Les mercredis succèdent aux mercredis
Dans la main une photo
Les rudes sardiniers dans leur pinasse
Les tiroirs ouverts, dans la main une photo : le vieil homme essaie vainement de retrouver le bambin qu’il était.
Le poupon trépigne, tape des mains, pousse des cris stridents, aigus. Il veut s’exprimer, montrer l’eau qui clapote contre la pinasse. Dans les bras de sa maman il se secoue plein de l’espace qui l’entoure.
Les parents, les grands parents, les arrières grands parents étaient des pêcheurs sardiniers, ils allaient aussi avec leur pinasse pêcher en mer la baleine, c’étaient de rudes gaillards. Pensif il regarde les quelques photos qui restent… !
Cette lignée lui a apporté un sang neuf, un sang de marin. Il voudrait conquérir, encore... Alors sans crainte il bâtit dans sa tête et dans sa pièce ! Des plans ! Afin de faire face aux situations nouvelles et imprévisibles de la dame de la twingo. Il secoua sa tête, arpenta plusieurs fois la pièce, tapa deux fois sur sa poitrine lança ses bras dans tous les sens, poussa un grognement Depuis des années il observait la dame de la twingo trouvant un dérivatif à son ennui ! Elle faisait partie de sa vie.
C’était comme ça.
Le vieil homme devant les inhabituelles façons d’être de la dame échafauda des plans. Entraîné sur des pinasses par de rudes marins pêcheurs de sardines, rudes et rigoureux il apprit dès son plus jeune âge à ne pas craindre le danger. Leur exemple resta enraciné en lui. Eduqué par eux il appliqua leurs principes : toujours faire face. Il chercha parmi toutes les possibilités qui s’offraient à lui, et, parmi elles, il prit la ferme décision de lever un peu plus haut un des deux rideaux qui couvrent la fenêtre. Il tapa deux fois sur sa poitrine, se saisit délicatement du rideau par peur de l’abîmer. Ce fut une entreprise qu’il était loin de soupçonner ! Son éducation première qu’il voulait appliquer à la lettre était un désastre ! Il retrouvait les gestes lorsqu’il hissait les voiles… ! Lorsqu’il était à tribord…! A bâbord… ! Poussa un juron, réussit à s’asseoir le rideau sur les genoux. Il passa sa main sur la soie plusieurs fois naturellement. Il jeta un regard sur la fenêtre un regard dans la rue et dans ses yeux il y avait la dame de la twingo. Alors avec douceur il raccrocha le rideau.
La dame de la twingo après avoir garé sa voiture le long du trottoir en sortit. Affichant une
indifférence elle prit son panier, arrangea ses cheveux face à la fenêtre, leva sa tête afin de prendre une bonne respiration. Elle remarqua le rideau levé, elle gloussa de plaisir… faisant semblant de ne rien voir.
D’un pas léger elle prit la direction de Pessac bourg. Le long de son parcours elle chercha comment lui montrer son attachement. La dame de la twingo pense qu’il serait peut-être nécessaire d’agir….
Liliane Boyrie
2009-11-17