Histoires de Rinette
Christie était assise sur son banc, songeuse, l’air frais la faisait se serrer contre Lucien qui n’avait pas déplié son journal Le Monde et qui savourait le doux geste de Christie.
Un vase communiquant liait leurs pensées et faisait garder le silence, se comprenant assis là, sur le banc. Lucien décida de rompre le silence par des mots vers ce qu’il savait, qui était.
- Aurais-tu eu des nouvelles de Rinette ?
- Dernièrement elle a réapparu
- Elle t’a parlé ?
- Oui Lucien elle m’a raconté quelques bizarreries qui lui seraient arrivées, elle me surprend, elle passe, dans le temps.
Christie s’était écartée de Lucien qui écoutait l’histoire de Rinette.
Rinette avait une maman comme nous tous, elle connaissait sa diabolique petite fille.
Lucien suivait avec une attention soutenue Christie qu’il encourageait en arrêtant de respirer. Il avait baissé ses lunettes pour mieux entendre, mieux saisir l’histoire de Rinette.
Eh ! Bien dit elle, je contrefaisais les infirmités qui atteignent les malheureuses personnes qui en sont atteintes, les tics entre autres, j’étais une enfant tu comprends bien, la raison et la sagesse l’ont empoté depuis !
Des pulsions me poussaient : je t’explique. Si je me trouvais derrière un malheureux qui se contorsionnait pour marcher comment te dire Christie, je m’infiltrais dans sa peau comme une voleuse je le contrefaisais. Maman me surveillait, elle connaissait sa petite fille elle savait aussi que je maîtrisais la chose pour éviter les esclandres, elle m’avait surpris en train de faire devant la glace les tics d’une personne qui était installée en face de nous dans le téléphérique où nous étions assis mes parents et moi.
- Christie ma chérie tu m’aimes ton amabilité à m’écouter m’envoie vers un moment de ma vie qu’aucun spectacle qui m’ait été donné par la grâce de Dieu, offert par les meilleures troupes les meilleurs acteurs où devant une telle perfection mon cœur s’arrêtait, aucun Christie n’a égalé le jour où ma sœur ma mère et moi nous avons mangé sur la belle table de tante Léa
J’avais une grand tante du genre de l’époque, une jupe noire froncée longue jusqu’aux chevilles sa casaque ajustée par de petites boutons tout le long moulait son buste. C’était ma grand tante qui m’a valu de la part de ma mère les yeux les plus courroucés que l’on peut voir dans les yeux aimants d’une mère.
J’étais envoyée par je ne sais Qui à contrefaire ses pas hésitants qu’elle aidait d’une canne, ma mère me fusillait du regard m’arrêtait net.
Christie chérie je te raconte.
Une maison coquette devant un morceau de terre où des fleurs aux couleurs joyeuses vous accueille, ce jour nous étions invité ma mère ma sœur et moi chez la tante Léa.
Dans sa salle à manger où dans un évier en pierre rustique trônait une burette, c’est un petit récipient avec un manche long creux tu mets de l’eau à l’intérieur avec tu arroses le sol pour éviter de faire voler la poussière ; j’avais pisté la burette et avec l’autorisation de ma tante Léa je m’amusais à dessiner sur le sol des arabesques. J’aimais le coté rustique de la pièce, modeste, j’étais si bien que je dormais comme un bébé chez elle.
Nous étions autour de la grande table qui prenait le tiers de la pièce, une grande, belle table en chêne qu’il te serait impossible de déplacer massive lourde qui prenait un air d’austérité dans cette pièce rustique, authentique.
Christie ma chère, j’avais ma grand tante en face de moi maman à sa droite ma sœur à gauche de la tante Léa. Les mots se comptaient il n’y en avait pas. Le climat de ce repas où la gravité et l’austérité faisaient parti du menu, dans une ambiance explosive tant ma mère me regardait avec une telle sévérité que j’en frissonne encore. Figure toi ma chère tante Léa n’avait plus de dents ! Quand elle mangeait sa bouche s’enfonçait dans son palais c’était une grimace si fantastique si inhabituelle pour moi que j’étais fascinée ; crut-elle ma chère tante me prendre en faute car elle me regardait. Mitraillée par les yeux de ma mère je baissais les yeux.
Je les revois toutes les deux je leur envoie tant d’amour et de remerciements pour avoir compris le gentil petit diablotin sans malice que j’étais, de l’avoir aimé.
C’est l’histoire de ma tante Léa.
Le vent se levait je devais me protéger comme je pouvais de la douce brise qui envoyait mes cheveux dans tous les sens, j’essayais de les retenir mais en vain ;
- Et ton amie Julie ?
- Je la crois avec moi.
- C’est bien.
Liliane 18/07/2011