CHAPITRE 7 Elle cherche un article bon marché : la bonne affaire. Devant le rayon de pantalons après en avoir essayé plusieurs devant la glace sans trouver ce qu’elle veut elle remet tout en place, cherche plus loin. Des caddies plus ou moins remplis remuent dans tout les sens créent des embouteillages, Christie les yeux braqués sur son caddie entraînée par le mouvement, avec énergie pousse son caddie croise, frôle les gens. Ces moments sont pour elle facteurs de détendent. Nulle part ailleurs elle ne trouve cet équilibre que lui procure la grande surface. Voilà dix minutes qu’elle est à sa caisse 17 à attendre le couple. Torturée à l’idée de ne pas le voir elle sent une profonde fatigue, son moral est au plus bas. Ce piétinement, cette attente, la peur de ne pas le voir l’épuisent C’est son deuxième vendredi sans, démoralisée elle part s’asseoir dans son coin préféré : la librairie : le passage est obstrué, enfin avec beaucoup de patience elle arrive à son banc. Christie s’assoit, regarde sans voir… Dans un profond soupir pour évacuer son stress elle palpe son carnet son stylo elle furète, fouine, cherche. Ses yeux s’écarquillent devant les couples : elle voudrait comprendre, Devant elle un garçon une fille main dans la main, charmants tous deux, jeunes, amoureux, si innocents qu’elle en a le cœur serré ; à force de regarder son cou s’allonge, puis se ressaisissant elle médite. C’est bien eux, tous les deux, si gauches, si discrets, si pudiques qui m’émeuvent. : Elle offre un spectacle bizarre à qui l’observerait, un regard tantôt vague ou vif, quelques soupirs se mêlent à quelques murmures pour enfin prendre la décision d’écrire.
Depuis un moment Marie attend Théo elle est au bord des larmes, voilà un moment qu’elle attend Théo ; mais au milieu de ce labyrinthe de rayons qui l’entourent, tous plus opulents les uns que les autres elle ne sait pas quoi faire, elle a envie de courir autour des rayons pour retrouver Théo ! C’est un véritable tourment ! Quoi… faire… Attendre… Elle n’a qu’une envie courir dans tous les sens, à défaut elle regarde autour d’elle désespérée de ne pas voir Théo. Son imagination galope, elle a peur de ne plus le voir. A cette idée elle sent ses jambes mollir. Enfin Théo arrive, décontracté, souriant.
Pale, les larmes aux bords des yeux elle apostrophe Théo :
- Mais enfin où étais tu ?
- J’étais au rayon des nouvelles technologies, c’est très intéressant, tu devrais venir voir.
- Moi je t’attends là.
- C’était entendu que l’on se retrouvait là.
- J’ai eu peur Tony. C’est tellement grand ici.
Tu ne penses qu’à toi ; je ne te croyais pas comme ça : les larmes aux yeux : imagine si on s’était perdus à tout jamais ! Théo stupéfait n’en croit pas ses oreilles, piteux il ne répond pas : cette fois la dispute est sérieuse. Marie est blessée dans son cœur, dans son orgueil : Théo est plus sérieux d’habitude, plus attentif envers elle, cette légèreté la peine profondément.
Théo tente de reprendre ses esprits.
- Mais pourquoi t’inquiètes- tu ? Que crois tu qu’il peut m’arriver ici, voyons !
- Enfin Théo, te rends tu compte de tout le temps que j’ai passé à t’attendre, je ne sais pas, un quart d’heure au moins ! Si je faisais comme toi nous ne nous retrouverions jamais ! :
Théo culpabilise, contrit il courbe le dos : fautif aux yeux de Marie il se tait : c’est mieux, ainsi. « Marie est obsédée par l’idée qu’elle aurait pu ne jamais le revoir, elle n’arrive pas à sortir de cette obsession »
- Comment veux tu que je te trouve si on se sépare tout le temps, dans toutes ces allées, au milieux de tout ce monde, de tous ces rayons, de tous ces articles qu’elle balaie de son bras, avec tout ce bruit, tout ce monde, que j’en ai la tête qui tourne. Après ça ! Tu voudrais que je sois calme ! Et tu t’étonnes que je sois inquiète ! Tout peut arriver tu comprends bien. Accablé, par toutes les catastrophes que lui fait entrevoir Marie, Théo sinistre essaie en poussant un long soupir de voir plus clair en lui.
- Enfin Marie tu vois les choses en catastrophe ! Ton imagination te joue des tours.
- C’est comme ça, que ça arrive; toujours. Théo n’en croit pas ses oreilles : il essaie de raisonner Marie qui délire complètement.
- Qu’est ce qui doit arriver : toujours.
- Tout. .
Après l’avoir regardé longuement il lui prend la main, l’entraîne vers les caisses. Déçus, ils vont à leur caisse. La file est longue. Ils cherchent, s’épient discrètement, péteux, malheureux.
L’inquiétante personne n’est pas là.
Qu’est ce qui peut bien l’attirer ! Elle ne peut pourtant pas s’empêcher d’être fidèle à ce moment : ce désir d’aller à la caisse 17 à la même heure tous les vendredis pour rencontrer un couple est quelque chose qu’elle n’arrive pas à contrôler. Sa caisse bien aimée « la 17 », lui offre un moment qu’elle ne veut surtout pas manquer, ces moments qu’elle s’impose avec le couple, cette communion qu’elle a avec lui est incompréhensible. Et tous les trois ils se retrouvent à leurs caisses respectives, la 16 et la 17 Elle accélère le pas vers la sortie : dehors un brouillard poisseux la suffoque, lui brûle les yeux, l’oppresse. Arrivée dans son appartement elle prend sa douche, enfile son pyjama, ébroue ses cheveux, les sèche, se frictionne pour se réchauffer, prend son portable.
Fatiguée par ses doutes, par son imagination galopante « car elle se pose mille questions » par ses scénarios qu’elle aime inventer qui la font vivre, certaine qu’un jour ses craintes seront résolues, que ce jour viendra, et, avec cette conviction elle retrouve des forces.
Elle pense à ses amis Stéphane et Julie : Stéphane peint dans ses moments de loisirs. Devant ses tableaux elle cache sa déception afin de ne pas blesser son ami elle lui fait des compliments se compose un visage satisfait.
- C’est ton dernier tableau ?
- Je travaille plusieurs à la fois afin qu’ils sèchent
- Tu m’en donneras un : celui-ci me plait
- Je te le donnerai lorsqu’il sera sec.
Elle revoit le bonheur qui rayonna dans ses yeux .
Christie est démangeait par l’envie de lui dire ce qu’elle en pense. Devant ses tableaux, navrée, sans jamais lui formuler une critique, jamais lui faire une allusion sur la pauvreté de ses couleurs, son manque d’imagination, sur la banalité de ses sujets, sur des copies revues ! Il est si heureux ! Si fier de lui.
Elle connaît ces moments où elle entend la voix de Manie, étonnement elle s’efforce à retrouver les grincements entre sa mère Nanette et sa Manie.
Christie écoute Maman allons, regarde les bêtises que tu fais. Nanette comment peux-tu la laisser faire, tu lui prépares une vie difficile avec cette éducation. Comment Hector peut-il accepter ça, il la gâte outrageusement, je m’inquiète pour ma petite Christie. Mais ne t’inquiète pas Maman, je la connais, je sais qu’elle ira tout droit ves la voie qu’elle va se tracer, que rien ne l’arrêtera. Ne t’inquiète pas Maman. Et Manie, pauvre Manie en désaccord avec sa fille prie la Sainte Vierge d’aider sa petite fille.
Elle écrivait pendant les cours, dessinait sur les marges de ses cahiers. S’amusait avec la copine plutôt que d’écouter le professeur, des notes désastreuses, personne ne la contrariait, sauf Manie. Elle a passé ses examens de justesse. Elle s’amusait à écrire des nouvelles. Ne trouvant d’intérêt en rien elle a écrit . Plusieurs essais infructueux, puis un hebdomadaire c’est intéressé à elle.
Devant la fenêtre en face des blocs, les lumières vives s’avancent vers elle comme pour l’ensevelir. Elle s’accroche aux rideaux qu’elle tire d’un mouvement sec. Préoccupée par cette étonnante situation dont elle n’arrive pas à se dépêtrer elle prend une sage décision : attendre à demain pour réfléchir. Elle s’effondre dans son fauteuil, épuisée, s’endort. La sonnerie du téléphone la réveille : c’est son ami Stéphane.
- Christie, c’est Stéphane. Bonjour comment vas-tu ?
- Bien.
- On pourrait se voir : demain peut être ?
- Demain si tu veux.
- Tu parais endormie, je te réveille ?
- Je dormais. Je ne suis pas encore réveillée, je somnole encore mais je t’entends quand même. D’accord pour ce que tu vas dire, tout ce que tu diras sera bien. C’est bien que tu m’aies réveillé, d’accord ?
- Ah ! J’en suis désolé.
- C’est bon ! Tu ne me déranges jamais.
- Tu connais un restaurant pas trop cher ?
- Il y en a un pas loin de chez moi, correcte, j’y suis déjà allée, bien.
- Eh ! bien, d’accord. Nous arrivons à midi..Il y a un film pas mal en ce moment, il s’appelle : le désert dans la nuit : la critique est bonne.
- O. k.
- Julie, ça va ?
- Elle n’est pas rentrée, elle m’a chargé de t’appeler. Elle va bien.
- Bisous à vous deux, à demain.
- Tu viendras voir mon dernier tableau.
- Oui Stéphane.