14/08/2012
- Je vais dans mon appartement, les déménageurs vont arriver, il faut tout renouveler, je monte pour noter ce que je garde, vous allez voir monsieur, la pièce va être transformée : de l’hyper moderne, vous verrez, ce sera un changement total. Délice toute émoustillée par son nouveau rôle le regard coquin s’amuse follement, regarde la canne s’en saisit, tape le sol énergiquement puis lui envoie des quantités de clignements d’yeux et ceci plusieurs fois, lui rend la canne, la joie dans les yeux, le gosier plein de rire.
Le comte découvre chaque jour des traits nouveaux sur la personnalité de Délice et chaque jour il la voit s’affirmer, connaissant ses malignes pensées (son trait dominant, l’acuité à voir dans leur globalité les êtres qui l’entourent) avec Délice, ici, devant lui les yeux à demi fermés une tendresse infinie s’est infiltrée chez ce vieil homme, ému, il s’amuse gentiment des fautes, des maladresses de Délice, la surveille, cherche à éviter les maladresses qui perdraient cette belle âme, l’homme blasé pousse un soupir, fatigué, de jour en jour il découvre la chance qu’il a, essaie de son mieux de faire face à Délice, doit se faire tout petit pour la voir grandir, s’épanouir.
- Vous me montrerez votre appartement Délice ça va être un rajeunissement dont nous avons tous besoin, ici, nous, nous sommes endormis dans nos habitudes ! Voyez ma chère tous les bienfaits que vous nous donnez, il prend sa main la frôle de ses lèvres. Allez chère amie, je pars faire mes ablutions puis je vais finir un travail urgent.
Le comte silhouette élégante, longue, s’éloigne, fascinée Délice le regarde.
Tout fut fait avec la rectitude du travail bien fait, bien coordonné, Délice maîtresse des lieux surveille, le cœur soulagé elle voit partir ces meubles sur lesquels elle jetait des regards dépourvus d’aménité, elle les voit partir une moue sur sa jolie bouche, le front froncé, et ceci tout le temps du déménagement. Une fois terminé elle peut mieux apprécier la pièce, elle hoche la tête visualise les meubles qu’elle a acheté sur internet et qui vont lui être livrés.
Elle va rejoindre le comte dans son bureau.
- Monsieur si vous voulez venir voir la pièce ?
- D’après ce que j’ai compris elle est vide.
- Oui ! Oui ! Elle est vide!
- Vous y tenez vraiment ?
- Vous ne l’avez jamais vu comme ça !
Le comte n’entend pas Délice, devant il a une Délice plus sûre, plus belle encore, elle entre dans une ère nouvelle.
- Oui Délice, je viens, permettez quelques petites secondes, je termine, j’arrive, je vous rejoins en haut.
La sortie du métro, passage obligé pour rejoindre le boulevard, la difficulté à prendre sa place pour aller vers sa direction, un monde transporté par la démesure, la beauté de Paris, des cris, des rires, des cartes déployées sous des regards anxieux, une jeunesse trépidante, joyeuse, insouciante, dynamique, c’est ce que Fraise et Délice voient assise à la terrasse d’un café, les deux jeunes femmes attablées à un café à l’angle de la Seine et du boulevard St Michel se confondent avec les autres. Sur le trottoir un couple attend qu’une table se libère. Les garçons leur plateau en l’air contournent les tables avec l’adresse d’un acrobate, la fumée d’une cigarette fait tourner la tête de Fraise vers Délice.
- Le vent est du mauvais côté je reçois toutes les cigarettes.
Ce sont les soldes. Elles en ont profité pour se faire plaisir, toutes heureuses elles déplient leurs habits se les passent affairées elles les admirent puis les remettent vivement dans leurs poches.
- Fraise, j’ai besoin de me confier.
- Hé-bien, confie-toi ma chérie.
- A demi- mots.
- Pourquoi ?
- il m’est impossible de faire autrement.
- Fais comme tu le sens.
- J’aimerais connaître un homme jeune, beau, intelligent, et tout et tout, enjoué ! Eloi « bien qu’il soit très respectueux » m’enlève quelque chose… Je vais te dire à demi-mots Fraise lorsque nos corps s’enlacent…Est-ce que tu me comprends ?
- Ce que tu es bête, parle simplement !
- Oui, tu as raison, je ne réponds pas à ses extases, je m’efforce, tu me comprends Fraise, je vais te dire à demi-mots ce que tu devines.
- Moi, je comprends que tu devrais aller voir un psy, lui te comprendra, tu devras lui parler franchement, non à demi-mots comme tu te plais à me dire depuis un moment. Tu divagues.
- Non je ne divague pas
- Voilà, tu t’inquiètes, pourquoi tous ces problèmes ! Tu vas avoir une cours d’admirateurs, des propositions à n’en plus finir, je crois savoir déjà que tu vas trouver ce beau jeune homme qui aura le pouvoir d’émouvoir ton splendide corps.
Fraise est pensive elle observe un couple qui se bécote, sourit, s’incline vers Délice, d’un hochement indique le couple ; Visiblement elle n’a pas envie de parler, l’atmosphère lourde, pesante transforme tout en efforts, elles regardent la rue, une scène de cinéma qui fait oublier la présence de l’autre. Fraise a pris un diabolo menthe Délice un jus d’oranges. En regardant la diversité du monde, le gosier glisse lentement le liquide avec plaisir plein d’histoires et de diabolo menthe, de jus d’oranges, savoure.
- Wladimir ?
- Justement je pense à lui. Wladimir est une force bienfaisante, je l’entends me dire : Fraise tu es ma harpe vivante, plus belle est ma harpe plus belle est ma Fraise, je vibre avec le beau corps de toi Fraise, j’expire, je trépasse dans les bras de ma Fraise bien aimée, alors il m’enlace, dans un dernier souffle « il sait bien faire » il me souffle mille mots doux, me fait des bisous, je fonds, nous ne faisons plus qu’un.
Fraise frissonne avale une belle gorgée de son diabolo, elle pose sa main sur celle de Délice, alors, il me dit simplement, prenant à témoin le monde tout entier les yeux levés vers le ciel, je jure de t’aimer ma vie entière sans trépas ma Fraise, sans trépas avec ma harpe toute entière. C’est le destin que Dieu dans sa mansuétude a bien voulu me donner, il me fait les regards implorants d’un bon chien fidèle qui demande à être aimé, je l’aime passionnément.