03//07/2012
Le comte les deux mains appuyées sur sa canne les yeux fixes, figé se secoue pour sortir de cette léthargie qui le saisit, il se lève et dans la demeure résonne de nouveau le cliquetis de sa canne ; Il va de pièces en pièces meublées de meubles anciens puis se dirige vers la chambre de Délice qui fut la chambre de sa trisaïeule la comtesse Léa devant ses yeux un lit à baldaquin devant lequel il ne peut réprimer un sourire en pensant à Délice puis son regard s’assombrit devant le chambardement du déménagement, pousse un profond soupir.
Assis devant son bureau sa main sur le téléphone il réfléchit avant d’appeler Henri – Henri je suis dans mon bureau voulez-vous venir un instant s’il vous plait, j’ai besoin de votre avis.
Henri digne homme de sa profession s’exécute, se présente devant le comte.
- Monsieur ?
- J’ai la ferme intention de transformer les pièces « dans la mesure du possible » par quelques objets afin de décorer par-ci par-là, des décorations choisies par madame Délice, elle vous en informera, par contre les meubles de ma trisaïeule la comtesse Léa devront être remplacés, nous les déménagerons, et là, je suis embêté, je ne sais pas quoi faire : avez-vous une idée ?
- Je vais y réfléchir, monsieur vous êtes attaché à cette pièce avec ses meubles ?
- En vérité je n’y vais jamais, je la redécouvre, c’est curieux de retrouver ce passé que j’oubliais ! Je sens dans moi une petite déchirure faite de regrets une nostalgie, puis en haussant les épaules : il est bon de rajeunir toutes ces pièces que je vois depuis ma naissance et qui sont restées ainsi depuis des générations ; Je vous charge de prendre un déménageur pour sortir tout. J’avoue ne pas savoir quoi en faire ;
- Votre demeure du Var a un vaste sous-sol !
- C’est une bonne idée Henri, nous allons les expédier le plus vite possible.
- Je ne sais Délice si le comte vous a parlé d’une surprise partie chez monsieur et madame Britte ; nous avons reçu une invitation. Ils fêtaient l’anniversaire de leur fille Sylvie, leur fille unique. Aussi bien Marguerite que moi n’avions entendu parler des Britte, afin de nous en assurer nous avons dû la lire plusieurs fois la retourner dans tous les sens, regarder l’adresse plusieurs fois sans comprendre par quel tour de magie cette invitation était venue dans notre boite aux lettres. Curieux nous avons accepté, nous, nous sommes donc présentés à l’adresse indiquée. Les Britte accompagnés du comte nous ont reçu, le comte fit les présentations : monsieur et madame Britte sont des personnes simples, charmantes, qui au demeurant sont tout –à-fait normaux, un naturel agréable, on est à l’aise dès qu’on les voit. Tout ça pour dire chère Délice que le comte s’est arrangé pour faire connaissance avec Marguerite. Au demeurant Sylvie est une jeune fille ouverte, pétillante : un jeune –homme ne la quitte pas d’une semelle.
En fin limier il accompagna Marguerite tout le long de la soirée, elle fut conquise, vous le connaissez Délice, vous savez comme il peut être captivant. Il possède un don particulier de raconter des histoires, c’est un conteur magique, il a captivé Marguerite. Ils ne se quittaient plus.
Alors que nous partions il nous a réunis, moi, Marguerite, les Britte, leur fille, nous a dit :
Messieurs, mesdames j’ai passé la plus agréable soirée qui soit, je serais ravi que nous la continuions chez moi et, tant que nous sommes entre nous, j’aimerais que nous fixions une date si vous voulez-bien : ce fut fait. Donc nous avons refusé poliment, puis hésité, puis gentiment accepté. Ce fut très ingénieux de la part du comte : c’est un fin limier.
- Oui Eloi le comte m’a exposé les faits.
- Voilà Délice, vous êtes tellement naïve que je me permets de vous éclairer de la manière de vous comporter dans le monde. Votre beauté peut-être un obstacle aux relations humaines, surtout avec les épouses des messieurs ; Je n’ai pas à vous expliquer que nous nous verrons pour la première fois.
- C’est évident Eloi.
- Pas si simple Délice, il faudra occuper l’espace autour de vous avec discrétion, trouver un grand intérêt à parler avec ma femme, faire de moi un personnage négligeant, vous devez éviter que votre beauté mène à des hésitations, des gênes ; vous avez, ma tendre amie, si désirable, si particulière, si fascinante des dons que vous ne soupçonnez pas mais qui se dévoilent doucement, votre finesse, votre sensibilité accompagnent votre beauté sans en altérer l’éclat.
Dorénavant je viendrai dans votre appartement, dans un regard où se mêlent regrets et tristesse il regarde autour, avec un profond soupir exprime son ennui.
- Ce sera comme vous voudrez monsieur, je garde ma cousette.
- Vous me voyez ravi, c’est un bonheur. Puis d’un air détaché, désinvolte, madame Irène nous aurait manqué !
Ils s’enlacent se murmurent des mots doux.
Eloi muet d’admiration devant Délice en train de s’habiller, tout est grâce, sa façon de glisser ses jambes au galbe parfait dans son jean, de mettre son tee-shirt, d’arranger son épaisse chevelure, il goûte ce moment béni.
- Je vous accompagne Eloi.
La douceur des couleurs, le parfum subtil ont sur Eloi un effet salutaire : il est conscient des moments de bonheur avec Délice. Quelques baisers passionnés avant d’ouvrir la porte ils descendent les escaliers main dans la main.
En bas, madame Irène s’avance mains tendues
- Allons-nous asseoir là-bas dans le petit salon. Les yeux humides elle attrape leurs mains. Devant ses chers tourtereaux prise d’affection, d’onction, leur dit : si vous saviez, chaque fois en vous voyant je remercie le Seigneur d’avoir dans ce refuge d’âmes en peine : la maison de passe de madame Irène un couple digne de ce nom, amour, un vrai, pas galvaudé, il illumine ma maison ! L’ennoblit ! L’embellit ! Quel honneur pour la maison de passe la plus renommée de Paris ! Puisse votre amour durer très longtemps, puisse-t-il faire face avec courage à toutes les épreuves de la vie, puisse-t-il vivre le destin qui lui est assigné courageusement : c’est mon souhait. Elle s’élance, lance son chapelet en perles d’or de mots qui raisonnent dans sa poitrine, tapote avec sa pochette brodé de fils d’or ses yeux.
- Vous voyez Eloi comme tante Irène dans sa mansuétude nous envoie ses souhaits, ne trouvez-vous pas que madame Irène porte en elle une majesté digne de la représentation des lieux.
En particulier je tiens à vous remercier tante pour toutes les douceurs que vous m’avez données. Qu’en pensez-vous Eloi ?
Eloi regarde Délice, regarde madame Irène d’un air circonspect approuve par hochements.
- Nous avons la chance que notre amour soit découvert avec tant de perspicacité, de clarté, de grâce, c’est tout en l’honneur de madame Irène. Il se lève, salue.
- Délice voulez-vous m’accompagner un bout de chemin ?
- Oui Eloi.
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