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- Chérie, pourquoi tu n’as pas un ordinateur avec Internet nous pourrions communiquer : Christie téléphone souvent à sa tante.
- Quelquefois j’y pense : peut être un jour…
- Tu verrais les avantages de l’ordinateur, ça te soulagerait ..
- Je n’en doute pas mais pour l’instant je continue avec ma pointe bic et puis c’est une reconversion qui va me perturber. J’ai peur que l’ordinateur tue mon imagination. : Amandine n’a pas insisté :
Des fleurs dans la main Nanette arrange dans un vase un bouquet de pivoines : elle se tourne vers sa sœur Amandine, Alex pourrait faire un effort.
- Il avait un rendez vous, tu sais comme il est indépendant !
- Tout de même.
Tu as des nouvelles de Christie ? Manie muette jusque là meurt d’envie d’en savoir davantage.
Elle bondit : elle s’est amourachée d’un certain… Mathieu je crois...
- Allons maman son nom est Tony. : Maman n’est pas gâteuse c’est seulement une provocation.
- Qu’importe nous ne l’avons jamais vu. Si je le voyais d’un seul coup d’œil je m’en ferais une idée. Je ne passe pas une heure sans penser à ma petite Christie : elle était si pleine d’attentions pour moi !
- Pourquoi tu parles au passé maman, je pense que tu aurais toujours un jugement défavorable pour lui, même aurait-il toutes les qualités !
- Voyez- vous chez Christie ce qui me tourmente c’est son regard.
- Qu’est-ce qu’il a son regard ?
- Il ne cède pas et puis elle ne fait que ce qui lui plait même devant la plus énorme bêtise elle ne cèdera pas.
- C’est la preuve d’une forte personnalité.
- Tu vois comme tu la défends ! Tu en as fait ce qu’elle est ! Une romancière ! Pourquoi pas une artiste peintre tant qu’elle y est ! Et qui sait quoi d’autres hélas! J’ai peur « Manie lorsqu’il s’agit du bonheur de sa petite fille se battrait contre la terre entière ». : Pourquoi nous présente t-elle pas, comment…
- Nous avons fini de nous disputer, c’est Tony Maman, pourquoi tu joues cette comédie Manie hausse les épaules sans répondre.
- Que dit Amandine ? Elle se range de son coté évidemment ! Amandine est solide, elle, mentalement. Son métier de professeur de gymnastique est plus qu’honorable. :
L’interpellant
- Amandine : étant ta mère je me permets de te dire ce que je pense. Je trouve ta vie un peu déréglée je sais, tu vas me dire : ça ne te regarde pas mais j’aimerais avoir des petits enfants. C’est une maison de filles ! Fais nous un garçon. Hector ne s’est jamais occupé de sa fille, il ne pense qu’à ses plantations, ses plates-bandes… Quant à ton ami Alex il ne fait que ce qu’il veut. Nos hommes dans cette maison rejettent la réalité, ils se déchargent des responsabilités sur nous les femmes : Amandine ne réussit pas à se fixer, quant à Christie Dieu sait ce qu’elle fait ! Je m’en veux de ne pas être un homme ça aurait marché droit.
Amandine et Nanette se regardent se mordent les lèvres pour ne pas rire. L’entrée d’ Hector met fin à leur dispute..
- Ouf…je n’en peux plus je viens de désherber un semi de carottes qui était envahi par les mauvaises herbes je suis fourbu. Ma plate bande est impeccable, venez voir !
- Tout à l’heure
il jette un regard autour de lui, sur la table préparée, la nappe fleurie, les tasses de thé, l’habituel décors qu’il voit tous les soirs.
Tous les soirs assis autour de la table ils se retrouvent pour le thé, dans ce moment de détente où l’on parle du travail de tout et de rien…
Christie se remémore ces moments où autour de la table l’on bavardait en prenant le thé, des mécontentements dont elle était l’objet…
- Il est très bon Nanette.
Le temps n’a rien changé. C’est toujours les mêmes gestes, les mêmes mots les mêmes inquiétudes, les mêmes interrogations :
Amandine ! Vas voir Christie à savoir ce qu’elle fait mon Dieu ! : sa petite fille chérie est un tourment continuel pour Manie aussi elle charge sa fille Amandine son messager de lui donner des nouvelles.
Maintenant dans les cœurs de Nanette, d’Hector de Manie, d’Amandine un fond de tristesse s’est installé lorsqu’ils sont autour de la table pour savourer leur thé sans leur petite chérie, et qui sait ! S’ils ne se disputent pas encore en s’accusant réciproquement de ne pas avoir fait ce qu’il fallait, de l’avoir laissé échapper !
Tout est en ordre dans son appartement. sur son bureau ses feuilles, ce soir elle veut travailler, quelques pas vers sa fenêtre… un coin de ciel entre les blocs… des balcons fleuris… un vol d’oiseau… un passant…. Christie peut décrire les événements qui se passent dans la journée à toutes heures, elle connaît les habitudes de chacun, les fenêtres qui s’ouvrent, les rideaux qu’on tire, les fleurs qu’on arrose. Un voile translucide s’étend sur la cité obscurcit la pièce. Sur son bureau les feuilles s’empilent les unes sur les autres dans un ordre parfait. Elle relit le travail de la veille fait des corrections. ! Préoccupée par une pensée qui la travaille depuis quelque temps elle marmonne. : Est-ce qu’il n’y aurait pas une part de chance et qu’il faut saisir lorsqu’elle se présente, qu’il faut vivre le plus heureusement possible, est-ce qu’il n’y a pas moyen de gérer sa vie? Est-ce que l’on choisirait sa vie ? Gérer des émotions qui nous poussent vers des chemins différents ? Christie préoccupée par ce couple qu’elle n’arrive pas à saisir s’isole dans des pensées lugubres et dans ces moments là elle entend sa Manie : Ta fille est élevée sans principes, sans règles, dans l’anarchie totale Tu dois la diriger lui indiquer la route à prendre , j’ai peur Nanette : Quel malheur attend Christie avec une telle éducation. Elle te fait marcher : comment peux-tu ne pas le voir ! comment peux-tu accepter sans rien dire tous les tours qu’elle te fait. Oh ! Mon Dieu quoi faire ! Quoi faire !
Le téléphone la fait sursauter :
- Allô : Christie chérie ?
Sursautant elle bégaye,
- Tante… Amandine…
- Ca va bien ? Je te trouve bizarre : j’entends à peine, ta voix est bizarre, Je pense à un jogging un de ces jours.! Oui ? C’est bon ? Sans attendre la réponse elle enchaîne : si tu voyais le cadeau que m’a fait Alex pour notre quatrième anniversaire ensemble
- Je te ferai la surprise. O.k pour un jogging, on se met d’accord pour un jour, mercredi ?
- D’accord, j’aime t’entendre tante Amandine.
- Tu vas bien ?
- Ca va. J’étais très occupée avec mon roman.
- C’était une impression, mais vraiment tu me sembles tracassée , à mercredi chérie.
- Mercredi tante Amandine, c’est bon.
Elle plonge sa tête dans son roman avec difficulté. Avec une bonne respiration retrouve son courage
Tourmentée par ses pensées Christie tassée sur sa chaise se sent fautive (seulement quelques secondes). Un va et vient dans sa pièce, accoudée sur le rebord de la fenêtre un regard circulaire, un voile de brume enveloppe doucement la cité ; elle se demande qu’elle main géniale a fait courir son fusain dans cet espace infini. Christie rêve à ce couple, résignée. Elle retourne à son travail mais incapable de travailler elle panique. Secouant ce carcan qui l’emprisonne elle cherche son portable. Allô ; Tony ? Allô… Allô... rien ! Elle est bien seule ! Décontenancée le portable dans la main, le pose. Retournant à sa fenêtre elle regarde la brume gommer doucement les balcons fleuris. - Allô ! Tony j’avais le blues un besoin de te parler. Figure toi je me suis mis une histoire dans la tête qui me tourmente, je t’en ai parlé ! Oui, vaguement... C’est beaucoup trop sérieux pour que tu le prennes à la légère. Je t’assure que je suis très embêtée. J’ai le sentiment que je suis poursuivie par une malédiction et que personne ne peut m’aider. Je me suis lancée dans une voie sans issue dont je suis prisonnière. Je fais des efforts pour suivre tes conseils ! C’est à se taper la tête contre le mur je n’y arrive pas. Je m’embarque toujours là où il ne faut pas, il y a comme un rejet dans ma tête : je ne sais pas comment t’expliquer – Tu devrais venir vivre à Londres avec moi Christie - Je vais faire un saut à Londres. Je sais que tu veux m’aider Tony. J’ai hâte de te voir, j’ai envie de toi. Je suis fatiguée par toutes ces émotions mais je suis mieux déjà de t’entendre. Ne t’inquiète surtout pas. Il faut dédramatiser j’amplifie tout tu sais bien ! Et toi ça va ? - Débordé...- mille baisers je t’aime il me tarde d’être dans tes bras.
Il aurait pu lui parler de ce couple aperçu en entrant dans sa résidence, cet autre avec lequel il a échangé quelques mots alors qu’ils étaient dans l’ascenseur, celui qu’il a vu de dos entrer dans l’appartement voisin. Dans ces moments là Tony leur jette un coup d’œil rapide, allonge le pas se persuadant que Christie par son travail a tendance à extrapoler. Il est persuadé qu’il doit garder son sérieux, garder la tête froide. Pour lui tout doit s’expliquer avec bon sens, avec logique. Il aime Christie qui le surprend par ses cotés imprévisibles, amusants provocants : ses habits originaux, et si de temps en temps cette histoire de couple l'embarrasse il réagit en haussant les épaules.