et il partit. Je savais qu'elle m'apportait la sève que j'allais travailler et qui allait faire grandirma pensée. Elle fit irruption dans ma pièce et je me demandais parfois si elle ne tombait pas du
ciel tant ses visites étaient étranges. Je devais descendre de mon escabeau car elle restait là
tête tendue, la bouche en forme de coeur, et dans cette attitude des plus charmante car elle
battait des cils( c'était son expression ) elle arrivait à m'émotionner si bien que fébrilement
je ressaisissais mes pinceaux et lissais, lissais ma toile jusqu'à épuisement de mes forces
Elle connaissait son pouvoir et c'est avec une grande finessse, une grande perspicacité
des choses et des êtres, avec un intérêt croissant envers mes oeuvres qu' elle s'infiltrait
habilement dans ma vie, tellement, je ne savais plus si c'était elle ou moi qui tenait le pinceau
- Si tu savais ma chérie! Je suis entourée de mafiosi et mon grand malheur (d'après eux )
Je suis comme un poussin qui a perdu sa mère et qui s'en va dans tous les sens.
- Répète. J'aime la faire répèter car elle met dans les choses peu banales une telle candeur
que j'ai un malin plaisir à m'en gaver . Tu crois ?
-Eh! Bien oui, je suis cette chose là. Et en ce moment il m'en arrive une belle; C'est impensable.
Impensable. Impensable. Lucie ma plus tendre amie, mon impalpable, mon insaisissable, était
devant moi bouleversée, et Christie du haut de son escabeau 'assistait impuissante à sa tragédie.
Liliane Boyrie 06 08 2010