Lucien vient me saluer journellement muni de son journal Le Monde qu’il prend la précaution d’amener avec lui sachant que Christie aime le chaleureux silence mais là, il ne put s’empêcher de lever la tête malgré le grand intérêt d’un article.
- Un bon beefsteak frites Lucien !
. La dernière visite remontait déjà loin ! Manie avait été plus touchante encore, dans l’encadrement de la porte au fond de la pièce elle m’apparut si veille ! que ma gorge se contracte lorsque je la revois appuyée sur sa canne elle avançait à petits pas imprécis, je m’avançai vers elle pour l’aider à franchir l’espace, pour s’asseoir près de moi, sa voix douce me chuchotait des mots tendres qu’elle était seule à avoir.
Manie n’est plus ! Que Dieu ait son âme !
Assise près de Lucien qui avait repris la lecture de son article j’entends la bonne voix de Manie si douce si aimante, les larmes me montent aux yeux, après quelques battements de cils je les asséchais.
- Ma petite chérie comment vas-tu ?
Le silence qui suivait était porteur des plus beaux mots d’amour que nous eussions dans le répertoire des mots d’amour, elle les chuchotait de sa petite voix d’ailleurs, puis au bout de quelques instants
- Tu es le bonheur de ma vie, tu as des qualités de cœur qui me poussent à te voir médecin. Tu t’accroches, tu réussis Christie.
- Manie j’ai l’estomac trop sensible aux odeurs, je ne peux pas.
- Que vas-tu faire ma petite amie je prie pour toi, j’aimerais te savoir sur le chemin d’une bonne profession où tu gagnerais bien ta vie. Avec ta mère nous, nous faisons du souci ; timidement : tu écris des nouvelles ?
J’entendais ma chère Manie qui de là haut tentait de m’amener à un semblent de raison pensait-elle et je ne pus m’empêcher de m’exclamer bien haut et bien fort
- Un bon beefsteak frites !
Lucien hocha la tête reprit sa lecture.
Dans la vapeur du souvenir tout prenait une dimension surdimensionnée sa voix portait davantage ses tendres mots me donnaient la nostalgie de ces moments je m’effondrais.
- Alors ma petite fille tu veux être romancière ?
- Oui Manie.
Les mots tendres qu’elle disait pour appeler sa petite fille Christie je les savourais, j’attendais le mot nouveau celui qu’elle inventait que je savourais infiniment heureuse. Elle connaissait Manie la sensibilité de sa petite fille elle s’arrangeait pour garder le charme des mots qu’elle savait, que j’aimais et qui nous unissaient ; Nos divergences sur le monde n’ôtaient rien à tout l’amour que j’avais pour elle ; Je tentais de la rassurer
- J’aime le travail, la peine ne me fait pas peur, réussir sera ma victoire, c’est à toi Manie que je l’offrirai.
Manie me regardait émerveillée, affligée, désespérée ;
- Peux-tu m’entendre Manie !
Je lançais à Lucien et Manie
- Rien ne vaut un bon beefsteak frites !
Manie connaissait mon goût pour le beefsteak frittes. Elle préparait ses frites… : c’était un vrai régal, en y pensant je me pourlèche les babines et de là haut d’où elle me parle ma brave Manie sait-elle que je pense à elle, aux inquiétudes qu’elle avait, à son tourment, aux bienfaits qu’elle me donnait dans l’amour dans les mots simples quelle donnait et qui allaient droit à mon cœur qui allaient me suivre toute ma vie
Je me souviens de Manie assise en face de moi ses beaux yeux éclairés de ses précieux souhaits.
Je voyage avec Manie dans son espace, dans l’ancien temps ;
- Tu te souviens Manie… ?
- Mais oui ma petite fille.
Rien ne vaut un beefsteak frittes Manie !
- Lucien si nous allions au restaurant ?
- D’accord.
Liliane Boyrie 28/08/2011 .