Jours après jours Eloi repousse de voir Délice dans sa nouvelle demeure, il est allé la visiter sans plus, un endroit clos plus clos que la maison de passe d’Irène. Il tente de trouver des explications avec Délice à son embarras : c’est une grande mélancolie qui l’entraîne vers son square, là, dans un square à Paris il va méditer, son lieu préféré où il peut réfléchir dans le calme, comprendre sa souffrance, ce malaise qui l’envoie au bord du tombeau : il retrouve les mots - Qu’avez-vous fait Délice ! Vous enfermez votre beauté dans une armure ! Mon âme se libère de ce poids lorsque vous êtes avec le comte, mes étreintes auraient un goût amer chez-vous malgré l’attention que vous y avez mis je vis une amertume, une tristesse infini en y pensant, un malheur immense pour ma Délice, il lui a expliqué son impression défavorable, là, dans ce square, un spasme lui fait tordre ses mains, il l’aime, secoue sa tête pour enlever sa pensée négative. Les paroles de Délice le touche profondément : - Je suis touchée par votre amour monsieur, infiniment malheureuse parfois. C’est ma nouvelle demeure elle est très belle, je suis surprise, elle donne cette impression, pourtant vous l’aimiez monsieur ! Quelques fois j’ai le sentiment d’être punie dans mon coin, je ne sais où je suis en fait ! Mais ce coin est paisible, agréable aussi, il m’offre toutes les possibilités du monde moderne, c’est un coin où je ne suis pas dérangée, où j’étudie, car j’étudie, j’étudie monsieur les belles lettres, la belle musique, la belle peinture, ah ! Oui c’est important je dois faire du sport ma musculature est faible, il faut apprendre à danser me dit le comte : je dois savoir danser le jour de mes fiançailles ! C’est tous ces soins la pensée du comte, embellir ma vie par des connaissances multiples alors la punition se transforme en félicité. Je dois comprendre ma vie, vous contribuez amplement à mes progrès. Nous irons chez tante Irène. Il secoue sa tête pour enlever ce spasme qui revient dans sa gorge, la vérité est cruelle, une curiosité qu’il ne s’avoue pas. Délice de nouveau réapparait plus belle encore plus souveraine devant lui, lui noue de nouveau la gorge. Il soupire tristement. Il avait Délice dans les petits coins de toutes les saisons chez Irène. Rassuré par cette pensée, il associa le coin de sa demeure avec les coins de la maison de passe d’Irène.
Avec le comte de Tourne monsieur Trialti jeune était. Monsieur Trialti jeune flanqué d’un grand corps d’où jaillissaient des muscles en tous sens, les joues creuses sur lesquelles une arcade sourcilière auréolait des yeux pétillants d’activité et sous lesquelles sa bouche s’immobilisait rarement, était un personnage curieux en couleur, il avait eu la chance d’entrer dans la vie dans une famille qui avait gagné tous ses cordons dans des cirques et ça depuis des générations, des siècles et des siècles, Ils avaient gagné leur pain en sillonnant tous les villages de France en claironnant dans un haut- parleur l’arrivée du plus grand cirque : le cirque TrÏalti, ils gonflaient leurs joues puis les dégonflaient ainsi de suite pour s’annoncer, dans la mémoire de Trialti le jeune c’était ce qu’il en savait. Le grand savoir de Trialti le jeune fut connu de bouche à oreille. Il fut étonné de sa notoriété, dans sa naïveté faite de simplicité qui est son trait le plus charmant, il s’étonnait de tous les services qu’on lui demandait. Il avait un portable qu’il manipulait habilement, entouré de son père sa mère ses frères ses sœurs ses neveux ses cousins tous réunis pour la meilleure sélection ils se mirent tous d’accord tant il y avait de choix pour rendre les services demandés par le comte de Tourne de la Tournière ; C’est ainsi qu’il eut le grand honneur d’enseigner la jonglerie au comte de Tourne
Chaque fois avant de lancer ses objets qu’il amenait avec lui il saluait le comte avant de faire son numéro.
Dans le dernier moment de son temps passé avec le comte ; il lui montra les objets de décoration sur une petite table, devant l’approbation du comte par quelques coups de canne et quelques clignements d’yeux il les saisit, les envoya fougueusement en l’air, le comte était émerveillé. C’est à ce moment que Délice entra.
Muette d’étonnement elle s’arrêta après s’être avancée de quelques pas. Le jongleur s’arrêta la salua jusqu’à terre, le comte fit taper sa canne joyeusement puis la prenant par le bras lui présenta Trialti le jeune, jongleur, manipulateur de profession ; Dans quelques mots ils se comprirent.
- Voulez-vous… ?
- Allez-y monsieur Trialti.
Devant les yeux de Délice ce fut un ballet d’objets volants, un miroitement que Délice avait peine à suivre.
Délice le salua, le remercia, le félicita et ainsi de suite, un sourire suave, de petites câlineries d’yeux que Délice sait si bien faire envoyèrent TrÏalti s’envoler dans les cieux.
Quel ne fut pas l’étonnement du comte mêlé de gêne lorsqu’il fut chez les Britte d’entendre : - Cher comte nous avons appris que vous jonglez non seulement hardiment avec les mots qui nous régalent mais aussi avec les mains ! Pouvez-vous essayer devant nous ? Prenez ces balles de Ping Pong. Son maître d’hôtel jongle avec ses gants. Henri surpris par la note de l’achat d’assiettes en fit part au comte : Rose jongle avec les assiettes qui vont se briser sur le sol, la femme de ménage jongle avec les savonnettes. Comme une trainée de poudre prête à exploser la jonglerie touche les hauts dignitaires, un moyen de se détendre. C’est une vraie épidémie dans la maison du comte de Tourne
Le comte et Délice sont pleins de ferveur pour leur art, Délice esquisse quelques pas de danse, le comte réussit malgré son corps rompu à jongler avec sa canne, puis il frappe le sol envoie d’un œil quelques clignements, ce qui ravi Délice.
- Votre avez acquis de bonnes dispositions avec votre professeur votre danse est plus précise, vous imposez votre personnalité faite d’originalité, une créativité, c’est bien, persévérez. Je suis touché de vous savoir des attirances pour l’art, nous en reparlerons dans quelque temps, il y a une voie qui va s’ouvrir, soyons-en convaincus, je suis confiant.
- Il paraitrait que j’ai un bon coup de crayon, je dessine facilement selon l’avis de mon professeur.
- Je suis curieux, pouvez-vous me montrer votre dernier dessin ?
Délice cherche dans son classeur
- Voilà.