O4:/12 /2O11
Quel mystère m’empêche de vous saisir Délice voilà sept jours de la semaine passée où je m’évertue feuilles après feuilles avec mon fusain d’être avec vous de vous trouver de me réchauffer à votre éclat ! En vain ! Là : essayez de prendre votre pose préférée, soyez naturelle ; Délice vous me détruisez, mes mains me trahissent, elles hésitent, elles doutent, elles paniquent, je vis une tragédie !
Georges Eberlué les traits creusés par une angoisse qui le poursuit va de Délice à son chevalet énervé il est en perpétuel mouvement clame son incapacité à la peindre, mais pourquoi ! Délice ! Pourquoi ! Il veut rectifier sa pose, insatisfait la poitrine creusée par la souffrance il reprend son fusain
Délice devant le drame de l’artiste Georges Eberlué cherche des poses acrobatiques croyant l’aider.
- Non Délice, vous allez vous rompre le cou : attendez, soyez plus modeste, regardez, et Eberlué tel un magicien s’installe dans des poses savantes lui montre où elle doit placer ses bras ses jambes. Vous voyez ! C’est si simple ! La beauté rayonne en vous, vous êtes éblouissante, il va falloir recommencer.
Il tente de bien lui placer ses bras et ses jambes afin d'avoir la pose espérée. Vous êtes à l’aise maintenant ?
- Oui monsieur.
Eberlué reprend son fusain pâle dessine en quelques traits le beau corps de Délice, une fois terminé il lui montre.
- Comment vous voyez vous ?
- C’est très beau.
Rhabillez vous s’il vous plait à la semaine prochaine.
Délice doit retrouver Cyprien dans son bar restaurant, quelques minutes d’une marche assurée.
Dans les séances de pose qui durent quelques minutes, appliquée, patiente, docile Délice devant les affres d’Eberlué sort de son enveloppe charnelle, traumatisée son esprit s’envole laisse son magnifique corps exploser dans une outrancière beauté.
- Lorsque j’étais élève à l’école des beaux arts, j’ai peint des nus hommes et femmes, j’étais à l’aise, je croquais ces nus en quelques secondes, avec vous Délice j’ai un désarroi qui me paralyse au point de ne plus vous voir.
Elle lui échappe.
Eberlué a fait des études poussées dans l’art du nu, de tous les genres des petits des grands des gros des maigres. des dodus Décontenancé seul dans son atelier la tête entre ses mains il retrouve ses cours qu’il suivait avec assiduité, attentif aux reproches de ses professeurs, élève appliqué il se remémore le travail appris, tout est correct dans sa mémoire, les conseils de ses professeurs sur la perspective, les contrastes, il a suivi avec plaisir les cours, sûr de bien comprendre heureux des bons résultats, il a donné satisfaction a ses professeurs et s’est lancé dans la profession d’artiste peintre.
- Comment avez-vous passé votre séance de pose ? Vous êtes chanceuse Délice vous méritez d’être immortalisée, je suis convaincu (c’est mon idée) qu'Eberlué aura un avenir brillant déjà il le prouve, ’ c'est un esprit brillant, tourmenté à chercher la perfection - Comment le sentez vous ?
Lorsque je pose je disparaîs, je pars…ailleurs…je m’échappe ; Pensez-vous que les artistes soient ainsi faits ?
Cyprien doit réfléchir ; Il frappe dans ses mains
- Primate !
Que prenez-vous ?
- Un verre d’eau.
- Allons.
- Primate apporte pour Madame une orange pressée pour moi un whisky.
Dans trois enjambées Primate est derrière son comptoir revient aussi vite.
- Et vous Délice qu’en pensez-vous ?
- C’est un mystère.
- Oui un mystère… un mystère...
- Un mystère
- Je vous raccompagne.
- Primate tu prends la direction je m’absente ;
- Oui Monsieur.
Délice devant la manière d’être perçue par Eberlué est malheureuse, triste, désorientée. Elle avait pensé à une idylle amoureuse avec lui ! Charnelle, décontenancée il lui tarde de retrouver sa cousette rose.
Elle pense à Pietro à ses regards de feux.
Pourtant elle va continuer de poser, curieuse.
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