Conversation
deux
Elle pointait son doigt vers moi.
Je terminais ma dernière couche, j’avais aperçu Lucien en train de lire son journal Le Monde sur le banc, il m’attendait.
J’effleurai de mon pinceau mon tableau éprouvant le plaisir d’un travail accompli, je nettoyai mes pinceaux, scrutai d’un œil exigeant, soucieuse de ma peinture avant de rejoindre Lucien ;
J’attrapai mon carnet.
- Comment va ma Christie aujourd’hui ?
Il se leva pour me saluer, le temps s’y prêtait nous invitait à nous asseoir, nous envoyait chacun dans nos pensées, nos désirs préférés. Il s’informa de ma peinture de mon carnet chercha des explications sur l’importance du carnet.
- Je retrouve l’enfant de mes années, lointaines ! Si lointaines ! J’avalai l’air avec délice invitai Lucien à s’emplir les poumons. Le vent faisait voler nos pages, nous arrêtons nos pensées et ceci dura longtemps, la vie simplement nous la prenons, silencieux tous les deux.
Soudain j’eus un choc.
J’envoyais les cris les plus puissants que mon gosier pouvait faire. Manie s’approchait de moi pointait son doigt vers moi, son front plissé ses yeux lançaient des colères , je m’arrêtais net la bouche en chemin d’être fermée, le cri s’étrangla, ma figure était barbouillée de larmes, je tentais de renifler car mon nez envoyait autant que mes yeux.
Son doigt, un regard terrible, Manie approchait !
- Pourquoi Christie ce bruit infernal ?
Mes parents m’avaient donné l’ordre de ranger mes jouets, le ton montait devant mon incapacité d’obéir, les voix successivement de mon père de ma mère avaient déclanché une résistance.
Je me souviens du cri monumental que j’envoyais, l’ordre implacable déclancha un ouragan de cris qui envoyaient d’un mur à l’autre un écho, et qui emplissaient la pièce se répercutant dans les oreilles, je criais de plus belle lorsque Manie entra.
Le doigt pointé qui bougeait dans tous les sens, devant Manie honteuse j’avalais dans un dernier hoquet mes larmes ; Elle attrapa un gant de toilette nettoya tout ce qui sortait de mes yeux de mon nez, je reniflais mes larmes, la bouche affaissée les yeux noyés mi-clos je tendais ma tête à Manie, levais ma tête vers elle dans des hoquets cherchais du secours ;
J’écoutais ses remontrances hoquetais des oui en reniflant.
Mon père avait disparu, ma mère s’approcha, expliqua brièvement la raison de ces cris.
Manie avait un charme qui me donnait envie de me blottir dans ses bras, sa sévérité, les remontrances, les leçons qu’elle s’appliquait à me donner n’étaient pas une trahison, quoiqu’elle eut fait je n’aurais eu envie de lui résister, sa bonté transcendait son être, je l’aimais. Les soucis qu’elle se faisait… ! Elle savait avec sa douce autorité, elle savait m’expliquer.
- Tu es insupportable ! Avec Maman, Papa
Elle nettoyait si doucement mon visage que je me surpris à dire
- Oui Manie.
Liliane Boyrie 13/09/2011
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