03 / 04 / 2012
- Laissez Henri je vais ouvrir.
Habituellement le maître d’hôtel raide comme la justice ouvre la porte mais devant Délice il doit faire d’immenses efforts pour retenir les compliments sur son élégance, sa classe sa naturelle beauté sans fards puis aussi le style la manière de lancer les clochetons pour s’annoncer
Il ne put se dispenser d’en parler à monsieur le comte.
- Monsieur : Mademoiselle à une façon de clocheter qui m’émerveille, j’y trouve une musique enchanteresse, d’un salue de la tête, permettez que je vous donne mon idée : c’est une artiste, seul feu mon père grand violoniste savez trouver ces sons en clochetant, chaque fois Monsieur mon cœur s’émeut. Je peux vous poser une question Monsieur ?
- Allez-y Henri.
- J’aimerais féliciter Mademoiselle pour sa manière exceptionnelle de clocheter, de me faire retrouver la beauté de cette musique dans les sons qui s’égrènent en une forme d’élan, de soupir, de joie, et aussi de mélancolie. Une simple félicitation très rapide, très raide en rapport avec mon emploi Monsieur
- Bien Henri j’accepte seulement un bref compliment.
- Merci.
La froideur du maître d’hôtel ses manières impersonnelles toujours les mêmes, fonctionnelles avaient un pouvoir néfaste sur Délice, elle en avait fait part au comte.
- Chaque fois il me glace monsieur Lorsque j’entre j’ai peine à mettre un pas devant l’autre mon estomac se noue ma respiration s’arrête je suis paralysée de tous mes organes pensants Monsieur.
- Il faut comprendre Délice, d’abord il doit être inexpressif, il est parfait c’est lui qui prend en charge la maison il a les commandes de la maison, il me porte le courrier, ouvre la porte me conseille parfois, accueille les hôtes. C’est toujours les mêmes gestes me dites-vous ?
- Oui Monsieur
- Rassurez-vous il sera…disons …plus humain !
- Maintenant je comprends son rôle.
- Entrez Délice.
Délice écarquille les yeux de surprise Le comte frappe trois petits coups avec sa canne. Entraînée par Urbain de Tourne elle passe dans le corridor puis la salle à manger style Louis X Y
- Nous allons dans le salon, vous êtes chez vous Délice. Alors…
- Je regarde si tout est en ordre comme je l’entends, là, il y a une faute de goût.
- Une faute de goût ! Vous avez une forme qui va révolutionner la maison. Ici vous êtes la patronne.
Elle déplace un objet en sort un autre
- C’est mieux n’est-ce pas ?
- Mais vous avez raison Délice, c’est beaucoup mieux !
- J’étais paniquée Monsieur maintenant je comprends l’agencement des pièces je m’habitue. Savez-vous que je me vois d’une autre façon devant la glace !
Le comte l’interroge du regard tape quelques petits coup avec sa canne pour l’apprécier.
Voilà Monsieur : ça vient de l’intérieur, tout… comment dire, Ah ! Les mots ne viennent pas ! Quel malheur ! Je suis maladroite, ignorante ! Voilà : tout mon appareil vital a changé, non, c’est mon système, pas ça non plus : ma manière d’être a changé il s’est produit une alchimie qui m’a transformé, les expressions de mon corps tout entier, aussi de mon visage se transforment j’ai de la peine à me reconnaitre, Vous avez cette impression devant moi ?
- Mais oui Délice, vous allez vous révéler, vous ne pouviez me donner un plus grand bonheur.
- Je vais faire un tour dans les pièces.
- Attendez Délice, asseyez-vous là, c’est bien, juste une petite minute. Les objets comme les mots ont besoin de se renouveler n’est-ce pas ma chère amie, c’est pourquoi je pensais que nous pourrions ensemble : vous m’écoutez ! Refaire des phrases : par exemple, vous aimez dire tout mon entier, on peut le transformer par…
- Non, non, non Urbain, moi, j’aime votre entier. .
- Moi aussi Délice j’aime votre entier mais on va le transformer par je vous aime toute entière ce qui laisse entendre : votre physique, vos pensées, votre comportement, vos façons d’être.
- C’est dur Monsieur, je réalise grâce à vous que c’est la partie de mon ensemble qui est restée intacte.
- Et pourquoi ne dirait-on pas : mon changement s’est opéré en laissant mon langage intacte !
C’est vraiment trop dur Monsieur Urbain je crois bien ne jamais y arriver ! C’est abominable !
- Je n’emploie jamais ce mot, avec vous il est si loin de vous ma chère petite amie. Ici vous entrez avec votre entier, il tape un coup avec sa canne je vous aime toute entière qu’il affirme avec plusieurs coups de canne ; Délice se tord de rire
- Et moi cher Urbain je suis toute entière attentive à vos leçons.
Plusieurs coups de canne joyeux approuvent la première leçon.
Le comte a pris place dans son bureau.
Délice toute émoustillée par sa première leçon va de pièce en pièce inspecte corrige, n’y arrivant elle appelle Henri.
- Henri s’il vous plait j’aimerais vos conseils au sujet de cette pièce elle est triste j’aimerais plus de couleurs ne trouvez-vous pas ?
- Vous pourriez en parler à monsieur le comte mademoiselle, moi je peux vous envoyer un décorateur. J’attends les ordres de Monsieur. Ici nous avons un style Louis XY on peut l’agrémenter d’un bouquet, d’un piano là dans le coin. Vous jouez du piano ?
- Non j’ai une amie qui joue de la harpe.
- Une harpe ira très bien l. Un livre sur la table, un léger désordre et aussi un ordinateur Mademoiselle éclairé par une lampe moderne.
Délice remercie Henri.
- Vous pouvez disposer.
Pour ne pas déranger Urbain elle va dans son appartement mais épuisée par sa première leçon elle s’endort