Adrienne
Je cliquais mes yeux plusieurs fois pour enlever Adrienne qui s’était plantée devant moi, enfermée dans mes pensées j’oubliais la présence de Lucien et son habituel journal Le Monde surprise par la copine d’une année d’école primaire Adrienne.
Les pensées vagabondent, et en cet instant elles m’envoient dans ma dernière année d’école primaire
Lorsque la maîtresse interrogeait Adrienne de son regard froid j’aurais voulu me cacher sous mon bureau, nous étions mes copines (il y en avait vingt) et moi si jeunes dans cette dernière classe de primaire, nous étions figées en attente d’un évènement ce qui donnait à notre classe une atmosphère de tombeau une vision fantomatique, pas un bruit d’éternuement de toux un silence qui me glaçait jusqu’au moment où…
- Adrienne tu récites la fable Le chêne et le roseau.
Elle se levait et tous les chênes tous les roseaux étaient attentifs tant sa voix où perçait la beauté des mots, une légère malice si subtile si transparente dite avec sa voix enfantine, nous étions émerveillées par le souffle qui passait.
Je m’étirai le plus que je pus.
Adrienne ! Adrienne !
La petite fille que ses parents avaient engendrée était ravissante avec ses tresses sur la tête son regard mutin, je la revois lorsque je disais les quatre syllabes de son prénom, elle se présentait fier, elle arrivait pétillante amusée de créer une surprise chaque fois
C’était une exclamation, une joie, une acclamation à son joli nom Adrienne qu’elle portait si bien, j’entends la maîtresse demander à Sylvie.
- Qui a écrit la fable : Le chêne et le roseau Sylvie ?
- Adrienne.
- Répétez s’il vous plait ?
- Adrienne maîtresse
- Qui va me dire qui a écrit cette fable enfin ! Vous Christie.
Ce fut la plus grande trouille que j’eusse eu avec ma maîtresse, j’allais bégayer Adrienne, j’eus un frisson glacial accompagné d’un froid intense.
Jean de la Fontaine.
Liliane Boyrie 01/09/2011