- Je ne comprends pas Eloi d’où vient l’idée au comte de Tourne de la Tournière de nous inviter à un repas : regarde la date ; j’ai vaguement entendu parler de cet homme ! Tu le connais ?
- Pas du tout. Il cherche sur l’annuaire des noms pour remplir sa table, il nous a choisi apparemment c’est étonnant, c’est bien de me le faire remarquer : après-tout c’est sympathique, quand ?
- Dans deux mois.
- Bien je vais me renseigner sur lui, j’ai ouï-dire qu’il écrit… vaguement. C’est la preuve que nous avons bonne presse sans doute. Je me souviens l’avoir vu chez … Ah ! C’est le trou noir, oui… je le vois avec une canne.
- Un très vieil homme !
- Non, une infirmité sans doute ! Ne perds pas l’invitation, nous irons, je suis surpris et curieux : une lubie de vieil homme !
- Si nous allions au restaurant ce soir je n’ai pas envie de faire la cuisine.
- Tu en as parlé aux garçons ?
- Non.
- David ! Candide !
- Ce soir nous allons au restaurant, tenez-vous prêts.
- Vous nous dérangez je jouais avec Candide !
- Je me dépêche je serai de retour avant neuf heures
- Hui heures plutôt.
- D’accord.
Devant un square Eloi s’arrête, hésite immobile attend un moment prend trois profondes respirations avant d’entrer.
Il a l’habitude d’aller s’asseoir dans un coin retiré mais aujourd’hui il prend le banc le plus proche, regarde sans voir autour, ses pensées vagues s’affirment le poussent à voir à comprendre cette sensibilité nouvelle qui lui fait voir Délice sa famille, ses proches, ses amis avec un autre regard et les questions sous- jacentes prennent une réalité qui le trouble.
Le temps compte ce soir.
Il pousse un soupir son portable dans sa main pris par toutes les hésitations qui le talonnent il hésite à appeler, tâte son portable soupire profondément, sa main nerveuse le presse, il le remet dans sa poche, le reprend le dos courbé la tête plongée sur le portable il appelle Délice.
- Allo ! Délice - Oui Eloi. - Ce soir ma Délice je ne peux pas venir, j’ai un empêchement je suis effondré. - Ne soyez-pas effondré, vous mettre dans cet état ! Soyez heureux Eloi, pensez à moi, c’est si bon de se savoir aimée ! Vous m’appelez imaginez la chance que j’ai, votre attention me touche mon ami, ce contre- temps nous montre combien nous sommes attachés à l’autre. Glissez vos doigts sur vos lèvres, pensez à moi. Eloi remet son portable dans sa poche soupire de plus belle.
Un jardin paisible où la nature prend ses droits, de petits oisillons s’approchent, disparaissent.
Eloi dans son état nouveau s’interroge, constate, désespéré. Il cherche à approfondir ce désir qui le pousse à aller dans la maison de passe de madame Irène et après maints allez et retours dans des réflexions contradictoires, maintes recherches qui lui font froncer le front il est sans réponses..
- Eloi vous froncez le front ! Vous avez une ride profonde là entre les deux yeux, pensez-y
Dans ce square loin du monde il médite et dans sa méditation dans son désarroi constate qu’il aime les maisons de passe, c’est assis sur un banc dans Paris qu’il comprend le drame de Délice, sa nouvelle vie qui va changer leur rapport, il se lève en soupirant, se rassure, on verra, rien n’est inscrit d’avance, je ferai face devant les évènements quels qu’ils soient, l’amour a plusieurs facettes les lumières les parfums les saveurs auront une connotation différente, le cœur léger il se lève mais tourmenté de nouveau se rassoit, le regard songeur lointain il se culpabilise, s’accuse presse son poing sur sa poitrine sent des coups de fouet, la bonne éducation ! Les nobles exemples qu’il a reçus ! Comment a-t-il pu tomber si bas ! Pour mieux se fustiger il se flagelle avec des mots ignominieux, suis-je si négatif, ai-je voulu tout ce stupre ! Mon Dieu aidez-moi ! Il entend une douce voix Délice, Délice, si belle si pure, si douce, tu l’aimes ! Une voix d’ailleurs.
Mon Dieu pardonnez-moi.
Sur le chemin du retour longeant les vitrines il s’arrête devant une attiré par les articles savamment disposés pour attirer le client il admire, saisit son portable – Allo ! Délice – Oui Eloi- Je t’aime, je t’aime infiniment, je suis avec toi, ton corps, ton âme, je dois te le dire, te le dire mille fois - Moi Eloi je le sais.
- C’est toi Eloi ?
- Oui.
- Candide !
Candide arrive un cahier à la main.
- Regarde maman si j’ai juste.
- Demande à ton père.
- Papa ! Papa ! Regarde, Candide tend son cahier tout fier.
- Je n’ai pas le temps, plus tard, au retour.
Candide lance des beuglements qui assourdissent Eloi l’oblige à protéger ses oreilles de ses deux mains.
- Arrête d’hurler.
- Je ne veux pas aller au restaurant.
- Regarde son travail tu en n’as pas pour longtemps.
- Pourquoi il n’obéit pas je dois …Bon allez montre-moi ça.
- C’est un calcul regarde
Candide tout fier calcule avec son père
- Comment tu trouves papa ?
- C’est bien Candide tout est juste. Tu remets ton cahier en place, tu nettoies ta figure.
Candide revient bougon
- Papa je voudrais rester là.
- Mais pourquoi tu mets tant d’acharnement à désobéir, viens. Qu’y a-t-il encore ! Ton frère vient et puis nous sommes heureux d’avoir nos garçons avec nous, tu y penses ?
- Tu es heureux papa ?
- Oui mon petit garçon.
Candide attrape son doigt ronronne quelques mots de gorge.
Le calme est revenu. Eloi soucieux rejoint Marguerite
- Cet enfant m’inquiète.
- Tu es maladroit avec lui, il a un désir de bien faire une volonté farouche.
- C’est bien ce qui m’inquiète ;
- Tu vois bien que tu as réussi tu lui as dit les mots qu’il aime.
- Quoi ?
- Tu lui as montré ton amour : C’est un enfant sensible !
Nous sommes prêts ?
En cœur.
- Oui papa.
. . .
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