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Mon esprit papillonait se posait sur quelques années
Mon enfance avait fait place à la jeune fille. J’avais quitté le foyer où j’étais protégée, entourée par une famille qui ne cherchait que mon bonheur, c’était un état que je ne comprenais pas. Mes années ont été sevrées par le désir de bonheur que je devais trouver pour continuer à vivre, c’était nécessaire sinon indispensable pour ma vie. C’était tellement évident que j’étais portée par cette éducation, nourrie par des femmes Nanette, Manie, Amandine qui étaient prêtes aux milles folies imaginables pour que je sillonne la route de mes années à venir pleines de bonheur, je croyais fermement, le chemin qu’elles m’avaient tracé méticuleusement pour m’éviter les écueils, les embûches fatales qui pouvaient me faire trébucher qui m’auraient fait tomber.
Je les aimais toutes les trois, c’était si vrai ! La bataille qui s’est livrée en moi lorsque je pris ma liberté me laissa des traces qui saignent encore.
J’étais près de Manie assise dans un parc non loin de la maison j’attendais. Je savais qu’elle allait raconter quelques moments de ma vie, elle savourait les instants où elle eut ses plus grandes joies me disait-elle, elle allait raconter ces moments de l’histoire de ma venue au monde ;
La nature était belle, intériorisées le présent nous échappait elle nous berçait. J’attendais les mots
- Christie devant ton petit berceau nous nous disputions déjà pour la façon de te langer.
- Nanette tu as mis au monde avec amour Christie, tu es sa Maman, ta tante Amandine a été surprise devant cette chose vagissante je te répète textuellement ses mots, elle t’a regardé longuement dans tous les sens.
- Nanette tu as fait une fille : comme si c’était un reproche ! Elle t’a pris dans ses bras puis, un moment t’a gardé, te regardait ne comprenant pas ce modèle humain en miniature. Ta grand-mère veille sur toi depuis cette étape, elle a du franchir d’autres étapes difficiles d‘accès tant Christie ta nature nous surprenait
Je reprochais à ta mère de t’emmailloter trop serrée, Hector ton père se grattait la tête, Amandine qui a le verbe haut (tu la connais, tu connais ses hardiesses) te regardait perplexe
Nanette ne savait au juste : nous ne pouvions pas savoir !
Manie, du berceau laissa échapper quelques mois pour aller dans mes premiers pas ; ma chérie je me souviens je te suivais les mains prêtes à t’attraper au cas où tu serais tombée, Manie secouait ses mains cherchait à saisir quelque chose qui lui échappait puis elle les serra dans un geste convulsif, je les regardais je les vis se calmer. Toutes tes années avec nous ont été faites de joie mêlée au grand malheur qui nous poursuit depuis que tu es partie ! Ta rayonnante vie dans tes façons exquises de nous cajoler vêtue de petites robes qui t’allaient que ta maman savait choisir de couleurs joyeuses. Je te trouvais sous la table où tu allais te cacher et où j’allais te dénicher, tu sautais de joie en m’entourant de tes petits bras, puis Christie tes sept, huit, neuf ans ont été les années où Amandine s’est emparée de toi ; Elle s’ingéniait à vouloir t’apprendre les bonnes manières, s’employait à corriger ton intrépide nature.
- Tu dois prendre de bonnes manières ma petite chérie.
Qu’est-ce que c’était les bonnes manières ? Les manières ? Les manières que je devais prendre ; j’entendais maman dire elle a attrapé la rougeole, elle a pris un rhume qui me faisait moucher abondamment de quelle manière ? Je l’interrogeais
- Qu’est-ce que c’est prendre les bonnes manières ?
- Ne pas regarder effrontément lorsqu’on te parle.
- Ta nature s’est envolée Christie plus forte qu’un océan déchaîné nous ne pouvions pas l’arrêter ! Tu es partie ma chérie faire ta vie. Dans mes prières je prie le Seigneur de t’aider à continuer honnêtement vaillamment ta vie, le chemin que nous t’avons tracé : elle se signa puis prit ma main pour me communiquer sa foi profonde en Notre Seigneur Jésus Christ.
Des appels, une mélodie lointaine m’enleva de mes rêves m’envoya dans un monde inconnu, mon corps vibra, j’étais assise sur le banc Lucien près de moi lisait son journal Le Monde, il enleva ses lunettes je compris qu’il voulait que nous parlions.
- Je pourrais lire tes histoires ?
- Nous avions chacun notre hobby qui nous prenait beaucoup de temps, j’avais exposé mes tableaux, du monde s’était déplacé, de bonnes critiques, j’avais rempli mes devoirs envers mon travail : mes tableaux, Lucien me regardait me prit par les épaules, j’aimais son contacte chaleureux il me rassurait, je pouvais continuer, je savais qu’il aimait.
Je prenais des forces en avalant la douce brise, emplissais mes poumons de cet air dont j’avais besoin pour trouver l’énergie de continuer.
- Lucien j’ai une pensée pour tous ceux qui m’ont apporté leur aide, je m’approchais plus près de lui.
Nous avions tout dit dans notre rendez-vous assis sur le banc.
Liliane Boyrie 10/10/
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