23/05/2013
Le regard soucieux de Délice intrigue le comte.
- Qu’avez-vous Délice ? Une question à poser ? Je suis toute ouïe.
- Monsieur, Fraise et moi avons envie d’avoir un chat, tout mignon, tout gentil, que nous pourrions aimer, et, monsieur, nous aimerions savoir si parmi les chats de toutes races que nous pourrions choisir avec l’internet lequel est pour vous le plus croquant, lequel vous a enchanté, vous a séduit. N’y voyez pas d’inconvénient monsieur !
Surpris, loin de penser à ça le comte revoit son adolescence, il fait tourner son stylo entre ses doigts, remonta beaucoup d’années, partout où il allait, les chiens de chasse étaient ses fidèles compagnons jusqu’au jour où il dut s’en séparer, une autre vie l’attendait. Il se souvint de sa peine lorsqu’il n’eut plus son fidèle compagnon Fidèle. Le chat le contraria, seulement le mot… ! Il dut faire un très grand effort pour se mettre dans l’idée d’avoir un chat, cet animal qui griffe, au regard sauvage à la patte vindicative, il fut pris d’une hésitation, toutefois curieux de cet animal, il arrêta son manège, tapa plusieurs fois son stylo sur la table, sa canne sur le sol, papillota plusieurs fois ses yeux en regardant Délice, un regard malin.
- Expliquez-vous Délice.
- Eh ! Bien monsieur vous êtes si seul dans votre bureau.
- Laissez-moi achever chère amie, j’imagine un chat enroulé comme une pelote de laine sur mes feuilles qui serait mon compagnon de route ?
- Vous ne voulez pas ?
- Que va devenir ce pauvre chat ici ! Il va faire ses griffes sur les fauteuils. Je connais vos applications à vous en occuper, j’avoue que je n’avais pas pensé à cette compagnie. Vous Fraise qui êtes sa tendre amie qu’en pensez-vous ?
- Moi je crains qu’il fasse ses griffes sur la harpe.
- Nous ferons le nécessaire à ce sujet, ne vous inquiétez-pas. Le comte pousse un profond soupir, l’idée d’un chat dans sa demeure ne le réjouit pas, l’animal lui est inconnu, pensif, méditatif il pousse un second soupir, regarde les belles jeunes femmes, son imagination s’enflamme, le chat près d’elles ! Et que va penser Rose la cuisinière ! Henri le maître d’hôtel ! Il ne peut penser qu’il y ait un chat dans sa demeure, désorganiser ce qui a été organisé depuis des décennies, pour un chat ! Ce perturbateur va mettre le désordre dans sa vie.
- Monsieur s’il vous plait, je vois que vous êtes plein de doutes, mais lorsque vous verrez Ki- Kou vous allez faiblir, il est tendre et doux il est dans tout ce que peut faire la nature des chats, le plus beau chat, enchanteur, tout est beau, son poil d’une couleur si belle que vous ne vous lasserait pas de le regarder, si doux que ne vous lasserez pas de le caresser, deux perles bleues à la place des yeux nous l’avons appelé Fraise et moi Ki- Kou. Nous allons vous le montrer avec votre accord évidement, le comte tapote ses lèvres avec la branche de ses lunettes Ki Kou, Ki kou ! Il tapote de nouveau ses lèvres le regard grave.
- Venez monsieur.
- Vous êtes sûres que c’est bien celui-là que vous voulez, je veux m’en convaincre avec vous, nous allons voir si Ki Kou le grand séducteur nous a choisi, pressons, ne le faisons pas attendre, Délice et Fraise sont prises d’un fou rire, le comte s’arrête, envoie sa canne en l’air sous les yeux émerveillés de Délice et de Fraise. Délice et Fraise s’emparent du comte pour le faire avancer plus vite, devant l’ordinateur Délice magicienne de l’ordinateur trouve en quelques clics la planche des chats.
- Voyez comte, j’ai trouvé ! Là, voyez, c’est Ki Kou, attendez, j’agrandis l’image, vous allez le voir dans toute sa splendeur, vous le voyez ! Vous voyez, comme il est beau !
- Je vois bien qu’il vous plait Chère Délice, Au fond c’est celui que je préfère aussi, alors que faisons-nous ?
- Il faut aller le chercher en Angleterre.
- A ! En Angleterre! Je me charge… j’enverrai Henri : pourvu qu’il aime les chats… ! Quelques frappes sur le sol, quelques clignements d’yeux, un brin de malice dans ses yeux, puis il envoie dans tous les sens sa canne devant le regard admiratif de Délice et de Fraise qui saluent le grand artiste.
Henri lit l’enseigne : ICI LA MAISON DES CHATS DE RACE. (Entrez nous avons à votre disposition plusieurs races, nous, nous occupons de vous, nous vous conseillons, vous partez rassuré votre matou a son carnet de santé : il est vacciné, son âge : deux mois.)
Henri connait parfaitement l’anglais il traduit puis sonne à l’enseigne. Une dame d’une belle prestance ouvre, accueillante elle fait entrer Henri, il se présente.
- Le comte de Tourne, un charmant homme, il désirait un Kora, nous avons réussi à en trouver un, c’est une femelle. Assaillez-vous monsieur, elle lui tend une chaise confortable ; je vais le chercher. C’est un tout petit chat à peine sevré, elle revient avec un minuscule chat si petit, si petit qu’il attendrit le cœur d’Henri, voilà vous avez un carnet où tout est expliqué, vous avez un beau coussin, je vous mets un biberon, vous devez le faire téter toutes les heures, faites attention qu’il ne s’échappe pas, c’est vif vous, vous enfermerez dans la voiture il va téter un peu puis dormir. Voulez- vous prendre quelque chose ?
- Je vous remercie, je préfère partir de suite madame, je vous remercie.
Dans la voiture il met son précieux fardeau près de lui lance l’accélérateur avec souplesse il démarre. Ki Kou dort.
La demeure du comte est électrique, l’attente de Ki Kou met les nerfs à vif de Délice, une attente de plusieurs semaines a exacerbé ses nerfs. La harpe est protégée par une barrière en bois de rose, au-dessus un grillage invisible terminée par une bande en bois de rose ciselée par un grand artiste, une petite porte pour entrer, le petit chat dehors, un panier l’attend, énervé Délice n’arrête pas de remuer .
- Arrêtez de remuer sans cesse, tenez, lisez ce livre : le juge Ti à l’œuvre de Robert Van Gulik, vous allez l’aimer excellente traduction.
- Je me sens incapable de me concentrer ;
- Henri vient de me téléphoner, d’après lui il sera là dans une heure environ. Faite-moi la lecture, je vous écoute. Elle s’applique à bien lire, sa voix accroche son gosier, puis doucement les mots deviennent de la musique, le comte tombe sous le charme, les yeux fermés il goûte la belle voix de Délice, et ceci dura autant de temps qu’il fallait ; Délice sentait une joie qu’elle ne connaissait pas. Elle sursauta lorsque la sonnette tinta, elle s’élança vers la porte
- Madame voilà Ki- Kou, permettez que je vous dise, elle est très belle, sage, elle s’est appliquée à ne pas me donner d’inquiétude, j’ai de la sympathie pour Ki-Kou. Prenez Madame.
Délice intimidée prend le panier.
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