22/05/2012
Dans le salon contigu à l’alcôve où madame Irène gracieusement calme ses émois avec quelques messieurs de bonnes qualités, assise avec le comte de Tourne autour d’une table ciselée par un maître ciseleur dessus deux coupes de champagne le meilleur choisi sans hésitation par Cyprien la fierté de sa cave se plait-il à dire chaque fois, madame Irène suit attentivement le discours du comte.
Dans l’hôtel particulier Délice cherche une hygiène de vie.
- Pouvez-vous madame me donner quelques moments ?
- Oui Henri.
- Suivez-moi s’il vous plait.
Respectant la règle de passer devant les aïeux du comte encadrés dans des cadres dorés bien travaillés puis de traverser la grande salle de réception décorée au plafond par de grands lustres qui effraient Délice ils arrivent dans un salon.
- Regardez Madame : devant eux une belle harpe la même que celle de Fraise, il s’incline attend.
- C’est une émotion qui coince mes mots Henri excusez-moi.
- Sur l’ordre du comte Madame : je veux qu’elle soit seule avec la harpe Henri.
- Je vais aller le remercier, voulez-vous l’appeler ?
- Il est absent pour le moment
- Vous pouvez disposer Henri, merci.
Délice caresse la harpe pince quelques cordes écoute si le son convient, si l’endroit peut plaire à Fraise, une chaleur humaine, une histoire connue, la musique improvisée, les doigts élastiques, durs toutes ces émotions sont dans le cœur de Délice, elle la voit, alors elle échafaude un plan pour être avec le comte avec Fraise, avec la musique jouée si joliment.
Les pièces tristes, vides qui la traumatisaient si fortement chaque fois qu’elle les visitait, la laissaient désolée, fatiguée, lui causaient un effroi, une peur, un malaise sont maintenant sous les yeux inquiets de Délice transformées et dans chaque pas raisonnent la belle musique de Fraise, la beauté des pièces lui éclate aux yeux la joie rayonne dans son être, c’est avec impatience qu’elle attend le comte dans l’immense salle aux lustres étincelants.
Assise paisible avec les mélodies de son amie Fraise des bois elle entend le bruit de la canne battre la musique, elle se lève vivement pour saluer le comte
- Vous avez passé une bonne journée ?
- Monsieur je suis touchée de votre attention à vouloir penser mes blessures.
- Ah ! Voilà une bonne nouvelle ! Comment ça ?
- Vous avez égayé mon cœur monsieur, ennobli ma vision de votre belle maison, vous avez compris comment la beauté de l’âme apaise les douleurs, Je vous suis infiniment reconnaissante.
- Soyez plus claire, voulez-vous ?
La harpe monsieur est dans la maison apportant la richesse infinie sous les doigts de mon amie Fraise, nous aurons l’immense joie de l’entendre partout ici avec vous monsieur, je vous suis infiniment reconnaissante et c’est infiniment heureux que vous serez avec moi et je serai infiniment heureuse avec vous, c’est mon souhait le plus grand.
Le comte cache son émoi : quelques petits coups avec sa canne sur le sol, clignote des yeux, salue maladroitement tape deux autres coups plus fortement, tente avec tout son savoir de calmer ses palpitations, balbutie quelques mots, gratte sa gorge, baise les mains de Délice, l’amène vers la harpe.
Les habituels petits coups sur la porte la silhouette dégingandée du comte Délice le loquet dans la main accueille son ami.
- Conte je suis en pleine effervescence avec le déménagement, je dois choisir ? Quoi ? Pour mettre dans mon appartement, ma chambre, mon salon. Pouvez-vous m’aider ?
Le comte appuyé des deux mains sur sa canne tourne sa tête d’un quart de tour à droite d’un quart de tour à gauche et ça plusieurs fois papillote des yeux vers les tableaux, vers le miroir, vers les rideaux puis relève les sourcils devant Délice, Délice calque ses yeux sur les yeux du comte pour saisir sa pensée.
- J’aimerais bien amener mon armoire aussi !
- Délice prenez ce qu’il vous plait nous arrangerons tout chez vous. J’ai une demande à vous faire, asseyons-nous ma chère amie. J’aurais l’intention avec votre permission d’inviter monsieur Eloi de Risquetout dans notre maison. Je l’ai croisé ici ! Dans d’autres circonstances bien sûr mais en fait il m’est inconnu, j’aimerais l’associer à notre vie.
- Non, Non, monsieur, c’est mon amant, on ne peut pas l’associer à nous, vous, monsieur ne pouvez m’abaisser à vous accompagner avec monsieur de Risquetout chez vous pour des présentations qui seraient malvenues Notre histoire entre nous est du domaine privé ; Eloi a une vie, femme et enfants : c’est lourd pour lui, prisonnier d’un mal-être il cherche, le manque de clarté de ses pensées font de lui d’une certaine façon un homme attachant. Je n’ai jamais entrevu de faire ma vie avec lui vous le savez comte, je ne l’aime ni ne l’aime pas, il ne me plait ni ne plait pas, il est douloureux, souffreteux dans son cœur, et moi comte et vous le savez, vous, le fin psychologue, moi je suis blessée, tous les circuits de mon corps qui vont dans ma tête sont longs à prendre leur vrai source. .
Comprenez, je ne veux surtout pas qu’il soit dans notre cercle bien-aimé, avec vous. Il me plairait de connaître sa famille. Dans la maison d’Irène ici où nous sommes comte c’est son rôle, chez vous avec vous, rien qu’avec vous, vous : Eloi de Risquetout monsieur, non, ce n’est pas possible
- Vous m’émerveillez. Je ne me pardonne pas cette bévue, je vous demande pardon pour mon indélicatesse, pardon, pardon.
- Je vous pardonne monsieur. Je cherche le jour…demain Eloi vient à dix- sept heures soyez présent dans le salon d’été, madame Irène vous y conduira.
Comme prévu, dans le petit salon côté sud où au travers les rideaux le soleil réchauffe les murs Délice s’applique à faire quelques changements, une lampe, un tableau, un nouveau tapis sur la table dans un vase des fleurs à la senteur délicate met la dernière touche d’un doigts caresse le mur tapissé d’un tissus aux couleurs douces, reposantes, attend ses invités, elle s’assoit appelle Reinette.
- Délice tu me demandes ?
- Oui Reinette, tu as bien décoré la table, d’où tu sors ces coupes je ne les connaissais pas, elles sont toutes différentes.
- Elles sont nouvelles madame Irène les a choisies pour toi.
- J’en suis fière. Peux-tu porter le champagne mes invités vont arriver.
Le comte sort son monocle de sa poche le met devant ses yeux regarde l’heure, s’arrête prêt à sonner, monsieur de Risquetou allonge le pas pour entrer. Tous les deux sont devant la porte de la maison de passe de madame Irène ils s’inclinent se saluent.
Surpris : vous êtes monsieur de Risquetout
- C’est bien ça, vous êtes? Le comte de Tourne ?
- C’est exact.
- Enchanté de faire votre connaissance.
- Tout l’honneur est pour moi comte. Le comte tape sa canne, monsieur de Risquetou cligne des yeux
Ils hésitent, tendent le bras, les baissent.
- Après vous.
Ils appuient sur la sonnette l’un après l’autre. Reinette ouvre la porte, derrière elle madame Irène en plein épanouissement les accueille.
- Veuillez entrer messieurs.
- Madame Irène vous êtes l’étincelle qui allume la flamme dans le cœur à ces messieurs.