05/09/2011
Elle s’étonne de ne pas arriver à trouver les mots qui pourraient l’attendrir, l’émouvoir. La reconnaissance du travail, des taches ménagères, de l’éducation des enfants, elle cherche désespérément la manière qui l’amènerait à être entendue et vue comme une femme, à être aimée comme une amante et tous ces tracas lui posent un dilemme auquel elle ne peut répondre, trop de pression autour, la routine du ménage qui est un facteur d’équilibre pour elle et où elle s’est installée détruit la séduction qu’elle tente de remédier comme elle peut ! Aujourd’hui avec ses parents elle trouve la quiétude, l’adoucissement à ses plaies. Elle a un réconfort en regardant ses parents.
- Si nous allions sur les bords de la Loire je connais un bon endroit, un restaurant où tu seras servie maman, les enfants joueront en toute sécurité c’et la détente totale.
Dans l’ambiance familiale inchangée où Agathe avec son gendre, Joseph avec son gendre, Marguerite avec son mari, les enfants avec leur père Eloi doit porter le poids de la valeur qu’on lui donne. Il doit éviter les gestes d’impatience, le geste agacé avec sa fourchette, le regard trop sévère sur les enfants, il doit éviter de prendre reprendre sa serviette, manger trop rapidement, il doit prendre l’apparence d’un homme heureux, éviter les gestes les mots qui mettraient en évidence sa lassitude l’ennui permanent qui le caractérise.
- Papa ?
- Nous t’écoutons.
- David ne veut pas me prêter sa console de jeux
Tous les yeux braqués sur Candide.
- David tu prends la parole.
- Il ne sait pas s’en servir, il brouille tout !
- Candide nous allons régler ça tous ensemble : tu veux bien nous écouter, nous sommes tous d’accord ? Tous approuvent en silence, tu laisses Candide tranquille, dans quelque temps tu en auras une : ça te convient ?
- Je veux une console de jeux papa
Eloi a envie d’exploser il se contient soupire appelle Marguerite à son secours.
- Demande à maman.
Joseph prend la parole.
- Promis Candide ton grand père t’apprendra.
- Tu ne sauras pas !
- C’est toi qui m’apprendras alors. Elle sera là dans ce coin de la pièce.
- Non papi pas là.
- Où la veux tu ! Tu serais bien avec papi et mamie.
Une, deux larmes dans son assiette
- Je ne veux pas la console ici je la veux dans ma chambre comme David.
Eloi tape du poing.
- Hou ! Hou ! Hou !
- Dans ta chambre c’est bon !
- Hou ! Hou ! Hou ! Oui papa
- Tiens : il tend un mouchoir.
Autour de la table Marguerite personnifie entourée de ses parents avec son mari ses enfants le bonheur paisible, installé. La conversation s’engage tout naturellement vers l’actualité, d’aucun engagement elle fournit la conversation là devant la table bien garnie des plats d’Agathe aux recettes personnalisées succulentes ; L’actualité dans le monde dans la région.
- Pas d’évènements graves en ces temps ci j’espère ?
Joseph se tourne vers Agathe
- Non à ma connaissance.
- Moi non plus.
- Tout ce passe à Paris.
Quelques bruits de fourchettes des verres pleins du bon vin de Bordeaux qu’ils savourent en le gargarisant dans leurs gosiers, puis ils s’informent des uns et des autres : du dernier né ! Du dernier disparu ! De la porte du cimetière enfin remplacée.
- Monsieur le curé est un gagnant : outre ses biceps il a une voix gueulante qui impressionne le maire ; les habitudes perdurent ici naissance, mariage, décès sont notre lot, la tranquillité la douce monotonie d’aucun événements nous amène à nous fréquenter, l’air ici est bon
- N’est-ce pas Agathe ?
- Oui mon ami.
Les produits sont naturels comme les gens.
- N’est-ce pas Agathe ?
- Mais oui mon ami.
Ici les réunions de famille mettent le pigment dans nos vies, les retrouvailles se savourent autour d’une table en famille nous en sommes l’exemple en ce moment.
Ici en province nous les trouvons.
- N’est ce pas Eloi !
Eloi serre sa fourchette, serre les dents articule péniblement
- Oui.
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