire, attendri il l’attire près de lui, lui fait promettre de prendre un taxi, d’aller voir Délice plus souvent.
- J’ai une bonne nouvelle Wladimir, j’ai passé un contrat avec un orchestre, le chef cherchait une harpiste jeune, j’ai signé.
- Tu es satisfaite.
- Oui, l’orchestre est composé que de jeunes. J’ai accepté de suite ;
- Si tu es heureuse je suis heureux.
Le comte averti de l’arrivée de Délice se prépare à l’accueillir, c’est dans ses habitudes de s’avancer, lui présenter ses vœux du soir, de l’inviter d’un léger mouvement de bras à le suivre.
- Vous avez fait vos emplettes ?
- Oui, voyez.
Elle déplie ses habits.
- Ca m’a plu.
- Vous êtes inquiète Délice ?
En quelques mots elle explique son problème. Il prend sa main la tapote plusieurs fois et ainsi de suite, la presse doucement, la contemple, joue avec ses doigts, les plie les déplie, des doigts fins souples.
- je vais essayer Délice, l’arrondissement le plus près avec la commodité du métro je comprends bien, je vais en parler à Henri, au chauffeur, ils ont des tuyaux que je n’ai pas, à mon homme de confiance, mes amis, les beaux appartements se vendent en sous mains.
- Wladimir conseille un taxi, Fraise préfère le métro monsieur.
- Je vais m’en occuper personnellement. Fraise nous donne un bol d’air frais Délice, pourrions-nous nous en passer ! Ma tendre amie, elle nous donne l’enchantement, nous fait voyager dans le merveilleux, nous donne les plaisirs de la volupté, nous allons vers l’au-delà, les exquis moments lorsque nous écoutons sa harpe nous devons les protéger, ils sont précieux. Elle nous charme. Délice approuve en clignotant des yeux.