27/07/2012
Le comte dans son bureau regarde ses revues, ses journaux, ouvre ses carnets en quête d’un article qui parut récemment sur un journal et qu’il a découpé, mais devant le désordre qu’il y a sur son bureau, maugréait, tâche de mettre un peu d’ordre en éliminant les revues inutiles. Il est pris d’un vif mécontentement, hésite, hausse les épaules. Il aimerait relire cette critique qui n’était pas en la faveur de son dernier livre : Histoire de Rien. Mais il est préoccupé par ses futures fiançailles, regarde quelques invitations que son secrétaire lui a présenté, quelques noms lui échappent, le front froncé il cherche de nouveau l’article sur son dernier livre, après avoir fouillé partout le trouve enfin. La feuille dans sa main qu’il secoue façon d’affirmer son désir d’y répondre. Voilà plusieurs jours qu’il repousse ces bonnes intentions au lendemain. Distrait il tapote à nouveau ses invitations le regard sur sa pendule, une horloge Comtoise qu’il aime regarder tant elle lui rappelle de souvenirs il aime entendre le son cristallin des heures sonnées et en cet instant elle sonne l’heure où Délice doit rejoindre le comte pour le petit déjeuner, il attrape sa canne pour se lever, va tirer le cordon.
- Monsieur ?
- Tu annonces à madame Délice que je l’attends.
- Oui, Monsieur.
Délice a dormi dans un lit à baldaquin, autour d’elle des meubles des accessoires de toilette d’époques lointaines elle va dans la pièce un doigt prêt à caresser un meuble, elle passe puis s’arrête devant une glace posée là comme un objet embarrassant qu’on ne sait pas où mettre. Elle hésite à comprendre ce beau corps qu’elle a devant elle, elle doit se ressaisir pour se voir. Elle glisse ses mains sur ses seins fermes et tendues puis sur son ventre doux elle découvre ses hanches pleines, se regarde de profil voit le beau galbe de son corps, la courbe de son dos, se tourne pour se voir de profil recule pour voir ses jambes, longues et finement musclées. Elle jette un regard autour d’elle puis revient au miroir avance la main lorsque quelqu’un frappe à la porte.
- Madame, Monsieur m’envoie vous prévenir que le déjeuner est prêt.
- Merci Henri. J’arrive de suite.
En toute hâte elle s’habille, laisse aller ses cheveux secoue sa tête, prête à ouvrir la porte elle court vers le miroir, descend à toute hâte les quelques marches. Le comte s’avance lui présente ses hommages du matin l’amène vers la table, l’invite à s’asseoir.
- Avez-vous bien dormi monsieur ?
- J’ai pensé à vous toute la nuit. Le changement n’a pas été trop brutal j’espère ! Les ancêtres ne vous ont pas dérangé pendant votre sommeil !
- Oh ! Non monsieur j’ai parfaitement bien dormi.
- Pour moi s’il en fut autrement depuis bien longtemps ! Cette nuit- là fut éclairée par vous Délice, en ce moment je suis tout simplement avec vous ma très chère le plus heureux des hommes, l’exceptionnel cadeau que vous me faites de partager mon petit déjeuner, il tape de légers coups avec sa canne qu’il accompagne de plusieurs clignements d’yeux : ces étrangetés font pouffer de rire Délice. Pleine d’appétit elle respire la bonne odeur du café toute réjouie devant le régal qui l’attend.
Le comte calé sur son siège regarde émerveillé, il lui prend la main.
- Servez-vous mon amie. Rien ne peut égaler d’être avec vous pour prendre le petit déjeuner
- Moi de même monsieur.
Ils goûtent les petits pains en silence tout au plaisir d’être ensemble.
- Nous devons féliciter Rose, Elle est précieuse, je la laisse faire, le vieux garçon que j’étais s’en contentait, mais vous Délice, faites- lui part de vos désirs elle aura un grand plaisir à vous satisfaire.
- Moi monsieur j’ai une grande facilité d’adaptation, chez Irène ce me fut facile ! Je n’avais rien à faire ! Pourquoi devrais-je m’inquiéter ! Comment le pourrais-je ! Alors que je suis tendrement entourée.
- Je suis inquiet Délice !
- Ah ! Oui !
- Nous allons devoir travailler plusieurs points. Savez-vous danser, c’est très important. Nous allons avoir des invités de marques, le prince Alexis Petrovitch, un très bel homme, jeune, il tient un magasin dans une avenue très chic de Paris, le duc de Pierrefout, des artistes, des hôtes hors du commun, il faut vous préparer Délice, vous avez des capacités extraordinaires.
- Non monsieur, j’ai une maladie.
- Vous ! Il saisit sa main s’éloigne pour mieux la voir, vous sublimez mes sens, si rayonnante, si éclatante ! Comment le croire ! Quelle est cette maladie ? Quel est son nom ?
- Maladie monsieur.
Le comte ahuri par la révélation de sa grande amie, catastrophé envoie sa canne dans tous les sens.
- Vous progressez monsieur.
- Vous m’égarez, je vous demande de m’excuser mais, exprimez-vous clairement.
- C’est indéfini : voyez, c’est une sorte d’apathie, une mélancolie perverse, une langueur. La médecine c’est penchée sur mon cas monsieur elle m’a guéri. Pourtant je la sens insidieuse, sournoise, elle est là avec moi prête à m’attraper, je dois surveiller, j’ai des fatigues inattendues, je dois ralentir alors je suis ailleurs, distante devant la vie. C’est sa façon « je parle de ma maladie » de m’avoir transformée en cette belle femme comme si elle se moquait, me provoquait, elle me guette prête à bondir, elle est en moi monsieur !
- Non. Vous allez apprendre à danser, on tire la langue à la maladie ! Vous allez prendre des cours de danse, nous trouverons sur les moteurs de recherches des adresses.
- Vous allez sur l’ordinateur ?
- Un petit tour avec sa canne, mais oui, j’avais oublié de vous en parler, je ne suis pas un as, mais je m’en sors bien.
Une ère nouvelle est entrée dans la maison du comte Urbain de Tourne de la Tournière.
- Venez ma petite amie.
- Attendez, je demande à Fraise avant, je préfère, elle a le sens de la musique donc de la danse, elle saura me trouver un bon professeur, je lui fais confiance.
- C’est comme vous voulez.
- Je dois la retrouver chez sa tante, cette après-midi nous sortons, ce soir je suis avec vous.
- Entendue.
- Je reste pour le repas de midi. Avez-vous fait le nécessaire pour ma chambre ?
- Les déménageurs doivent livrer votre chambre dans deux jours.
- Les meubles antiques sont bien beaux mais je préfère le moderne.