Qu’avez-vous Eloi votre travail vous donne satisfaction ? Vous semblez régénéré, ce n’est pas un reproche bien au contraire, votre allant est communicatif, les enfants s’installent paisiblement devant leurs devoirs, Candide est plus calme, vous donnez la paisible ambiance qui sied à nous tous, je suis manifestement heureuse. Un tout petit reproche qui ne concerne que moi : vous disparaissez souvent, vous allez dans votre cher Paris, vous marchez, marchez… à quoi pensez-vous dans vos marches solitaires ?
- J’élimine le stress de la journée, lorsque j’ai trouvé l’apaisement je vois les vitrines, les gens, c’est ainsi que je récupère et que je trouve c’est allant si joliment dit par vous.
- Vous avez des nouvelles de Céleste ?
- Oui Céleste aime les promenades dans Paris, je l’ai vu avant-hier, il m’a paru bien.
- Clémentine ?
- Il m’en a dit le plus grand bien : nous devrions les inviter.
- Au restaurant je veux bien.
- Tu appelles Clémentine pour vous mettre d’accord sur la date. Je ne sais pas pourquoi j’ai une réminiscence d’un moment passé chez le Grand Chancelier Delpech lors d’une sauterie où nous souhaitions l’anniversaire de sa fille, tu te souviens du comte de Tourne ?
- Oui, le comte de Tourne est très connu : un homme charmant à l’esprit brillant aux phrases percutantes qu’il assure avec de petits coups de canne, toutes les femmes l’aiment. Il porte une infirmité congénitale, son esprit brillant, pétillant remplace aisément ce manque. J’ai oui dire qu’il lui manquait l’essentiel pour féconder la terre, vous saisissez ?
- Toujours pas claire Marguerite : allez droit au but, voyons.
- Il est impuissant.
- Ah !
Il entend la voix de Délice ; Monsieur je suis entretenue par le comte de Tourne.
Cette extravagante nouvelle l’avait laissé sans voix, il avait pris la main de Délice l’avait pressée doucement puis lui avait donné un baisé sur les lèvres.
- C’est une très bonne nouvelle Délice, le célibataire endurci !
- Ca fait des mois qu’il vient dans le harem si discret qu’on ne le voit pas.
- Vous êtes la sève qui le nourrit Délice.
- Marguerite vous êtes l’instigatrice du bon déroulement de mes pensées, avec vous je vais vers des horizons inattendus, d’après vos dires nous avons rencontré le comte de Tourne ?
- Mais oui vous ne vous souvenez pas ?
- Vaguement.
- Je comprends il préfère la compagnie des dames, il aime les messieurs à l’esprit brillant comme vous Eloi.
- Maintenant en fouillant dans ma mémoire je me souviens avoir échangé quelques mots avec lui en effet.
- Vous sortez ?
- Oui.
Son rendez-vous ponctuel avec Délice chez madame Irène a pris une dimension nouvelle, le sentiment d’être moins intransigeant envers les autres, aussi une approche plus douce des autres, un sentiment d’amour doucement s’installe, il pardonne, absout, sourit, et dans ses promenades dans Paris dans les jardins où il va méditer il voit Délice, l’aperçoit, la retrouve, l’imagine, une bonté qu’il ne connaissait plus adoucit ses peines, des images défilent devant ses yeux, brillantes. Est-ce possible ! Est-ce possible ! Délice ! Il baisse la tête dans un acte de contrition.
Chère Délice comment avez-vous passé le début de votre nouvelle vie ?
- Je suis allée chez mes parents.
- Quelle joie pour eux de retrouver leur fille, ce fut !
- Oh… ! Oh… ! Ils étaient si tristes, si tristes ! Ils ne me parlaient pas leurs yeux étaient sans reproches, mon cœur éclatait de douleur, Ah… ! Excusez mes larmes elles débordent mes yeux, je ne peux me contrôler tellement ma douleur est grande, dans un hoquet qui l’étouffe : je les ai tué, tué. J’essayais de retenir mes larmes, de les rassurer, c’était difficile, j’aurais voulu me mettre à genou devant eux, leur demander pardon, nous étions si tristes tous les trois que les mots ne sortaient pas, les beaux cheveux de ma pauvre maman avaient des fils blancs, le dos de mon pauvre papa était courbé, j’étais effondrée. J’ai simplement dit, j’ai connu un amour fou, alors j’ai aperçu une lumière éclairer leurs visages et là monsieur j’ai compris qu’un jour j’aimerai follement !
- Ne vous mettez pas dans cet état Délice.
- Ils avaient fait un cake comme s’ils m’attendaient c’était si triste ! C’est mon gâteau préféré quel malheur ! Mon Dieu ! Nous nous sommes installés devant la table, le cœur n’y était pas ! Quelle tristesse ! En partant je me suis jetée dans leurs bras et je les ai inondés de larmes, j’étais secouée par des cascades de désespoir, ils m’ont pressé contre eux encore et encore puis nous nous sommes quittés, je leur ai simplement dit n’ayez crainte je suis bien, je reviens bientôt.
C’est un drame qui me poursuit suis-je maudite monsieur ? Je me pose de multiples questions, mes parents sont des gens simples aux envies simples enfin comme tout le monde, j’ai un chemin que je ne maitrise pas qui m’emprisonne comment je vais faire ! .
- Calmez-vous Délice, vous voyez tout en catastrophes, il y a du bon dans votre nouvelle vie chère Délice ;
- Allons dans ma chambre, je veux vous montrer quelque chose, un cadeau du comte, vous ne devinerez jamais.
- Un bijou ?
Délice prend la main d’Eloi,
- Ne cherchez pas : quelle curieuse idée
- Votre pièce a changé, vous avez un ordinateur !
- Attendez.
Les yeux brillants, coquins elle s’amuse de l’effet que va produire son cadeau sur Eloi.
- Un peigne dans vos beaux cheveux.
- Un jeu, c’est pas mal un jeu.
- Ce pourrait l’être…
- Voilà monsieur Eloi, elle tend un magnifique boulier.
- Ah ! Bien, on compte avec le boulier dans des pays.
- Le comte dit que j’apprends bien, je trouve amusante l’idée. Il faut pratiquer, essayons.
Dans la chambre de Délice avec sérieux Eloi est resté une heure à compter avec le boulier.
- Vous apprenez avec une rapidité ! J’aimerais vous présenter le comte.
- D’accord.
- Quand je fais une erreur il tape des petits coups avec sa canne, c’est suivant le nombre de boules. C’est un homme avenant, convenable, intelligent. J’attends impatiemment sa visite ainsi que la vôtre Eloi, je vous attends ; nous serons bien tous les trois ;
Oui Délice : tous les trois.
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