Dans tous les replis de son imagination qu’elle tentait vainement de défroisser les images se succédaient connues ou inconnues, ce qui lui faisait passer des heures assise à méditer sur ses amis. Les réponses tardaient à venir l’envoyaient vers son amie Fraise qui abandonnait sa harpe pour écouter Délice, passionnée par les interrogations que lui posait Délice, les idées plus incongrues les unes que les autres elle se pliait volontiers à toutes ses fantaisies, ce moment avec son amie Délice plein d’histoires rocambolesques l’envoyait à créer des mélodies qui mettait Délice en extase.
Elles s’étaient mises d’accord sur leur départ définitif de la maison de madame Irène. La certitude de son départ mettait Délice en épouvante, elle cherchait l’aide de son amie, et toutes deux cheminaient chacune à leur façon s’aidant l’une de l’autre et vice-versa, leurs cœurs fragiles se mettaient à l’unisson devant l’adversité.
- Fraise, tu aimes Wladimir ?
- Il est plein de délicatesses, je me suis habituée à ses vociférations trompeuses un trop- plein de fougue qui explose, il déborde d’admiration pour ma harpe : alors il dit : c’est une merveille, tes doigts, il les baise les uns après les autres font tressaillir mon cœur, tu m’ensorcèles, mon âme délire. Oui, je l’aime Délice, ma harpe, toi Délice nous formons un trio où gravitent de belles choses.
Et toi ? Le comte de Tourne accède à tous tes désirs ! Quelle chanceuse ! Il est très attirant très impressionnant avec ses yeux malicieux, canailles, voyous aussi, sa silhouette dans le harem cachée au trois-quarts par un rideau me paraissait étrange. Je me souviens être allée le trouver pour le distraire : tu imagines la pucelle du harem nue devant lui ! Son stylo dans sa main restée en suspens il écoutait avec gravité les quelques mots maladroits que je balbutiais, quelques mots de bienvenue.
Oui, ma petite chérie ne te tourmente pas, tu vas être adulée tu seras la peur, la hantise de ces dames le cauchemar de ces messieurs, leur drame devant ton inaccessibilité. Délice regarde papillote des yeux étonnée profondément par tous les tourments qui l’attendent, les tourments égrenés par son amie Fraise, elle envoie un soupir tente comme elle peut d’évacuer tous ces désastres.
- Tu penses vraiment voir mon avenir si noir ?
- Peut-être il y a du vrai ! Peut-être il y a du faux ! Il te plait !
- Oui Fraise beaucoup.
- Tu te laisses aller ! Vas, fais ton chemin, il sera brillant ! Inspirée Fraise envoie un air qui ravit Délice muette, émue, sous le charme de la musique.
- Primate tu prends la commande.
Cyprien très classe s’informe auprès de chaque personne de leur qualité : manière à lui de présenter au comte de Tourne de la Tournière les originales personnes qui fréquentent son restaurant et qui à ce jour sont très honorées d’avoir avec eux le comte de Tourne. Tous ont revêtu leurs plus beaux habits.
- Ah ! Comte Honorissime, nous sommes gravissimes devant vos ancêtres dont vous êtes le souverain représentant permettez que je fasse un signe au Seigneur : il se lève, se signe, incline la tête. Le Seigneur La Haut m’encourage dans les moments difficiles et là, près de vous mes très grands amis qui entourez la table accueillante magnifiquement parée en l’honneur du comte de Tourne, monsieur Cyprien avec ma Fraise avec Délice nos femelles : il hésite comment on dit ! Nos femmes excusez-moi. Avec votre bénédiction Seigneur je dédie cette journée à nos extraordinaires, talentueuses femmes. Comte je suis ému d’avoir devant moi un modèle de la très belle histoire de France, salutations. Permettez, le verre à la main le promenant autour de lui invitant à le suivre, permettez de donner mes vœux de bonheur et tout ce qui s’en suit à Fraise ma fiancée, à vous tous mes amis, il se signe, avale d’un trait, devant le sérieux du message tous se congratulent.
Le comte riche d’humanité, entouré d’Eberlué le peintre, de Bredouille le chercheur est dans de grandes conversations avec ses voisins de table, qui convaincra le comte de toutes les richesses que leur apporte la pratique de leur art.
Eberlué le peintre parle de ses émotions de sa fascination pour son art de sa continuelle recherche qui le pousse à avancer, à continuer ; l’attention soutenue du comte le pousse à aller au- delà vers des horizons nouveaux. Le comte très intéressé se tourne vers Bredouille le chercheur. Bien calé sur sa chaise il écoute Bredouille parler avec ferveur de sa trouvaille, le multi chignon.
- Vous expliquez monsieur Bredouille s’il vous plait ?
- Ce chignon a l’originalité de changer de forme suivant les variations de température, avec le vent, la forte chaleur les courants d’air.
- Pouvez-vous ….
- C’est une histoire chimique très compliquée monsieur le comte, je crains de mal m’expliquer, ces mots- là sont étrangers à mon vocabulaire courant, la mémoire manque parfois, je ne voudrais pas vous induire en erreurs.
- Vous êtes très fort, très fort je vous félicite.
- Merci comte.
Délice, Fraise condescendent à répondre aux timides tentatives offertes par les artistes sur leur beauté, elles papillotent des yeux étonnées, incrédules, surprises faisant semblent de ne pas comprendre les compliments qu’elles génèrent qui les envoie dans un éclat de rire.
- Dites-nous chères demoiselles ce qui vous fait tant rire ?
- C’est un secret monsieur, un secret entre nous.
- Oh ! Les vilaines, petites cachotières
Ce diner s’achève dans la bonne humeur. .
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