Voilà bien longtemps, des années !
Madame, madame effaçons le passé, chez moi,
Il est violent,
Il pourrait blesser votre cœur, votre sensibilité
- Il y a des mots que l’on savoure monsieur lorsqu’ils sont dits avec ferveur
Elle devine le bel homme qu’il dut être.
- Avec ma twingo voilà bien longtemps : des années ! Votre belle demeure était un mystère ! Maintenant devant vous, je me demande si nous devons privilégier le passé monsieur ou le remplacer par le présent, nous pourrions aussi enrober le passé avec le présent ? Qu’en pensez vous ?
- Madame ! Madame ! Effaçons le passé : il est violent, il pourrait blesser votre cœur, votre sensibilité. J’ai navigué toute ma vie, les ports étaient des lieux de repos ! Si vous saviez madame ! Vous êtes à mille lieux de cette histoire…Je vous aime madame. Mon temps je le passais à vous attendre derrière la fenêtre. J’étais là : comment vous dire ! J’étais là pour vous : j’étais en…je ne trouve pas le mot juste ah ! Voilà ! Ensorcelé. .
Un rayon de soleil illumine l’herbe la maison.
- Madame entrons s’il vous plait je suis fatigué
- Ma twingo ! Monsieux !
L’homme tend le cou pour mieux comprendre, éberlué, interloqué, dans sa pensée germe l’idée d’aller dans la twingo : un regard sur ses jambes, un regard sur la twingo, sur la dame, un bouleversement dans son corps, la frayeur dans ses yeux il attend son avis.
Devinant sa pensée :
- Mais c’est impossible, impossible ! Nous allons nous asseoir là. Vous allez chercher des chaises s’il vous plait.
Le vieil homme avait connu les tornades, les cyclones, il avait frôlé la mort, connu des situations tragiques, dramatiques sur les océans déchaînés : l’homme connu dans le monde de la marine comme un héro faisant face, toujours sortant vainqueur, ennobli par les souffrances, les malheurs qu’il avait connus dans sa vie, sa vie en autarcie l’avait mutilé ! Aussi, là, devant la dame de la twingo amoureux fou, il fond, il cède, éperdument amoureux il se précipite à la recherche de ses chaises, et devant le nouveau séisme qu’est la dame, il s’assoit en face d’elle en bordure de la grille, en face la twingo.
Face à face assis sur leur chaise la twingo en bordure du trottoir
- Si vous saviez comme je suis triste, je suis infiniment triste : elle se tamponne les yeux, l’enveloppe de son amour, envoûtée, elle remonte dans ses souvenirs.
- Vous avez toujours votre tondeuse ?
- Oui madame
- Vous étiez si farouche sur votre tondeuse, c’était si loin de mes rêves ! Si touchant !
L’homme a du bon sens, la dame navigue dans ses rêves. Quelques nuages dans le ciel, quelques gouttes.
- Je n’ai jamais connu une telle émotion madame, j’en suis tout remué, tout secoué. Le ciel est sombre il va nous tomber dessus rentrons madame vous allez vous mouiller.
- Je vous aide à porter ma chaise.
A mercredi
Oui
Soyez en sûr .
. Liliane Boyrie 2009-12-30