Lucien avec son journal
Lucien amenait son journal le Monde avec l’espoir de me faire lire certains articles qu’il jugeait à propos de m’informer. Comme toujours il était d’accord avec moi car il ne me contrariait jamais, c’était facile je n’avais aucune exigences seulement je l’intriguais dans ma façon d’être ; là, près de lui je soupirais me frottais l’oreille ;
- Je croyais que ta chère amie s’était évaporée ?
Avec un age avancé je savais qu’elle serait avec moi jusqu’au bout du chemin ! Qu’elle m’accompagnerait dans un nuage, une ombre, une vapeur, un miroir, miroir d’eau, la déchirure d’une feuille, la sexualité des fleurs.
- Tu devrais voir le docteur ! Tu frottes souvent tes oreilles, tu n’es pas sourde pourtant.
Je prends un tic, je dois faire attention, la vieillesse demande une rééducation, il faut beaucoup de courage, c’est une nouvelle vie dérangeante sans secours possible où les obstacles abondent qu’il faut franchir avec courage.
Je baratinais toute cette histoire pour ne pas lui dévoiler la visite de Julie l’empoisonneuse que j’aimais.
J’essayais de me concentrer sur mon roman, les évènements de notre terre bien aimée me perturbaient au point quelquefois de me paralyser, de me stupéfier, et là, près de Lucien le Monde dans ses mains je me penchais pour mieux voir. Je vis des images horribles, je me palpais pour me rassurer sur ma consistance physique, j’étais bien là, c’était si terrible que j’appelais violemment le secours de Manie si tendre si douce qui savait me rassurer, je frissonnais ; toutes ces émotions m’avaient donné la chair de poule, j’avais froid.
- Nous rentrons.
Je pris le bras de Lucien pour le faire rasseoir, réussis à me calmer à m’apaiser ; nous étions quatre Lucien Manie Julie et moi .Tous m’apportaient chacun à leur façon leur aide généreuse sans arithmétique sans calcul, gratis, ils étaient généreux et bons ils me suivaient dans mes petits pas que j’allongeais avec peine et, pourtant, malgré leurs difficultés à s’allonger, leur peine, leur fatigue, et même hélas leur lassitude je devais continuer grâce à leur aide.
En chemin de mon trajet lorsque je me dégourdis les jambes dans une marche salutaire disent les docteurs j’ai souvent le désir de m’arrêter à un moment n’importe, de m’appuyer où je suis contre ce qui est, pour rêver, alors je me secoue pour échapper à la magie du moment.
- Christie !
Je lui pris le journal : c’était son souhait le plus chère, son rêve aussi, enfin je réussis à lire des articles ; Lucien ne bougeait pas, il lisait avec moi des articles déjà lus qui avaient une saveur nouvelle.
- Tu lis le Monde de demain.
Nous allions rue Sainte Catherine acheter le Monde de demain ;
Après quelques articles mes pensées voyagèrent vers mon roman monsieur de Risquetou et mademoiselle Délice, je trouvai la suite que j’allais écrire.
Liliane Boyrie
06/06/2011