15/02/2013
- Bonjour mademoiselle Reinette madame Irène va bien ? Un habitué célèbre dans la vie publique à l’allure fuyante au regard furtif, personnage de circonstance, bien cadré s’informe de madame Irène qui a par enchantement disparu de son parloir, figure emblématique.
Avec Cyprien son mari, Reinette sa suppléante elle fait tourner sa boite comme elle dit malicieusement tout en remontant le plus haut possible avec une respiration la plus profonde possible ses somptueux seins qui rendent béat de surprise et d’admiration le plus blasé des cerveaux humains. Hormis la visite rituelle de monsieur Eloi, « ce prénom ronronne dans sa gorge, son très cher, très, très cher ami se plait- elle à dire » qu’elle ne manquerait en aucun cas, elle s’absente.
Elle se fait remplacer par Reinette et, tous les soirs ensemble elles font les comptes. Elle passe dans une allure cavalière sort pour la journée, puis rentre, va se dévêtir d’habits trop chauds, trop encombrants, trop lourds, qu’elle va remplacer par une robe au profond décolleté d’où jaillissent telle une fontaine jaillissant, éclaboussant, l’eau bienfaisante sa triomphante poitrine qui met en émoi, surprend ces messieurs.
- Vous êtes satisfaite madame Irène de votre journée ?
- A moitié, à moitié Reinette.
Madame Irène s’est mis en tête, et ça, elle n’en démord pas de trouver le prince Sergey . Instruite sur les maisons de passe elle part contacter sur un bref rendez-vous pris avec son Smartphone les tenancières. Aujourd’hui elle a eu une entrevue qui dura la journée dans la maison du nom : Les Dames De L’étage. Déçue, car ici, personne ne connait le prince, mais finalement l’accueil de la dame, madame Egrinette a été des plus cordial, des cancaneries, des réflexions sur la pratique en hausse, sur le bon résultat des fins de journées, ce qui émoustille leur conversation ;
Derrière son parloir elle compulse son carnet. Une ombre passe, casquette rabattue, s’apprête à sortir, rebrousse chemin, d’un geste brusque renvoie sa casquette en arrière, deux yeux braqués vers l’éblouissant appendice avec des mots aux consonances mélodieuses, chaudes, graves, italiano, présente ses hommages, ses hommages les plus mérités qui peuvent exister en cette circonstance et qu’il ne peut s’empêcher de lui dire les yeux révulsés, madame Irène tressaute ses formes en guise de réponse. Un salut, il rajuste sa casquette, accompagné de Reinette, sort.
- Ils ont une générosité qui me touche Reinete ; Hors d’ici ils deviennent autre ! Elle s’était confiée à Reinette - tu vois Reinette j’aime mon travail, ici, ces messieurs se confient, je cautérise les plaies du corps, j’atténue les plaies de l’âme, tu comprends j’ai une double tâche associée au médecin, au prêtre. Les inavouables pensées, ici, elle dandine son corps aux formes majestueuses, ici, fière elle cambre son buste, ils les dévoilent, ils sont bien.
Reinette se concentre, entre temps quelqu’un sonne, elle va ouvrir, s’efface. Un personnage élégamment vêtu entre, nouveau dans la maison.
- Suivez-moi monsieur je vous présente à ma maitresse madame Irène. Dans un accueil où tous les ingrédients sont là madame Irène l’invite à la suivre ; Dans le salon particulier récemment refait à neuf où le rose bonbon garnit les murs, la table marbrée de veines rose bonbon, des tableaux évoquent l’amour, un érotisme discret pour ne pas distraire ses invités. Assis dans de confortables fauteuils un sourire discret, attentive, comme un docteur vis-à-vis de son malade elle tente de cerner l’homme qui doit s’expliquer ; - Vous êtes… monsieur ? Marcelin madame. Comme une mère avec son enfant, avec doigté, délicatesse, prudence, elle l’invite à s’exprimer, devant son silence, je dois avoir des réponses précises monsieur Marcelin – Vous connaissez la maison, Voilà une feuille où vous trouverez tous les renseignements relatifs à ma maison. Ah ! Je voulais vous dire, elle hésite, nous verrons… Vous avez belle allure monsieur Marcelin pour vos années additionnées, c’est merveilleux d’avoir une si belle conservation, n’y voyez pas d’offense surtout voyez ça comme un compliment, vous m’émouvez ! L’âme humaine me surprend, tout vient de l’âme qu’en pensez –vous ? Je pense comme vous madame les yeux fixés sur un très beau tableau accroché en face. Je ne demande qu’à venir chez vous. - Je suis régulière avec le fisc, je dois vous demander votre carte d’identité, ici tous ce que vous direz sera un secret absolu ; Ma maison est de haute volée monsieur. Monsieur Marcelin fasciné par madame Irène qui vient de se lever, penchée, apeuré par les fabuleux seins de madame Irène sent son cerveau sombrer.
- Excusez-moi monsieur Marcelin, je vais vous laisser avec mademoiselle Reinette ma suppléante, elle va vous faire visiter la maison, ravie de vous connaitre monsieur Marcelin, encore une fois toutes mes excuses, je suis débordée. Elle regarde son nouveau client s’éloigner avec Reinette puis, retourne dans son salon où resplendit une magnifique carte du monde, le nez sur la loupe, la loupe sur la carte elle cherche. Marcelin un sujet parmi les milliards de sujets dans notre globe terrestre, homme besogneux, honnête homme, sans histoires, devant le magnifique spectacle auquel il n’avait pas rêvé même dans ses rêves les plus fous est statufié. La tenace madame Irène tente de trouver dans la grande Russie la ville où serait le prince Sergey , insatisfaite elle retourne à son parloir. Le Smartphone dans la main, tracassée le pose puis le reprend, enfin se décide à appeler madame Charlotte, tenancière d’une maison au nom : Les Désirs Coquins. Le plaisir de se parler anime la conversation qu’elle doit interrompre en s’excusant.
- Vous avez un bon guide monsieur Marcelin ?
- Oui excellent madame. Je suis emballé, vraiment emballé, oui, je ne trouve rien pour expliquer mon emballement, de l’immense honneur d’être ici, la plus belle maison où les demoiselles, belles, très belles, où je n’ose madame croire moi, le pauvre homme, le pauvre gueux, Croyez à mon admiration ; La révélation tardive va transformer ma vie, soyez sûr madame que je reviendrai. Au revoir madame, mesdames.
- Il reviendra ? Reinette ?
- Non madame, il est trop impressionné.
Eh ! Bien ce soir nous allons au restaurant Cyprien, j’ai follement envie … nous verrons Reinette, tu es merveilleuse.