25/01/2013
Comment ça va ?
Il trainait dans tous les domaines un sorte de lassitude qui l’accompagnait dans chaque mouvement – Il faut bien le faire disait-il à Marguerite qui lui faisait remarquer son manque de désir. Son passage partout où il allait laissait derrière lui une trainée d’ennui néfaste et le moindre effort supplémentaire à son travail le fatiguait. C’était le souci de Marguerite qui tentait vainement de l’envoyer voir le docteur, auquel il lui répondait tendrement- laisse chérie, je vais bien. Jamais il ne fut aussi tendre avec Marguerite et les enfants, comme après une longue maladie où les forces reviennent doucement, il se ménageait. Marguerite en tendre épouse l’observait discrètement et avec modestie elle exprimait ses sentiments d’inquiétudes. Marguerite Eloi et les enfants marchaient à pas feutrés ce qui donnait une atmosphère de maison de repos.
Eloi était rongé par ses inquiétudes, une jalousie sournoise, curiosité malsaine le poussait à se replier sur lui. Il s’installait au fond de la pièce, soupirait, dans le calme impressionnant les bruits claquaient secs, faisaient sursauter. Tous les soirs il partait dans Paris quelquefois il prenait soin de sa personne prétextant des réunions. C’était les mêmes mots, ils se répétaient tous les jours en famille.
Devant Délice il apparut plus sombre que d’habitude.
- Vous êtes malade Eloi ?
Eloi surpris par sa question directe, se saisit du livre le met de côté sans le regarder ; Il prend Délice dans ses bras, lui fait un baiser chaste, ce qui étonne Délice. Ils s’assoient en se regardant avec une tendre tristesse ; Délice influencée par l’humeur d’Eloi, Eloi avec ses incertitudes, la peur de ne pas trouver le prince Sergey , la crainte de ne jamais voir son rival, rongé par le désir qui le mine prend la main de Délice qu’il serre convulsivement ce qui arrache un cri de douleur à Délice.
- Pardonnez-moi, je vous aime tant !
- Monsieur Eloi, ne trouvez-vous pas que nous sommes renfermés, nous pourrions aller prendre le Métro, où vous voulez ?
Délice aime à sa façon Eloi, elle n’a plus le désir de vivre son retour en arrière, ses émotions dans un salon. Ses rapports sont faits de raison, elle s’y soumet, souple, sensible au respect que Eloi a pour elle. Eloi accepte l’abstinence imposé par Délice, tout comme il accepte le prince Sergey malgré la souffrance qu’il lui inflige il cède à tout ! Il accepte le prince Sergey dont il la sait follement amoureuse, dans sa recherche il va d’échec en échec, la souffrance s’installe de ne pouvoir lui donner la bonne nouvelle qu’elle attend.
Dans le salon d’été elle étouffe, Eloi pris de panique l’amène à madame Irène ;
Madame Irène avait quantités de fioles, en voyant Délice elle comprit de suite, elle saisit une fiole fit respirer Délice qui inhala le produit et retrouva ses couleurs. Elle avait pris Délice sous sa protection elle se permit de lui dire de penser à elle d’une façon positive – Tu te regardes dans la glace, tu vois comme tu es belle, et tu restes sur cette image. Imprime- là, garde- là dans tes yeux, surtout ne la perds pas, je parle de ton physique, mais ce pourrait être un moment de ta vie, un moment heureux. Tu es trop belle Délice, tu vois petite chérie, ici, ce n’est pas fait pour toi ! Je m’enorgueillis d’avoir créé cette maison, c’est mon domaine mais toi ma chérie, suis ta voie, elle est différente ! Lorsque je te vois je suis dans un autre monde, viens me voir, tu es chaque fois un cadeau de Notre Seigneur grâce à sa Rédemption, Délice est étonnée elle regarde Irène comme si elle la découvrait, elle invite Eloi à se lever.
- Tante Irène je vous suis très reconnaissante, je tiens bien à venir vous voir avec vous Eloi, mes amis Fraise et Wladimir, le comte. Eloi ému de voir les couleurs revenir sur les joues de Délice remercie Irène d’avoir su trouver les mots, d’aider Délice dans les moments difficiles.
- Nous pourrions conclure avec une coupe de champagne ?
Eloi entoure Délice de ses bras.
- Quand pensez-vous Délice ?
Avec une moue charmante elle remercie, explique qu’il ne faut pas manquer le rendez-vous avec le comte. Eloi reste impassible, il attend silencieux.
- Bien mes amis allez, que Dieux vous protège.
L’air du dehors doux, léger, caresse, sensibles Délice et Eloi marchent paisiblement, Délice hèle un taxi qui passe ; elle appelle Henri avec son portable lui demande d’avertir le comte qu’elle arrive accompagnée de monsieur Eloi de Risquetou
- Nous allons chez le comte.
- J’ai bien compris, malheureusement je ne pourrai pas rester longtemps ! Je vais appeler Marguerite, qu’elle ne se fasse pas de souci.
Qu’importe où elle l’amène, où il va, qu’importe ! Un soupir de soulagement de la voir heureuse avec lui, heureux il est.
Henri ouvre la porte s’efface, un petit salut ;
- Monsieur le comte est averti, il se retire.
Le comte vient à leur rencontre.
- Quelle idée excellente de venir Eloi, j’avais un trou, votre venue ne pouvait pas mieux tomber, asseyez-vous là. Justement j’étais en train de d’essayer de comprendre un décret qui vient d’être voté sur la prostitution, je butais sur une phrase ; Comment allez-vous mon cher, venez, installez –vous, là, plutôt ;
Délice arrive avec un plateau, rayonnante, elle fait sauter le bouchon de la bouteille de champagne, fière de faire le service.
- Vous avez ma chère la cote auprès de Rose. Je connais ma cuisinière elle ne prête pas sa cuisine facilement, c’est son fief, mes félicitations, ça vous va à ravir, j’avoue être sensible devant votre initiative, quant à nous ! Il se tourne vers Eloi, je n’ai pas de mots pour dire que la comparaison est incomparable ? Je comprends votre trouble.
- Vous êtes à la fois galant envers moi (vous savez si bien faire) et méchant envers Rose. C’est vrai j’aime bien aller fourrer mon nez dans les casseroles. Dans les débuts elle était ombrageuse, maintenant j’ai gagné sa confiance, elle m’accepte, j’espère sans trop d’ennuis.
Jamais elle n’eut tant de plaisir à trinquer, la conversation glissait dans leur travail, le travail dans la société ; la concordance de leurs pensées sur les problèmes actuelles donnait aux mots échangés une entente, une ambiance calme.
Personne n’évoqua le prince Sergey comme si dans une entente tacite ils s’étaient donné le mot de ne pas en parler ; Dans le cœur de chacun le désir de préserver Délice était l’essentiel. Inconsciemment Délice elle aussi avait choisi de passer une soirée qu’elle avait improvisée, dans la paix. Eloi regarda l’heure, s’excusa de ne pouvoir rester plus longtemps, de devoir partir, remercia le comte qui fit son tour de jonglerie avec adresse ce qui fit pousser des exclamations de surprise à Eloi, puis les félicitations de Délice. Le comte était ravi, c’est joyeux qu’il accompagna Eloi à la porte
- j’appelle Firmin. A bientôt cher ami votre compagnie est gratifiante, merci, à très bientôt.
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