Entourée de ses livres sur la sagesse
Un regard plein de tendresse
Elle les caresse les remet en place
De sa twingo au portail de la belle maison, la dame va et vient plusieurs fois.
La dame s’est prise de passion pour le bizarre vieil homme.
Avec un profond respect, d’un doigt léger elle caresse les reliures des livres.
L’invitant à la sagesse, dans un soupir de contentement elle les feuillette, retrouve quelques phrases la tête appuyée sur la main.
Elle a fait de ses livres un rempart.
Elle les pèse, les soupèse, un regard plein de tendresse pour l’enseignement qu’elle en a tiré. Les caresse de nouveau puis les remet en place. Et tous les mercredis elle étale sur sa table ses livres. Elle palpe ses livres sur la sagesse avant d’aller à la maison et son locataire : alias le vieil homme assis sur sa tondeuse à gazon.
Dans sa belle demeure l’homme ne cesse d’aller à sa fenêtre. Comme il regardait au travers de ses lunettes l’éventuel danger sur les flots ! Il regarde par la fenêtre la dame de la twingo. Le vieil homme marqué par les empreintes de sa vie n’est pas préparé aux bizarreries de la dame de la twingo :
: En voilà une histoire de mettre sa main sur la sienne ! De rire de lui !
Tant de fois il a hissé des tonnes de poissons les muscles tendus ! Tant de fois avec ses matelots il a basculé sur le pont des baleines aux mâchoires effrayantes. L’homme est aguerri. Pourtant, lorsque approche de sa main la main de la dame il a peur. Ses jambes faiblissent ses yeux apeurés regardent les mains entrelacées.
Aujourd’hui, mercredi, après avoir regardé ses livres sur la sagesse elle prend sa twingo avec un peu plus de précipitation ! Plus d’engouement ! Installées twingo et elle devant le portail son cœur tape plus fort dans sa poitrine ! Elle guette le moment tant attendu, le moment où l’homme s’approche du portail. Elle savoure l’instant appuyée contre sa twingo.
Bonjour !
Il opine de la tête
Du portail à sa twingo, de sa twingo au portail elle fait durer l’immense plaisir de le voir attentif, maladroit, inquiet. L’homme tend le cou pour comprendre :
Cette femme le rend fou avec ses manières !
Vous aimez !
Pardon !
Il hausse les épaules
La dame mesure la distance qui les sépare, mais l’homme est attirant.
Elle s’est prise de passion pour l’homme à la tondeuse.
La dame appuyée contre la twingo, l’homme à la tondeuse le barreau dans sa main attend.
La dame est tombée amoureuse ! Elle fait durer le moment brûlant tant attendu où elle va mettre sa main sur la sienne, le moment où leurs mains seront entrelacées, les mots les plus fervents suspendus ! Alors avec une infinie tendresse elle s’approche de lui pose sa main sur la sienne, caresse les nodosités des doigts, la retire, recule ; appuyée contre sa twingo elle balbutie quelques mots maladroits….
Liliane Boyrie 2009-12-13