Notre conversation
Hector faisait son sport, il laissait le soin de mon éducation aux femmes de la maison. Choyée, abreuvée des conseils de ma chère grand-mère qui ne cessait de s’inquiéter j’entendais tous les jours de la semaine ! Tu as l’age de la réflexion maintenant pense à ton avenir, prépare toi ma petite chérie, nous désirons tant ton bonheur, que tu sois heureuse, et elle ajoutait chère Manie, comme tu l’entends bien sûr ! C’est ainsi Christie que nous nous posons des questions sur ton avenir, ta mère m’accuse de t’avoir légué à ton berceau mes étrangetés dit elle, tu te rends compte ! Nanette ma mère faisait écho elle disait tu es trop étourdie fais attention quant à tante Amandine qui adorait sa petite nièce, sa petite chérie, son amour, sa sublime, sa magnifique, aucun mots n’étaient trop beaux, elle m’étonnait avec ses propos : tu es à l’orée de ton adolescence ma chérie nous ne voulons surtout pas te contrarier, nous agissons tous pour ton bien accepte une petite remontrance même chérie si tu la trouves excessive c’est pour ton bien ; vois ! Notre désarroi ! Elle plantait son joli corps devant moi pour donner plus de poids à ses paroles.
Toutes leurs simagrées m’énervaient.
Amandine se mit à se montrer en exemple ce qui fit hérisser les cheveux de Manie.
- J’étais une enfant obéissante n’est ce pas Maman ?
- Oui. J’ai eu deux filles studieuses qui ont bien tourné. Amandine tu as la belle énergie l’envergure qu’il faut pour faire une vie normale telle que tout le monde l’entend. Tu es quelqu’un qui est bien dans sa peau, peut être trop bien. Tu pourrais en faire profiter un homme et me faire d’autres petits enfants puisque Nanette s’en tient là ! Alors elle me regarde ma bien aimée Manie me tend la main pour m’asseoir sur ses genoux (bien que je commence à être grandette) en hochant la tête, quant à toi Nanette tu as suivi les règles normales de la nature, tu t’es marié à un brave homme (- j’en convient Hector) puis, tu as fais un enfant une fille, mon regret c’est de ne pas avoir un petit fils.
-. Pourquoi un petit fils maman ?
- Je le répète continuellement, il manque un homme ici, un vrai qui mettrait de l’ordre dans cette cervelle anarchique : elle attrape Christie lui fait une cajolerie.
- J’en conviens ajoutait ma très gentille Amandine : s’adressant à Christie.
- Nous ne sommes pas toujours d’accord ! Nos points de vue divergent sur tes désirs qu’il ne faudrait pas contrarier ! D’après Manie si tu continues tu vas à la dérive, d’où son désir excessif de te cajoler, moi, petite chérie je n’ai pas cette vue pessimiste malgré de troublantes bizarreries de ta personnalité il y a une lumière dans toi qui me donne une vue plus optimiste mais fais attention n’en n’abuses pas tu pourrais en souffrir, j’ai confiance ;
Hector fronçait son front en approuvant du moins il essayait.
J’étais leur cible je prenais un air chagriné me serrais contre Manie.
Hector mon père prit la parole c’était rare qu’il en fut ainsi et là, nous étions toutes suspendues à ses lèvres
- Je vais t’inscrire à une école de sport, choisis ton sport.
Je m’attendais aux remontrances habituelles aussi je fus de suite d’accord.
- Quoi Papa ?
- Ce que tu aimes, tu as la natation le tennis la gymnastique acrobatique
Tante Amandine se transforma en arbitre.
- Trop âgée pour la gymnastique acrobatique
- Papa la natation et le tennis.
- Christie c’est trop de travail tu n’auras pas le temps, je savais que Manie caressait l’idée de me voir médecin !
Sur le ton de quelqu’un qui veut clore la conversation rapidement Hector déclara.
- Nous serons des parents vigilants, attentifs à tes progrès, ça te va Nanette ?
- Mais bien sûr mon ami, Nanette contrariait rarement Hector.
- Je choisis le tennis : j’ai mon copain Henri qui fait du tennis j’irai avec lui.
- Il faudra voir ; ce fut la conclusion de la discussion.
Devant l’intérêt croissant que suscitait mon anatomie qui se transformait et dont je n’y pouvais rien je haussais les épaules leur tournais le dos m’en allais faire mes devoirs.
Mon école primaire fut une réussite c’était mon refuge, j’avais de bonnes notes ; attendrie devant leur désarroi, leur air malheureux j’allais les cajoler ; Nanette, Hector, Amandine, Manie tous les quatre effondrés retrouvaient leurs airs de bonté. Je leur brandissais sous le nez mon carnet d’appréciassions, était écrit : cette enfant a des dons réels en dessin : 1ère
Riche de son unique petite fille ma chère Manie s’asseyait.
- Montre moi ça.
Rien ne lui échappait.
- C’est bien Christie.
J’aimais être entourée de garçons, j’avais compris qu’ils me trouvaient belle, je trônais comme une reine au milieu.
Ma chère Manie s’inquiétait sur l’avenir de sa petite fille
Je voyais leurs conciliabules, ça me déplaisait.
Manie ne pouvait pas s’empêcher de m’admirer, ses regards sévères ou tristes, tendres, bons, rieurs : c’était Manie. Je m’abreuvais de ses mots pleins d’amour, d’inquiétudes de drôleries, elle était présente dans mes chagrins, mes bonheurs, comment lui expliquer ce que je ne comprenais pas, et toujours !
Tous s’inquiétaient de Christie qui mettait le trouble dans leurs cœurs, cette enfant rebelle !
Je remuais ma tête dans plusieurs sens, essayais de récupérer mon corps, mon carnet tomba à terre, mes mains appuyées de chaque coté je me découvrais assise sur le banc, Lucien près de moi lisait son journal Le Monde, je ne l’avais pas vu arriver. Lucien fit un effort pour s’arracher de son article.
Les conversations lorsque nous étions assis sur le banc étaient restreintes, l’espace qui entourait verdoyait dans une multitude de verts tous apaisants et nous amenaient dans quelques mots dans de courtes phrases afin de ne pas détruire le chant mélodieux dans la présence de l’autre qui nous unissait, des mots simples, toujours les mêmes notre conversation, à aimer nous retrouver sur le banc.
- J’ai fait un détour dans ton atelier ; c’est du bon travail Christie, tu as terminé tes allégories ?
- C’est la dernière.
- Il faudra les exposer Christie.
- J’y pense.
J’attrapais le journal pour le feuilleter Tout était bien écrit c’était très intéressant, je pris la force de parcourir quelques articles sous le regard bienveillant de Lucien. Je soulevais ma tête pour le léger doux vent qui caressait ma figure ;
- Sens comme il est bon !
Notre conversation s’arrêta là, quelques mots seulement, par là !
Liliane Boyrie 03/10/11
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