Un morceau de ma vie
Nous étions assis l’un près de l’autre sur le banc à part le bruit habituel de la nature aucun bruit de voix d’aboiements de chien seulement quelques croassements par moment un rouge gorge lançait ses notes qui m’amenaient à effacer toutes pensées je ne pouvais m’en détacher, il était effronté et vigoureux puis ce fut le silence.
Une idée me bousculait, je cherchais à la placer, je m’agitais.
- Christie s’il y a quelque chose qui te dérange tu me le dis.
Je lui fis signe qu’il n’en était rien.
Mon amie il y a déjà un grand temps de ça s’était amusée un peu de moi gentiment elle m’avait raconté plutôt murmuré à l'oreille une histoire du temps passé me recommandant de garder le secret, je lui promis que même sur l’échafaud je me tairais. Je trouvais sa façon de faire charmante, il y a tant de moyens de communiquer : le téléphone fixe le mobile les s.m.s les mails, d’autres, bien d’autres encore que j’ignore.
Ses mots étaient secrets je lui fis donc la promesse solennelle de n’en rien dire à quiconque.
Elle m’avait envoyé bien longtemps en arrière dans un morceau de ma vie ;
Lucien près de moi lisait son journal le Monde j’avais toute liberté de penser.
Cela remonte à bien longtemps, l’époque a bien changé !
Ma tête dans mes mains mes coudes sur mes genoux pour mieux attraper ma pensée mieux voir je retrouvais les hommes livreurs de charbon.
A cette époque nous faisions livrer notre charbon à la maison c’était des boules d’anthracite et chez moi du portail au garage c’est long lorsqu’on a un sac de 50 kg sur l’épaule.
Je me recroquevillais encore davantage pour mieux voir.
J’étais très jeune à cette époque : avec netteté je vois ces hommes marchant le sac sur l’épaule une main le tenait l’autre assurait l’équilibre tête inclinée baissée le plus possible l’allure hachée, je les revois vider leurs sacs dans le garage puis retourner attraper l’autre le caller sur l’épaule et encore l’autre le visage marqué taché les mains tordues noires, je retrouve leur allure saccadée entièrement occupée par la lourdeur de leur fardeau. Je me revois avec maman aller cours du Chapeau Rouge à la maison Worms faire notre commande de charbon pour l’année puis un peu amusée je nous revois tous autant que nous pouvions le faire chacun aller avec notre seau à charbon ramasser ces belles boules d’anthracite pour charger la chaudière placée dans la maison.
- Christie ça va ?
- Ca va.
S’il m’arrive d’être fatiguée je pense à nos énergies qui nous ont tant adouci la vie et aujourd’hui malgré la fatigue de l’age je pars réconfortée avec une énergie nouvelle
- Christie tu lis cet article.
Lucien me fait penser à mon amie, il voit en moi une grande intellectuelle ce qui m’effondre alors il m’invite souvent à lire des articles sur son journal le Monde ; ces articles sont intéressants mais je reconnais humblement que j’ai du chemin a faire pour l’égaler ;
- Ca va bien Christie ?
Je lui pris la main en remerciement de ce moment paisible.
- Ca va Lucien.
Liliane Boyrie 29/04/2011