: C’est moi qui vais me faire du souci pour toi ! Manie est une jolie femme qui ferait battre bien des cœurs… un visage triangulaire, des pommettes saillantes, des yeux bleus légèrement enfoncés au regard vif, des beaux cheveux blonds « elle a choisi une très jolie couleur, » des fossettes lorsqu’elle sourit : Manie vit ses années sans complexe, « elle en paraît vingt de moins », souple et svelte encore.
- Tu te débrouilles bien Christie ?
- j’ai mon ami.
- Nous nous faisons un sang d’encre pour toi ! Présente nous le ! J’aimerais faire sa connaissance.
- Il habite loin, il ne vient pas tellement souvent, et lorsqu’il vient il préfère tu comprends bien être avec moi. Je le rejoins à Londres : mais sois rassurée il est très bien.
- Ce que je veux ma chérie c’est que tu sois heureuse : qu’est ce qu’il fait ?
- Il est dans le commerce international : import, export : c’est tout à fait le jeune homme que tu aimerais me voir fréquenter Manie, je l’amènerai un jour, mais il y a le temps encore... Il est parfait sur tous les points.
- Mes prières vont vers toi Christie, nous t’aimons tant ! Est-ce que tu crois en Dieu ?
- Je crois en des forces incontrôlables que l’on ne doit pas provoquer : Maman m’en parle… Je pense aussi…. Mais enfin ! Que veux tu qu’il m’arrive ! Arrête de t’inquiéter toujours.
- D’où te viens cette idée d’écrire des romans ma petite fille, dans la famille je ne connais pas d’écrivain.
- De toi, Manie.
Sans prêter attention à sa remarque, songeuse, Manie lui prend les mains : tu as fait ce que tu aimes ! Te savoir heureuse est l’essentiel pour moi. « Manie lui cache les peurs quelle a pour son avenir de romancière » Tu vas avoir bientôt vingt six ans pourquoi fêterait on pas ton anniversaire avec ton ami ?
- N’insiste pas nous ne sommes pas assez surs, l’un et l’autre : c’est encore incertain tu comprends Je sais, c’est votre désir le plus cher à vous tous de le voir : un jour je vous le présenterai ! Mais pour l’instant Tony et moi devons apprendre à nous connaître davantage, je préfère attendre. Devant le désappointement de sa grand-mère, attristée elle lui prend les mains : c’est mieux ainsi je t’assure : tu conviendras qu’il fallait que je fasse une vie indépendante. Je ne pouvez plus rester Manie c’était impossible : trop de bruit, trop de scènes, trop de pression : je pense à vous tous les jours, et puis, nous nous voyons très souvent. J’habite un endroit où je suis bien, je ne m’ennuie pas. J’ai les autobus tout près qui m’amènent rapidement dans le centre de Paris, tu comprends! L’environnement est parfait. En caressant ses mains elle tente de la rassurer. Ne te fais pas de soucis : tout va très bien pour moi, tout va bien Manie pour moi. Elle étire ses membres, se vautre sur l’épaule de Manie en retrouvant ses gestes de petite fille : raconte moi Manie, raconte...
- Tu te souviens du petit caneton qui était parti faire sa vie un peu trop loin, et qui ramait tout apeuré pour rejoindre sa mère, ses frères plus sages : Christie se coule près de sa grand-mère soupirant de bonheur. Le sorcier et son petit éléphanteau, le fantôme !
: Ah ! Oui ! Qui portait des bonbons aux enfants sages ! : A cette pensée Christie pouffe de rire dans le giron de sa grand-mère, ses yeux chavirent, elle flanque une grosse bise à sa très chère grand-mère, puis calmée, murmure, c’est bon, c’est bon.