11/01/2013
- Fraise avec sa harpe fait claquer quelques cordes en regardant Délice, ses doigts glissent le long des cordes, les accrochent, un son harmonieux s’échappent. Délice fixe le tableau qu’offre Fraise avec sa harpe, se force à écouter, contrariée. Elle sait que l’offrande d’une feuille de papier et d’un crayon serait la bienvenue. Les sons ont un gout amer aujourd’hui, elle s’approche puis s’éloigne en soupirant, elle doit faire des efforts pour écouter, en vain ! Une larme hésite à glisser sur sa joue, elle bat des yeux pour la retenir. La plaie s’agrandit avec la musique, son amour le Prince Segey est dans chaque note. Elle voudrait son carnet, son crayon, sa thérapie pour calmer son angoisse son amour pour le prince qui la brise dans la musique, elle essuie une autre larme. Fraise concentrée, grave, attentive est loin de ses tourments !
Elle est seule !
- J’arrête. Wladimir va rentrer, tu le connais, c’est un enthousiasme débordant, il me fatigue, imagine, il me soulève comme une plume, impossible de lui résister tu imagines dans un morceau une tempête tropicale ! Tu imagines ! Il clame son amour et tout et tout ! Il fait un amalgame entre la harpe et moi, mon amour de la harpe et notre amour, tout juste s’il ne caresse pas la harpe. J’essaie de le ramener à la raison difficilement, mais lorsqu’il dit : Fraise je te savoure, te goûte, ton parfum m’enivre, je ne peux pas m’empêcher de rire aux éclats, c’est merveilleux
. Tu n’es pas charitable.
Fraise range ses notes, sa musique, amène Délice sur le sofa.
- Tu es souffrante Délice ?
- Non Fraise ça va.
- Ca va !
Fraise sait que Wladimir va rentrer d’un moment à l’autre, elle ne veut pas engager avec Délice une conversation, elle préfère attendre Wladimir.
- Oui Fraise, je suis dans une désespérance si tu savais !
Fraise sait, elle remue sa tête, la tourne, l’incline vers elle, attend qu’elle parle, Délice tortille sa main qu’elle porte à sa bouche, évite de ronger ses ongles.
Wladimir entre. Il s’approche de Délice s’incline avec ses hommages mérités lui dit-il, sa forme actuelle lui donne toutes les sensations que peut contenir son cœur, la salue encore, et encore. Fraise se tourne pour éviter de rire. Délice intriguée par l’étrange personnage clignote gentiment des yeux.
Malgré le rafraîchissement de Wladimir lorsqu’il apparait et dont Délice est sensible, l’inquiétude est sur son visage, quatre mains saisissent les mains de Délice, les pétrissent tendrement, les baisent, l’image de Délice est négative, douloureuse, l’incompréhension de ne pas avoir de nouvelles du prince est un tourment profond, le froid la pénètre, elle frissonne. Les mains encouragent Délice, les pressent, les caressent, les mains de Délice sont sans réaction, avec les encouragements de Wladimir et de Fraise petit à petit le sang retrouve ses veines, la chaleur retrouve son corps, les yeux leur belle couleur, leur vivacité, elle accroche les doigts, agrémente son joli visage d’une moue charmante.
Wladimir préoccupé s’est renseigné auprès de ses employés, Igor, Alexey, Abdel, tous du plus grand au plus humble dans l’échelle de son entreprise, tous russes, c’est avec le livreur Achille qu’il a eu le renseignement qu’il cherchait pour mettre du baume dans le cœur blessé de Délice.
Son pote avait longuement cherché avec lui des liens qui s’ajouteraient à d’autres liens et les amèneraient au prince Sergey, si ce n’est au plus près, c’est ce qu’ils avaient trouvé ensemble. et, maintenant en face de Délice il hésite à lui annoncer la bonne nouvelle ; Le gaillard est solide, rude à la tâche, entier dans ses amitiés il ne connait pas la demi-mesure, prêt à donner sa vie pour ses divines femmes, la main sur le cœur, le regard passionné il s’approche très près, dit, confidentiellement à l’oreille, mon amie, tendre, douce, si existensialistement belle, Fraise serre le bras de Fraise, baisse la tête, accroche le bras de Wladimir pour lui montrer son soutient ;
- Délice, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer, Il prend son temps pour se régaler de l’heureux effet. Délice, le prince Sergey est en Sibérie. La nouvelle frappe Délice en plein cœur, près du malaise dans un filet de voix elle répète n’en croyant pas ses oreilles, elle anone, en Sibérie, Sibérie ; la faiblesse de Délice supporte mal la nouvelle, elle s’évanouit.
Epouvantés, ils l’étendent sur le divan. Wladimir agenouillé prie le Seigneur de la sauver, Fraise court chercher son eau de Cologne. Elle la badigeonne la fait respirer, Délice se réveille sans savoir ce qui lui est arrivée elle questionne bat doucement des yeux en les ouvrant devant deux visages énormes sur son visage, des yeux immenses la fixe, prête à s’évanouir de nouveau, elle pousse un cri.
Assise, bien calée entre des coussins elle sourit à ses amis, pose des questions, écoute leurs explications, plutôt vaseuses elle respire un bon coup, sa mémoire revient aidée par les remontants de sa grande amie Fraise, alors elle revoit l’instant d’avant, elle reprend possession de son être dans une respiration paisible avec ses amis.
- Pourquoi en Sibérie, si loin ! Là- bas ! Pourquoi si loin ! Si inhospitalière, si froide. Le comte m’a parlé de la Sibérie, je ne peux le croire ! Il doit voir le détective, j’appréhende les résultats ; peut-être sur place je pourrais avoir des renseignements plus précis !
- Ne t’inquiètes pas le détective saura, c’est son métier. Si tu pars nous partons avec toi, tu imagines quelle aventure ! Là-bas, il y a des animaux étranges, énormes, des tigres, tu imagines ! Des lynx ! Des panthères ! Des loups ! Devant la pâleur de Délice, les yeux furibonds Wladimir gonfle ses muscles, prend l’allure de monsieur Muscle s’apprête à combattre. Délice part d’un rire communicatif. Et en plus, ils dévorent les humains Wladimir gonfle ses biceps bras et poing liés prêts à l’attaque des tigres. Hou ! Hou ! Hou ! Wladimir va se transformer en Superman… Délice et Fraise sont en admiration devant la musculature de Wladimir
Wladimir part réfléchir, et pour ça il part s’asseoir plus loin. Délice et Fraise racontent leurs envies, la routine des derniers jours, leurs préoccupations, la difficulté de la harpe qui demande un travail assidu, constant ; elle s’intéresse à Délice qu’elle soupçonne avoir du talent. Elle comprend ses hésitations, ses doutes. Délice apprend, heureuse de découvrir chaque jour son progrès ;
- Tu vois Fraise mon plaisir avec la harpe c’est entendre des sons si maladroits soient-ils ils m’éveillent, m’amènent au-delà ! Tu me comprends ! Toi, tu joues merveilleusement bien.
- Oui Délice c’est mon bonheur, mais j’ai aussi d’autres bonheurs, vous êtes là, tous, naturellement, nous nous apprécions.
- Que fait Wladimir ?
- Wladimir !
- Oui. J’ai réfléchi aux questions de Délice, nous ferons le point plus tard, je dois aller voir Détecté, il faut attendre.