02 01 2013
Les lampadaires informes, géants dragons, masse imposante avancent, les meubles, taches troublantes dans la grande salle de réception entourent le comte et Délice dans le petit coin où ils révèlent chacun leurs pensées cachées.
C’est dans ce petit coin où le comte avec Délice cherche l’apaisement d’une journée fatigante. Délice auréolée par la lumière de la lampe semble irréelle, il s’inquiète fait taper sa canne pour faire bouger l’image, il racle sa gorge ému, troublé à la pensée que sa tendre amie s’ennuie dans un clignement d’yeux l’interroge.
- Trouvez-vous l’endroit plaisant Délice ?
- De quel endroit parlez-vous ! Monsieur. Le comte se redresse, se calle sur sa chaise, regarde, de la main montre la salle obscure, et avec un geste tendre il lui explique que là, avec sa très chère amie ses souffrances s’effacent. Devant le regard ravi de Délice il fait taper sa canne de petits coups, papillote des yeux.
Ce soir comme à l’accoutumé ils sont assis dans un petit coin de la salle de réception pour bavarder, s’exprimer, faire plus ample connaissance.
- Vous êtes très jeune Délice dans un regard plein de tendresse, devant l’exclamation de Délice il l’arrête pour la remercier, lui exprimer son embarras.
- Monsieur, je voudrais vous dire toute la gratitude, l’affection, l’admiration que j’ai pour vous. Votre pensée m’affecte, je me sentirais orpheline si notre petit coin disparaissait !
- Je serais touché si ma petite Délice faisait état des pensées qui l’habitent. Un temps s’écoule, ils savourent l’instant assis l’un en face de l’autre dans un petit coin de la salle de séjour.
Monsieur Détecté dans le courant d’air de la porte, ses habits flottant donnent l’impression que son corps va se dissoudre tant un méchant courant d’air plaque sur lui les dits habits dont il est vêtu, fait entrer Délice la salue cérémonieusement, surpris, il fractionne madame en plusieurs mots ;
- Vous êtes ma, ma, dame?
- Madame Délice la fiancée du comte de Tourne, Détecté cligne son œil gauche, Délice doit faire des efforts désespérés pour ne pas éclater de rire.
- Veuillez me suivre madame d’un signe de la main veuillez prendre place madame. Délice tente de reprendre bonne contenance garde la tête baissée. Emu, curieux, intrigué par sa nouvelle cliente Détecté attend patiemment. Après un moment, Délice lève la tête les yeux baissés ; Monsieur Détecté est habitué aux troubles de ses clients mais, devant cette situation inédite il est impressionné ; les tragédies elles étaient empilées dans son cerveau et il savait sélectionner la bonne au moment opportun, cette étrange jeune femme l’interrogeait, il avait beau chercher, rien de similaire ne lui était arrivé ! Intéressé il prit patience, curieux de son étrange cliente et devant la grande douleur qu’il essayait de saisir tant elle était enracinée, afin d’animer la conversation il toussota, rappeler que c’était le bureau de monsieur Détecté détective privé.
- Vous êtes en quête…Madame ?
- En quête ?
- Vous recherchez…
- Le prince Sergey monsieur.
- z’ai déjà eu quelqu’un qui m’a parlé du prince Sergey. C’est votre objectif.
- Oui.
- Mon travail m’oblige à creuser en profondeur les pensées espérant trouver un indice si petit soit-il qui m’aiderait. Parlez-moi du prince, savoir quel intérêt lui portez-vous. Devant l’embarras de sa cliente il sourit pour l’encourager, Délice apeurée de parler, la voix étranglée.
- Ze l’aime, je l’aime éperdument, baisse à nouveau la tête. Détecté embarrassé devant sa cliente se racle la gorge à nouveau, puis à nouveau un silence.
- Z’en conviens, la raison est d’importance de retrouver le prince Sergey. Pouvez-vous le décrire ? Parlez- moi de lui, l’avez-vous vu physiquement ?
- Oui, je l’ai vu, il m’aime monsieur c’est là le drame ! Je l’ai vu dans ses yeux, nous, nous aimons, c’est un drame, une tragédie. Je peux vous donner son adresse électronique , je lui écris, des mails, des textos, je n’ai aucune réponse, nulle part que ce soit à son travail (il est propriétaire de magasins de la haute couture) j’ai cherché à me renseigner auprès du personnel, on me dit : il est parti dans les pays émergeants, peut-être en Chine, en Afrique, en inde, en Amérique latine, aux Etats-Unis, au Maghreb, en Russie, en Europe, et ailleurs, je suis effondrée devant la tâche ! Un chagrin n’a jamais donné à Délice cette douceur qui attendrit le cœur de monsieur Détecté.
C’est étonnant une si jolie femme, pardonnez-moi, les mots sont sortis tous seuls ; vous êtes sa …
- Protégée monsieur ; Je m’annonce comme sa fiancée, ce serait péjoratif pour moi (ce qui n’est pas le cas) de me présenter comme son amie ; Monsieur le comte est très respectueux envers moi, il me considère comme sa fille. Excusez-moi.
- Oh ! Non, ne vous excusez pas, bon d’après ce que je sais, le prince Sergey vit en France, vous ne vous souvenez de rien qu’il aurait pu dire, simplement un mot sans importance sur le moment mais qui pourrait aider auquel ze pourrais me référer.
- Il a murmuré …
- Excusez-moi de vous interrompre, les mots dits à l’oreille sont des mots doux, tendres, des mots d’amour, ceux- là vous ont fait venir vers moi madame. Hélas nous n’avancerons pas avec. Délice essuie délicatement ses yeux. C’est étonnant une si belle femme excusez-moi les mots sortent tous seuls. J’ai entendu parler du comte de Tourne comme d’un homme cultivé, tranquille, un écrivain, il doit venir me voir.
ze note, une histoire d’amour.
Madame je crois comprendre que l’amour que vous portez au prince Sergey est profond, qu’il ne s’arrêtera…jamais, c’est ce que ze comprends. Rapportez-moi les mots qu’il a dit.
- Dans son regard, il y avait tant de mots de toutes les couleurs, la figure de Délice s’illumine, les couleurs de l’arc-en-ciel, j’étais paralysée par l’émotion, ils parlaient ! C’était tellement bon !
- Vous avez de la chance d’avoir connu cette félicité.
- Vous pensez le trouver monsieur ? Détecté d’un ton détaché lui explique que vue le personnage hors du commun, son titre de noblesse il ne doit pas passer inaperçu, vue le rôle important qu’il a dans la société, vue la charmante jeune femme qu’il a devant lui, vue les tristes pensées qui embrume la vie de sa cliente, vue tous ces avantages, il lui sera possible de trouver le prince Sergey.
Délice lance un regard désespéré auquel Détecté répond par des mots encourageants.
- Vous retrouverez le prince mort ou vivant madame, ze vous l’affirme : c’est mon métier, croyez-moi z’ai trouvé plus de morts que de vivants, parole d’honneur.
- Vous m’effrayez !
- Non, ne soyez pas effrayée, ze voulais simplement dire que toutes les possibilités sont à envisager. Détecté se lève raccompagne sa cliente avec des mots rassurants. Ze suis persuadé que nous retrouverons le prince bien vivant, je suis fermement convaincu. Avec des mots courtois ils se quittent.
-