Dans cette nouvelle relation avec la dame de la twingo
Assis en bordure de la grille
Sur une chaise face à face
La twingo en bordure du trottoir
- Ce n’est qu’une ondée monsieur
Assis sur une chaise face à face dans l’enclos près de la murette, la twingo en bordure du trottoir, l’homme à la tondeuse et la dame à la twingo devisent calmement, parapluies ouverts. Depuis plusieurs mercredis ils sont assis là, murmurant… papotant …fermant les parapluies, ouvrant les ombrelles, s’habillant plus chaudement, se découvrant, le cher homme amoureux à en perdre la tête suit toutes les fantaisies de la dame. Il oublie ses problèmes et ne pense qu’à sa dame ; leur nouvelle vie mal adaptée aux intempéries : pluies diluviennes, froids sibériens sont dénués de bon sens pour le brave homme. Il avait combattu toutes les attaques diverses des océans déchaînés pourtant là, en se référent à sa longue expérience, cherchant à se souvenir des conseils apportés par les grands savants psy, ces médecins des âmes en dérive afin de calmer son agitation enjambe sa pelouse en se tapant sur sa poitrine. Emporté par l’émotion, le désir ardent d’avoir la dame dans ses bras, tapant de nouveau sa poitrine d'une voix à envoyer tous ses matelots sous terre, il hurle : la twingo !
Devant les livres sur la Sagesse bien alignés sur l’étagère elle glisse une main légère, longuement les regarde, médite, dans un profond soupir leur tourne le dos. La dame vit ses jours dans l’attente de ce mercredi, n’a de pensée que pour le fascinant géant des mers. L’homme ne tarit pas pour plaire à la dame de raconter ses aventures sur sa pinasse lorsqu’il était en mer déchaînée. Son art pour les raconter avive la curiosité de la dame, et, c’est avec impatience qu’elle attend le mercredi suivant. La dame à l’imagination féconde s’élève avec l’homme dans les éléments déchaînés. Elle fond en lui, envahie par des sensations brûlantes, envoûtantes
La dame de la twingo est amoureuse de l’homme à la tondeuse à gazon et face à ce séisme qui l’a frappe en plein cœur, la gorge serrée elle revoit le vieil homme, elle entend sa voix chaude, tendre , puis, s’imprime l’image d’un homme sur sa tondeuse à gazon, la tête émergeant du tas de ferraille, alors prise d’un fou rire qui s’envole vers une musique lointaine, lointaine, la tête appuyée sur le volant de sa twingo : Ah !
Ce mercredi, assis face à face leurs chaises rapprochées, le soleil dans leur cœur, sur la pelouse, sur la twingo
Penaud : madame ! Un regard vers la twingo
Elle est belle,
Elle brille
Ne vous fatiguez pas trop à la lustrer
Non
A mercredi !
Liliane Boyrie 02-01-2010