Elle s’active sans ennuies, sans tourments, sans fatigue
Un peu d’eau à ses plantes, un petit air fredonné
Aujourd’hui mercredi c’est le jour
De l’homme à la tondeuse à gazon.
La dame de la twingo martyre de ses livres sur la sagesse prend conscience rien ne serait plus sage e ne plus les lire.
Un regard circoncis devant ses livres rayonnants dans leurs belles dorures, bien alignés sur l’étagère, dans un bon entendement et dans un dernier regard sur ses livres sur la sagesse elle les prend un par un avec délicatesse, les feuillette négligemment... Dans sa bibliothèque elle va retirer des romans pour les remplacer par des livres sur la sagesse, des livres de philosophie. Elle s’active gaiement, alerte, joyeuse, libre. Un peu d’eau à ses plantes… un petit air fredonné, gaiement elle furette par ci, par là, jette un coup d’œil au ciel. Elle a en tête d’aller à pied voir son amoureux : l’homme à la tondeuse à gazon. Une pirouette par ci, une pirouette par là, elle va enfermer sa voiture dans le garage, ensuite munie de chaussures de marche, de son ombrelle pour protéger sa peau fragile, l’esprit tranquille elle va vers la maison du mystère : à peine un kilomètre cinq cent. Elle s’amuse à l’idée de voir la tête qu’il aura de la voir sans la twingo.
Aujourd’hui mercredi c’est le jour de l’homme à la tondeuse à gazon.
Emu par la dame, l’homme s’inquiète et s’interroge sur les malheurs annoncés par la dame de la twingo. Il ne comprend rien. Encerclé par les tourbillons dévastateurs des océans, le géant des mers lointaines gagnant sur tous les tableaux, combat avec l’énergie connue du monde de la mer les tempêtes où l’épicentre serait la dame de la twingo. Tourmenté à l’extrême, retrouvant ses réflexes anciens il attrape ses appareils de navigation : longues-vues, cordes, chaînes, jumelles, ancres, effondré, dépassé par la dame aux bizarres idées, dans un dernier sursaut de désespoir le cher homme cherche autour de lui les esprits tant aimés de sa dame.
Ah ! Madame. Pourquoi ! Mais pourquoi !
Il parcourt ses pièces, il parcourt son enclos observe avec attention sa maison, dans un râle douloureux.
Je l’aime tant
Depuis un instant les chaises installées l'homme amoureux attend sa dame. Les yeux fixés sur la route en attente de la twingo il ne voit pas la dame.
- Monsieur bonjour.
Même dans les moments les plus tragiques il n’a connu d’émotions aussi intenses.
- Madame, qu’avez-vous fait de votre twingo ? Pas d’accident ! J’espère.
Négligemment avec un léger balancement d’épaules.
- La douceur du temps, la limpidité de l’air m’a poussé à marcher : juste un kilomètre cinq cents !
Le vieil homme tend la chaise à sa dame
- Asseyez-vous madame.
- Votre semaine s’est bien passée ?
- Oh ! Madame, mes semaines sans vous ne sauraient exister !
La dame très près de l’homme.
- J’ai réfléchi, je me sépare de ma twingo.
- Je n’ose y croire, vous l’aimiez tant ! « L’homme est fou de joie »
La twingo de malheur !
- C’est vrai ; mais je ne voudrais pas terminer ma vie avec ma twingo.
Je rêvais devant votre maison chaque fois que j’allais au bourg de Pessac ! Je partais monsieur vers une autre histoire.
Liliane Boyrie 2010/ 01/ 10