Le vieil homme Aux Longs Cours et la dame de la twingo
Tous les mercredis, la dame de la twingo va au bourg de Pessac, s’arrête devant la maison mystérieuse.
Campé sur ses deux jambes écartées, torse bombé, le vieil homme tape par deux fois sur son torse,puis respire un bon coup. C’est un rituel chez cet homme. Tous les matins comme on prend son café il tape sa poitrine par deux fois.
Depuis quelque temps il est retranché dans sa maison. Entouré de souvenirs : lorgnettes… longues-vues… une roue, une gros tas de cordes, des chaînes…quelques statuettes achetées lors de ses pérégrinations autour du monde. Il a vécu les situations les plus tragiques ! Il a resurgi du creux des vagues de plus de vingt mètres ! Dans des océans déchaînés ! Il lui est tombé dessus les plus énormes cataclysmes ! Les tempêtes tropicales ! Les cyclones dévastateurs ! Les attaques de pirates ! Il a pataugé dans des bains de sang ! Au milieu de têtes coupées ! L’homme était indomptable, gagnant tous les éléments. Il était la terreur des matelots, et, lorsqu’il donnait un ordre d’une voix tonitruante l’équipage tremblait de peur.
Etre en mer était son métier. Capitaine aux Longs Cours : c’était son titre de noblesse, un titre dont il ne pouvait se départir. Il est allé de port en port cherchant à jouir de toutes les merveilles les plus raffinées qu’on lui présentait. Enquêtant auprès de personnes habilitées dans l’art de la séduction il a vécu des mille et des mille histoires d’amour des histoires les plus érotiques avec les plus belles filles les plus savantes dans ce noble art... L’homme était infatigable aussi bien sur mer que dans un lupanar. La nature l’avait bâti grand, des muscles aux bons endroits, vigoureux, un visage sévère. Il attirait les filles, elles étaient dans ses bras… ! Devant elles, immobile, il les regardait cherchant dans ce ballet de séduction, la douceur, l’infinie douceur, ce sentiment qu’il ne connaissait plus ! Alors la fille s’approchait de lui, quelques caresses effleurées sur ses épaules, ses muscles : de peur de la briser il la laissait s’emparer de lui
Il a tout connu, tout ce que notre noble terre, notre monde merveilleux, toutes les offrandes qui lui ont été offertes et dont il a joui. La victoire ! Sur les éléments aussi ! Les filles les plus belles ! Les plus affranchies ! Pourtant… ! Cela fait longtemps qu’il campe entouré de son artillerie légère en attente de la dame de la twingo… .
Liliane Boyrie 2009-11-03