En ce moment je termine un conte pour enfants. Merci madame. Comment ? Un hebdomadaire féminin…? Je comprends. Oui, je prends note, voilà... Je prends contacte rapidement avec la directrice : Un travail régulier… Sans problèmes soyez sûre madame. Merci beaucoup, au revoir madame, à bientôt.
Christie dans sa solitude et le silence de sa pièce lorsque la fatigue la submerge pour se réconforter se plonge dans ses souvenirs d’enfance : les scènes entre Nanette et Manie (sa mère et sa grand-mère) dont elle était l’objet : car elles se querellaient pour nourrir leurs ressentiments en se servant de Christie ! Avec le recul ces scènes sont devenues comiques, tellement excessives et pleines d’amour. Elle entend Manie d’un ton bourru dire à sa fille : tu dois la surveiller Nanette, cette enfant est molle, nonchalante. Elle te regarde avec insolence. Je n’aurais jamais supporté le centième de ce qu’elle te fait. Certes elle est attrayante, son charme est insolent. Elle sait te séduire la coquine. : Maman prend un petit air conquérant qui exaspère Manie
- Christie, je t’ai enseigné la droiture, l’honnêteté, le travail, ta mère haussait les épaules en répondant : laisse là ! Avec de bons exemples ça se fera tout seul.
Bien sûr, ta mère avait raison : de bons exemples…! Mais ma petite chérie je suis inquiète je n’y peux rien.
- Laisse tomber Manie me savoir aimée par vous tous me comble et me porte dans la vie. Qu’importe ce que je fais ! Le principal n’est ce pas de vous aimer ?
Malgré ça réelle inquiétude Manie est au paradis, avec un profond soupir, elle jette un coup d’œil plein d’amour à sa petite fille.
Comment pourrait elle oublier toutes les fois où blottie contre sa grand-mère, émerveillée, elle l’écoutait chanter des chansons de sa belle voix chaude, raconter des histoires qu’elle inventait. « Elle a une imagination féconde Manie » Lorsqu’elles allaient se promener dans les parcs elle savait lui raconter les fleurs. Christie émue a un brin de nostalgie. Maman était fière de sa petite fille, et Manie pour la contrarier lui lançait d’une voix aigre. Nanette secoue-la, prépare-la à faire le dur chemin de la vie ! Elles étaient l’une et l’autre trop éprises de Christie !
Christie s’est lancée dans l’écriture au grand émoi de toute la famille. Elle n’arrivait pas à caser quelques contes dans un journal : ce fut l’échec. Tenace, elle ne s’est pas découragée malgré les regards désapprobateurs de Maman, de Manie, de tante Amandine, et même de Papa. Après échecs sur échecs, doté d’une bonne dose d’optimisme elle a réussi à décrocher une revue, ce fut sa chance, ce fut le déclic. L’atmosphère ambiante étant ce qu’elle était, lourde, pesante et bruyante Christie décida de partir faire sa vie. Lorsqu’elle fit part de sa décision, tous les quatre même tante Amandine furent effondrés. Papa (témoin patient des scènes) Nanette et Manie, bien sur tante Amandine s’unirent pour l’aider dans sa démarche ! C’était à qui en ferait le plus, encore ! Ils se déchiraient tous les quatre sur son dos : Christie frissonne. La douce brise du soir fait voltiger ses feuilles, elle va mettre de l’ordre, retrouver ses gestes habituelles.
Pétulante tante Amandine : lorsqu’elle rend visite à Christie c’est une aventure mémorable pour l’une comme pour l’autre. Après avoir frappé deux coups à la porte pour se signaler elle rentre à la vitesse de l’éclair sans jeter un coup d’œil sur Christie puis se retourne, la jauge dans tous les sens, l’observe un moment, s’approche d’elle, la prend dans ses bras lui flanque quatre grosses bises : Christie un peu penaude se laisse faire.
- Comment vas-tu ma chérie, à te voir, bien. « Amandine aime faire les demandes et les réponses » Christie reste muette : c’est ce qu’elle fait avec tante Amandine ! Trouvant préférable... Que fais tu en ce moment ? Timidement Christie répond :
- j’écris un roman, un roman pour enfants tante Amandine : tante Amandine, professeur de gymnastique aux muscles fermes regarde Christie avec attendrissement, Christie regarde Amandine cette splendide femme : ses yeux glissent le long de son corps moulé dans un jeans parcourent ses belles épaules, son buste solide et gracieux à la fois, sa taille souple, la légère enflure du ventre, la fine musculature des cuisses qui tend le tissus, ses yeux glissent le long de ses jambes. Christie admire cette belle femme à qui tout réussit. Sans enfant elle a reporté son amour sur Christie. Trente cinq ans d’épanouissement, ne les paraissant pas, saine, elle va dans la vie avec assurance. « Je ne sais pas combien elle a eu d’amis ... ! »
- Comment va Alex ?
- Bien. Ses beaux yeux violets lancent des éclairs, son corps d’athlète frissonne : il est merveilleux, je l’adore. :
Christie ne s’étonne pas de son admiration pour Alex. Elle la soupçonne d’avoir eu beaucoup d’amis : genre Alex. Souvent pour éviter de lui répondre elle se gratte la tête, écarquille les yeux, l’amène à la cuisine pour faire un thé.
Assises sur le canapé : à coté la petite table garnie des tasses de thé.
Amandine prend les deux mains de Christie, la regarde attentivement dans les yeux, pousse un long soupir.
- Ne me regarde pas comme ça tu me fais chavirer tante Amandine. Je me sens une âme de coupable !
- Tony ? (Il faut comprendre entre les mots, car Amandine est avare de mot)
- Il va bien, je pars à Londres samedi.
-Tu vois Christie ; je pensais…ton style correspond parfaitement à celui d’une hôtesse, Alex a beaucoup de connaissances il pourrait te pistonner si tu le souhaitais évidemment ! Il connaît une boite qui justement a besoin d’une hôtesse ; c’est une boite importante, sérieuse, je t’en parle, incidemment… Je t’en fais part au cas où tu serais intéressée. Je te vois… tu serais parfaite ma petite chérie. Christie s’attendait à tout, sauf à ça. Son cœur bat la chamade, elle doit faire des efforts surhumains pour ne pas exploser les larmes aux bords des yeux. Sans nul doute elle redoute un coup monté entre tous les quatre ; la colère qui allait la submerger fait place à un élan d’amour irrésistible pour ses quatre sangsues.
- Je te remercie beaucoup, j’ai un travail qui correspond à ma sensibilité, tu me connais ! Je vis avec mes personnages, ils m’habitent, ne prends pas à la légère ce que je te dis. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer : j’ai des amis, et puis, quand tu viens tu me fais tant plaisir. Amandine devant son impuissance hoche la tête, pousse un long soupir en regardant longuement Christie.
- Bon, je pars : au fait, ce soir je mange chez tes parents je dois te quitter, le trajet est long, j’ai deux correspondances : c’est trois-quarts d’heure au moins. Puis se saisissant de Christie, lui flanque quatre grosses bises. A bientôt, distrais toi surtout.
Chaque fois Christie reste coite lorsque tante Amandine part.. C’est nul doute qu’ensemble tous les quatre ils ont monté cette arnaque, un véritable coup monté. Perturbée par l’offre de tante Amandine elle se trouve fautive, mais après un long examen de conscience Christie ne peut s’empêcher de sourire. Elle retourne à son bureau, relit l’adresse du quotidien. - Bien, J’appellerai demain.
La vie de Christie n’est ni tapageuse, ni coûteuse : sa plus grande distraction est la grande surface : là, elle a toutes les commodités. Malgré des petits besoins elle aime se promener au milieu de l’opulence et du gigantisme qui la projette vers des horizons fantastiques.